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1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

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<strong>«</strong> Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Et moi je <strong>vous</strong> dit de ne<br />

pas rendre coup pour coup au méchant. Au contraire, si <strong>que</strong>lqu’un te gifle sur la joue<br />

droite, tens-lui aussi l’autre. A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tuni<strong>que</strong>,<br />

laisse aussi ton manteau … afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux,<br />

car il fait lever <strong>son</strong> soleil sur les méchants <strong>et</strong> les bons, <strong>et</strong> tomber la pluie sur les justes <strong>et</strong><br />

les injustes » (Matthieu 5 : 38).<br />

A l’opposé des <strong>par</strong>ole du <strong>Christ</strong>, l’Ancien Testament ne rej<strong>et</strong>te pas radicalement le sang<br />

versé, avec la loi du talion, d’un coté <strong>et</strong> avec le sacrificiel, de l’autre. Si Dieu n’est pas<br />

vengeur <strong>et</strong> s’il est <strong>«</strong> bon pour les ingrats <strong>et</strong> les méchants » (Luc 6 : 35), l’Adversaire (Satan)<br />

se détache totalement de Dieu <strong>et</strong> devient l’accusateur public qui accuse injustement les<br />

innocents. Comme le dit René Girard, Satan est, pour le <strong>Christ</strong>, doublement meurtrier :<br />

meurtrier du prochain comme l’avait bien vu l’Ancien Testament mais meurtrier aussi du<br />

<strong>«</strong> sacrifié » , soi-disant <strong>«</strong> remède» pour apaiser la colère de Dieu, cause des déboires du<br />

groupe social. La loi morale qui s’oppose à la rivalité meurtrière s’associe à la loi sociale<br />

pour qui l’individu est source du désordre. En cela, <strong>«</strong> Yavhé » est une divinité fusionnant la<br />

figure du maître (loi sociale) <strong>et</strong> la figure du Père (la loi morale). Mais si l’ordre social luttant<br />

contre le désordre dû à l’individu asocial est en soi positif, il possède néanmoins un aspect<br />

négatif d’acharnement contre l’individu. Or la configuration psychi<strong>que</strong> du suj<strong>et</strong> humain de<br />

l’antiquité est un être encore amplement collectif <strong>et</strong> comme l’écrivait CG Jung dans <strong>son</strong> livre<br />

les Types psychologi<strong>que</strong>s <strong>«</strong> la psyché collective hait avec la même ardeur tout<br />

développement individuel sans utilité immédiate pour des fins collectives ” (p. 83). En fait, le<br />

sacrificiel, omniprésent dans l’horizon primitif, exprime c<strong>et</strong>te réalité psychi<strong>que</strong> collective du<br />

suj<strong>et</strong> archaï<strong>que</strong> <strong>et</strong> c’est pour cela <strong>que</strong> le processus de prise en compte de la per<strong>son</strong>ne sera<br />

une sortie du <strong>«</strong> sacrificiel ». Comment peut-on avoir l’Amour du faible <strong>et</strong> de l’exclu <strong>et</strong> le<br />

<strong>«</strong> souci des victimes » si celles-ci souffrent à cause de leurs péchés <strong>et</strong> reçoivent en souffrant<br />

leur légitime punition. Mais, on l’a déjà écrit, pour le <strong>Christ</strong>, le malheur est le fait du méchant<br />

qui fait du mal à autrui <strong>et</strong> si des innocents <strong>son</strong>t condamnés, c’est <strong>que</strong> l’ordre collectif a aussi<br />

un aspect négatif. S’il arrive <strong>que</strong> les méchants soient mis en souffrance, c’est <strong>que</strong>, <strong>«</strong> tombant<br />

sur un os », leur méchanc<strong>et</strong>é se r<strong>et</strong>ourne contre eux tel le scorpion qui se pi<strong>que</strong> ou le<br />

serpent qui s’auto-dévore. Judas, le traître <strong>et</strong> le méchant <strong>par</strong> excellence, se suicide <strong>et</strong> n’est<br />

en rien terrassé <strong>par</strong> la vengeance divine. Face aux dix-huit per<strong>son</strong>nes écrasées <strong>par</strong><br />

l’effondrement de la tour de Siloé, le <strong>Christ</strong> dit qu’elles ne <strong>son</strong>t pas coupables mais il ajoute<br />

qu’il faut se convertir pour de pas périr comme elles. C’est <strong>par</strong>ce <strong>que</strong> nous nous situons du<br />

coté du mal <strong>que</strong> nous générons le malheur d’autrui, voire le nôtre <strong>par</strong> r<strong>et</strong>our du boomerang.<br />

Le <strong>Christ</strong> nous propose de nous libérer du mal <strong>et</strong>, nouveauté, ce qui était jusqu’alors légitime<br />

justice punitive de Dieu devient une nouvelle négativité diaboli<strong>que</strong> condamnant des<br />

innocents. C’est en cela <strong>que</strong> la nouveauté christi<strong>que</strong> au regard de l’Ancien Testament est<br />

une subversion du sacrificiel <strong>et</strong> non pas un sacrificiel plus <strong>par</strong>fait <strong>et</strong> définitif comme l’a<br />

compris, hélas, la plu<strong>par</strong>t du temps la chrétienté. Notre thèse veut <strong>que</strong> les rédacteurs des<br />

évangiles ont r<strong>et</strong>ranscrit les dires du <strong>Christ</strong> qui <strong>son</strong>t fondamentalement anti-sacrificiels au<br />

même moment où ils comprenaient sa passion de manière sacrificielle au regard du <strong>«</strong> juste<br />

souffrant » du second Isaïe. On peut le voir avec la reprise du Psaumes 118 qui, chez le<br />

<strong>Christ</strong> est subverti de sacrificiel en anti-sacrificiel alors qu’il est repris de manière sacrificielle<br />

dans les Actes des Apôtres (4 : 11). La <strong>«</strong> pierre qu’ont rej<strong>et</strong>ée ceux qui bâtissent » est une<br />

<strong>«</strong> pierre d’achoppement » sur la<strong>que</strong>lle va se cogner <strong>et</strong> faire r<strong>et</strong>our en s’auto-détruisant la<br />

méchanc<strong>et</strong>é de ceux qui focalisent leur haine commune contre le <strong>«</strong> bouc émissaire ». La<br />

signification anti-sacrificielle de ce terme correspond à la signification moderne <strong>que</strong> nous<br />

donnons au <strong>«</strong> bouc émissaire ». La signification sacrificielle est, elle, archaï<strong>que</strong> car elle fait<br />

du <strong>«</strong> bouc émissaire », un <strong>«</strong> remède » qui apaise la colère de Dieu, justifie <strong>et</strong> sauve le<br />

groupe social en lui perm<strong>et</strong>tant de revenir en grâce auprès de lui <strong>et</strong> de bénéficier à nouveau<br />

de ses bienfaits. Chez le <strong>Christ</strong>, la <strong>«</strong> pierre qu’ont rej<strong>et</strong>ée ceux qui bâtissent » symbolise la<br />

projection du <strong>«</strong> bouc émissaire » qui <strong>«</strong> tombe sur un os » <strong>et</strong> qui fait ainsi r<strong>et</strong>our dévastateur<br />

chez le suj<strong>et</strong> qui r<strong>et</strong>ourne contre lui c<strong>et</strong>te projection haineuse :<br />

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