1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

« Et il se mit ensuite à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne,
l'afferma à des vignerons, et quitta pour longtemps le pays. Au temps de la récolte, il
envoya un serviteur vers les vignerons, pour qu'ils lui donnassent une part du produit de
la vigne. Les vignerons le battirent, et le renvoyèrent à vide. Il envoya de nouveau un
autre serviteur ; ils le battirent, l'outragèrent, et le renvoyèrent à vide. Il en envoya encore
un troisième ; ils le blessèrent, et le chassèrent. Le Maître de la vigne dit : Que ferai-je ?
J'enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être auront-ils pour lui du respect. Mais, quand les
vignerons le virent, ils raisonnèrent entre eux, et dirent : voici l'héritier ; tuons-le, afin que
l'héritage soit à nous. Et ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
[...] Jésus, les regardant en face, leur dit : Que signifie donc ce texte de l’Ecriture (
Psaumes 118 - 22 ) : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la
pierre angulaire ? Tout homme qui tombe sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle
tombera, elle l’écrasera. » ( Luc 20 : 9)
De la même manière, il dit que suite à la litanie historique des meurtres du « tous contre
un », le temps est venue avec lui du dévoilement du meurtre du « bouc émissaire » au sens
moderne du terme :
« C’est pourquoi j’envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes. Vous en
tuerez et mettrez en croix, vous en flagellerez dans vos synagogues et vous les
pourchasserez de ville en ville, pour que retombe sur vous le sang des justes répandu
sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie que vous avez
assassiné entre le sanctuaire et l’autel. En vérité, je vous le déclare, tout cela va
retomber sur cette génération (Matthieu 23 – 34).
Le « retomber sur » a pour le Christ un sens, quasi psychanalytique, opposé au sens
magique traditionnel. Nous avons vu que Moïse avait pris le sang des taureaux sacrifiés pour
en asperger le peuple (Exode 24,8) et que le sang versé du sacrifice à toujours une valeur
magique et protectrice dans l’horizon ancien. A Pilate qui leur dit qu’il est innocent du sang
de ce juste, le peuple répond : « que son sang retombe sur nous et sur nos enfants »
Caïphe ne dit-il pas : « il est de notre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que
la nation entière ne périsse pas ” (Jean 11- 50). Pour le Christ, c’est le contraire, le sacrificiel
était historiquement fini (même s’il n’a pas encore fini de nos jours de se perpétuer).
Comme il était, lui, cette « Pierre » où l’ordre social sacrificiel juif viendrait se briser, il
prophétisait sa destruction ; non que ce soit les anges vengeurs de Dieu qui seront
responsables de cette destruction (ce que dira, hélas, l’Apocalypse de saint Jean) mais
parce que sa propre négativité se retournera sur lui (« Satan chasse Satan »). La prophétie
de la destruction du Temple, lieu par excellence du sacrifice, correspond symboliquement à
cette destruction du sacrificiel et chez saint Paul, il n’y a de temple que le corps en voie de
divinisation (corps de résurrection). Ce n’est que plus tard que les églises, nouveaux temples
du nouvel Israël que sont devenus les chrétiens, retrouveront le sempiternel autel de
sacrifice, celui-là saint, unique et définitif. « Chassez le naturel, il revient au galop » dit le
proverbe et au lieu de concevoir cette sortie, en toute généralité, du sacrificiel impliquant que
le « royaume du Père s’est approché », la chrétienté a projeté et s’est déchargée sur le
peuple juif déicide de cette négativité fondamentale sacrificielle malgré une des paroles du
Christ, on ne peut plus claire (Matthieu 23 - 29):
« Malheur à nous, scribes et pharisiens hypocrites, vous qui bâtissez les sépulcres des
prophètes (et du Christ) et décorez les tombeaux des justes, et vous dites : « si nous
avions vécu du temps de nos pères (les juifs), nous n’aurions pas été leurs complices
pour verser le sang des prophètes (et du Christ). Ainsi vous témoignez contre vousmêmes
: vous êtes les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes (et le Christ) ».
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