AUGMENTER LA RÉCUPÉRATION - Total.com
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ExpLORATION & pROduCTION<br />
collection SAVOIR-FAIRE<br />
EOR<br />
augmeNter<br />
la récupératioN
. sommaire<br />
eor<br />
augmenter<br />
la récupération<br />
sss<br />
Page 3 avant-propos<br />
Page 4 Contexte<br />
L’augmentation des taux de récupération des huiles<br />
conventionnelles sera, demain, déterminante pour<br />
<strong>com</strong>penser le déclin inéluctable des champs.<br />
Page 6 enjeux<br />
En lançant un projet de Recherche et des actions<br />
de Développement dédiés, <strong>Total</strong> veut <strong>com</strong>pter parmi<br />
les acteurs qui relèveront avec succès le défi de l’EOR.<br />
Page 8 expertise<br />
Injection de produits chimiques, de CO2, de vapeur<br />
ou encore d’eau à salinité maîtrisée : les possibilités<br />
techniques sont nombreuses pour couvrir l’éventail<br />
des gisements cibles et, des études les plus<br />
fondamentales aux pilotes les plus audacieux,<br />
tous les métiers sont mobilisés.<br />
P. 10 Des années de production additionnelle<br />
P. 12 Les promesses de la voie chimique<br />
P. 18 Des laboratoires intégrés<br />
P. 20 Le dioxyde de carbone à l’étude<br />
P. 24 un vaste champ des possibles<br />
Page 26 groupe<br />
<strong>Total</strong> dans le monde en 2008<br />
Le parc national Big Bend, au Texas.
. avant-propos<br />
Prolonger la durée<br />
DE VIE DEs rEssourcEs<br />
D’hyDrocarburEs<br />
L’Exploration & Production de <strong>Total</strong><br />
repousse continuellement les frontières<br />
de la production pétrolière et gazière.<br />
C’est dans l’intégration <strong>com</strong>plète<br />
de tous ses métiers que le Groupe<br />
puise la force d’innovation qui lui vaut<br />
d’être pionnier dans les domaines<br />
stratégiques d’avenir.<br />
Huiles extra-lourdes, offshore ultraprofond,<br />
gaz acides, hydrocarbures très<br />
profondément enfouis à haute pression<br />
et haute température, parfois dans<br />
des tight sands <strong>com</strong>plexes à produire,<br />
l’Exploration & Production de <strong>Total</strong> est<br />
présente sur tous les grands challenges<br />
technologiques. En parallèle, elle crée<br />
les outils et les méthodes qui lui<br />
permettent d’accéder aux réserves<br />
« L’innovation est le levier<br />
majeur de la croissance<br />
durable de nos productions. »<br />
ultimes des champs conventionnels.<br />
S’appuyant sur les synergies avec<br />
les autres branches du Groupe dans<br />
les domaines du gaz et de l’électricité,<br />
du raffinage et du marketing ou encore<br />
de la pétrochimie, ses solutions<br />
technologiques s’intègrent dans toute<br />
la chaîne de valeur, de la production<br />
aux produits finis ou aux marchés.
100<br />
80<br />
60<br />
04<br />
EOR<br />
s<br />
Estimation de l’évolution de l’écart<br />
entre demande et production d’huile.<br />
Millions de barils par jour<br />
Hausse de<br />
production<br />
nécessaire<br />
40<br />
Estimation de la croissance<br />
de la demande (~ 1,1 %/an)<br />
20<br />
Déclin des champs en<br />
production (~ 5 %/an)<br />
0<br />
2000 2005 2010 2015 2020<br />
Source : <strong>Total</strong><br />
//. contexte<br />
Une voie<br />
technologiqUe<br />
incontournable<br />
sss<br />
L’augmentation des taux de récupération des huiles<br />
conventionnelles sera, demain, déterminante<br />
pour <strong>com</strong>penser le déclin inéluctable des champs<br />
et répondre à la demande mondiale d’hydrocarbures.<br />
L’amélioration des taux de récupération des hydrocarbures conventionnels<br />
est un impératif pour soutenir la production mondiale, et l’EOR (Enhanced<br />
Oil Recovery) est l’un des principaux moyens. L’enjeu est de taille. Sur fond<br />
de peak oil, et alors qu’un nombre croissant de champs des <strong>com</strong>pagnies<br />
pétrolières vient à maturité et que les cibles classiques de l’exploration<br />
se raréfient, le socle de la production d’huile conventionnelle décroît selon<br />
une pente annuelle d’environ 5 %. À l’inverse, dans un contexte de croissance<br />
de l’économie mondiale sur le moyen terme, la demande augmente de<br />
quelque 1 à 1,5 % par an. Combler l’écart entre ces deux courbes divergentes<br />
passera bien sûr par les futures découvertes d’une exploration désormais<br />
frontière et par l’exploitation rentable et à grande échelle de ressources<br />
non conventionnelles grâce à de nouveaux développements technologiques.<br />
Toutefois, l’essentiel des réserves d’huile conventionnelle est aujourd’hui<br />
confiné dans des champs découverts il y a déjà vingt-cinq ans et plus.<br />
Parvenir à extraire une part significative de cette huile résiduelle,<br />
qui résiste aux méthodes classiques de récupération, est donc un défi<br />
déterminant pour l’avenir énergétique de la planète. Aujourd’hui, la moyenne<br />
des taux de récupération, de l’ordre de 32 %, permet d’estimer<br />
à 1 000 milliards de barils (Gb) le volume des réserves mondiales prouvées,<br />
soit l’équivalent de ce qui a déjà été produit. Améliorer cette performance<br />
de cinq points ouvrirait l’accès à 300 Gb de réserves additionnelles,<br />
soit un volume équivalent à celui ouvert par l’exploration.<br />
Mais quels que soient les produits ou les procédés mis en œuvre,<br />
les technologies EOR sont chères. Repousser les limites de la récupération<br />
en agissant sur l’efficacité des écoulements à l’échelle macroscopique et<br />
microscopique impacte les coûts techniques et nécessite parfois un prix<br />
du baril élevé pour être rentable. Néanmoins, parce que leur mise en œuvre<br />
sera incontournable demain, <strong>Total</strong> fait dès aujourd’hui de ces technologies<br />
un axe prioritaire de sa stratégie de Recherche & Développement.<br />
Bergen, Norvège.
06<br />
Eor<br />
s<br />
Des collaborations<br />
internationales<br />
tous azimuts<br />
De l’architecture EOR aux<br />
recherches les plus fondamentales<br />
sur les mécanismes de la<br />
récupération, la R&D de <strong>Total</strong><br />
s’appuie sur un réseau mondial<br />
de collaborations : en EOR<br />
chimique, avec entre autres<br />
l’École supérieure de physique<br />
et de chimie industrielles<br />
de la Ville de Paris ainsi que<br />
les universités d’Austin et de<br />
Houston, au Texas ; sur les thèmes<br />
du CO2 et de l’injectivité en EOR,<br />
avec l’université de Delft (seule<br />
ou à la tête d’un consortium) et<br />
l’IFP (Institut français du pétrole,<br />
en photo) ; dans le domaine<br />
de l’eau, avec les universités de<br />
Bordeaux et du Wyoming…<br />
//. enjeux<br />
une priorité<br />
sTRaTégIqUE<br />
POUR TOTaL<br />
sss<br />
En lançant un projet de recherche et des actions<br />
de Développement dédiés, appuyés sur une<br />
organisation transverse qui va des chercheurs en<br />
laboratoire aux opérationnels en filiale, le Groupe<br />
affiche son ambition : <strong>com</strong>pter parmi les acteurs<br />
qui relèveront avec succès le défi de l’Eor.<br />
Sont visées aussi bien les cibles offshore qu’onshore,<br />
avec un focus particulier sur les gisements<br />
carbonatés <strong>com</strong>plexes du Moyen-orient.<br />
l’expertise de total en matière d’Eor est ancienne.<br />
Dès les années 1980, portée par l’envolée des cours du baril<br />
consécutive aux chocs pétroliers de 1973 et 1979, la stratégie<br />
de r&D s’oriente en effet largement, et avec succès, dans<br />
cette voie. ces études pionnières permettent de tester une vaste<br />
gamme de procédés, qu’ils soient chimiques, thermiques<br />
ou fondés sur l’injection de gaz miscibles, et de bâtir un solide<br />
savoir-faire. plusieurs pilotes deviennent des références<br />
pour l’industrie pétrolière : en France, une injection de polymères<br />
menée à l’échelle industrielle ou, au congo, le premier<br />
pilote d’injection de vapeur en offshore. ce sont, pour les équipes<br />
de l’Exploration & production, des laboratoires aux opérations,<br />
dix années de fort investissement. Mais, avec l’effondrement<br />
des cours – après avoir atteint une moyenne de 86 dollars en 1980,<br />
le prix du baril chute en effet jusqu’à 16 dollars en 1998 –,<br />
le coût élevé des barils additionnels extraits grâce à ces nouvelles<br />
technologies n’est bientôt plus supportable.<br />
Dès 2003 néanmoins, alors que les cours restent relativement bas,<br />
l’E&p de total réinvestit le champ de l’Eor et décide de réactiver<br />
les savoir-faire en partie mis en sommeil sous la pression<br />
du marché pour en faire le socle d’une expertise de pointe.<br />
Des études pour un pilote d’injection de polymères en offshore<br />
profond sont lancées, avec une première mondiale en ligne<br />
de mire. En 2006, la mise sur pied, au centre technologique<br />
et scientifique Jean-Féger (cStJF), à pau, dans le Sud-ouest,<br />
d’un projet de r&D spécifique confirme l’importance stratégique<br />
retrouvée de l’Eor. transversal et multidisciplinaire, jouant<br />
des synergies au sein du Groupe, en particulier avec le pôle<br />
pétrochimique, et s’appuyant sur d’importants moyens<br />
laboratoires, ce projet a pour objectif l’élaboration de procédés<br />
adaptés au portefeuille total, très développé en offshore,<br />
mais aussi à l’exploitation optimale des réservoirs carbonatés<br />
du Moyen-orient, qui concentrent l’essentiel du potentiel<br />
de production liquide mondial.
Expériences de <strong>Total</strong> dans le domaine de l’EOR<br />
Joslyn<br />
(SAGD *)<br />
Poso Creek<br />
(vapeur)<br />
East Penwell<br />
West Brahaney<br />
(CO2)<br />
Deep Jusepin<br />
(WAG **)<br />
Air<br />
Horse Creek<br />
(Air)<br />
Huiles visqueuses<br />
de mer du Nord<br />
Châteaurenard<br />
Nkarika<br />
Marienbronn<br />
(Huff & Puff)<br />
Lacq<br />
supérieur<br />
(vapeur)<br />
Pécorade,<br />
Grenade<br />
(CO2)<br />
Émeraude<br />
(Drive)<br />
Dalia,<br />
Camelia<br />
CO2 Polymères Vapeur Tensioactifs WAG<br />
* Drainage gravitaire par injection de vapeur. ** Injection alternée d’eau et de gaz.<br />
1 2 3<br />
Handil<br />
(Air)<br />
1. Forage sur le site de Dalia,<br />
en angola.<br />
2. plate-forme d’abu al Bukoosh,<br />
aux émirats arabes unis.<br />
3. chaudière de l’usine de lacq,<br />
en France.<br />
07
. expertise<br />
Des teChniques<br />
muLtipLes<br />
à ExPLOITER<br />
sss<br />
Lancé en 2006, le projet de r&D eor témoigne<br />
de l’importance stratégique de la récupération<br />
pour total. injection de produits chimiques,<br />
de Co2, de vapeur ou encore d’eau à salinité<br />
maîtrisée : les possibilités techniques<br />
sont nombreuses pour couvrir l’éventail<br />
des gisements cibles et, des études<br />
les plus fondamentales aux pilotes les plus<br />
audacieux, tous les métiers sont mobilisés.
10<br />
Eor<br />
s<br />
centre scientifique et technique<br />
Jean-Féger, à pau.<br />
Méthodes de récupération tertiaire<br />
selon le degré de viscosité des huiles.<br />
//. expertise<br />
DEs annéEs<br />
DE PRODUCTIOn<br />
aDDitionneLLe<br />
sss<br />
le projet Eor vise à passer, aussi rapidement que possible,<br />
de l’innovation aux pilotes. la clé de son architecture<br />
réside dans l’intégration des métiers et des savoir-faire,<br />
des laboratoires aux opérations, ainsi que dans la synergie<br />
avec les centres de recherche de l’E&p, présents partout<br />
dans le monde, et avec le pôle pétrochimique du Groupe.<br />
l’industrie pétrolière n’a évidemment pas attendu que se profile l’ombre du<br />
peak oil pour se confronter à la question cruciale de l’augmentation des taux<br />
de récupération. l’injection d’eau, la technique la plus ancienne et la plus<br />
courante encore à ce jour, est ainsi mise en œuvre depuis la fin du XiX e siècle.<br />
ce procédé est, avec l’injection de gaz hydrocarboné immiscible, appelé<br />
“récupération secondaire”, car intervenant souvent après une phase primaire<br />
de récupération par éruption naturelle des puits. le principe consiste à<br />
contrer le déclin des productions par le maintien de la pression du réservoir<br />
et à pousser l’huile mobile vers les puits producteurs.<br />
Les Défis De La réCupération tertiaire<br />
Si, entre les murs du laboratoire, le balayage à l’eau permet de récupérer<br />
jusqu’à 70 %, voire 80 % de l’huile piégée dans une carotte, ce chiffre tombe<br />
à 32 % en moyenne dans les conditions réelles d’exploitation en raison<br />
des hétérogénéités des réservoirs et varie fortement selon la viscosité<br />
de l’huile cible : s’il atteint 40 à 50 % pour les huiles légères, il chute sous<br />
la barre des 10 % pour une viscosité d’une centaine de centipoises (cp).<br />
les techniques avancées Eor, aptes à franchir les seuils auxquels<br />
Viscosité de l’huile en cP<br />
0,1 1 10 100 1 000<br />
Injection de gaz<br />
Miscible, non miscible,<br />
CO2, WAG et variantes<br />
Méthodes chimiques<br />
Alcalin/tensioactifs/<br />
polymères/salinité optimisée<br />
Méthode<br />
microbiologique<br />
Méthodes thermiques<br />
Huff & Puff,<br />
vapeur d’eau,<br />
<strong>com</strong>bustion in situ<br />
Solvant<br />
VAPEX<br />
10 4 et +<br />
Huiles conventionnelles Huiles extra-lourdes
% taux de<br />
récupération<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
Gaz miscible EOR chimiques<br />
de 15 %<br />
à 30 %<br />
de 40 %<br />
à 50 %<br />
Injection<br />
d’eau ou<br />
de gaz<br />
de 40 %<br />
à 50 %<br />
Injection<br />
d’eau<br />
de 20 % à 40 %<br />
Alcalin/<br />
tensioactifs/<br />
polymères (ASP)<br />
de 5 % à 15 %<br />
Polymères seuls<br />
de 20 %<br />
à 30 %<br />
Injection<br />
d’eau<br />
EOR chimiques/<br />
thermiques<br />
de 10 %<br />
à 30 %<br />
Polymères<br />
ou ASP<br />
de 20 % à 40 %<br />
Thermique<br />
70 %<br />
de 5 % à 20 %<br />
Déplétion et injection d’eau<br />
0<br />
0,1 10 100 1 000<br />
Viscosité de l’huile en cP<br />
se heurtent les méthodes de la récupération secondaire, relèvent donc<br />
d’une récupération dite “tertiaire”. Elles impliquent l’injection de produits<br />
qui – à l’exception de certains gaz : co2, H2S ou gaz hydrocarboné miscible –<br />
ne sont normalement pas présents dans les réservoirs pétroliers : produits<br />
chimiques, solvants, vapeur, voire air, eau faiblement salée, bactéries…<br />
il s’agit, d’une part, d’améliorer le drainage en optimisant le balayage<br />
macroscopique de l’huile mobile et, d’autre part, de mettre en œuvre,<br />
à l’échelle microscopique cette fois, des processus physico-chimiques aptes<br />
à déloger l’huile résiduelle prisonnière de la matrice réservoir, qui résiste<br />
aux méthodes classiques de récupération. potentiellement applicables<br />
à tous les champs conventionnels, quel que soit leur degré de maturité,<br />
ces technologies sont particulièrement attendues pour améliorer<br />
la productivité et les taux de récupération des réservoirs les plus difficiles :<br />
champs d’huile visqueuse ou de faible perméabilité.<br />
Des expertises intégrées<br />
le champ de la recherche pour l’amélioration de la récupération est<br />
partagé entre le projet de r&D Eor pour les huiles conventionnelles,<br />
d’une viscosité maximale de 1 000 cp, et le projet de r&D Huiles<br />
extra-lourdes, abrités tous les deux au cStJF. Des passerelles existent<br />
cependant entre les entités, la frontière entre les deux domaines s’estompant<br />
pour certains procédés, en particulier thermiques.<br />
les équipes multidisciplinaires de la récupération améliorée couvrent<br />
toute la chaîne des <strong>com</strong>pétences, du réservoir à la surface, des études<br />
aux opérations, en passant par l’architecture pétrolière. car, à l’instar<br />
de toutes celles dévolues à la croissance des productions, leur vocation<br />
est de transformer efficacement les innovations de la recherche en pilotes<br />
opérationnels. Bénéficiant de moyens laboratoires de premier plan<br />
– laboratoires de physico-chimie et de balayage en milieu poreux du pôle<br />
de recherche & développement de Mont/lacq (prDMl), dans le Sud-ouest,<br />
et laboratoire de pétrophysique du cStJF –, elles s’appuient aussi,<br />
au-delà des frontières hexagonales, sur l’expertise des centres de recherche<br />
internationaux de l’E&p : le Stavanger research center (norvège), le Groupe<br />
de recherche géophysique de Houston (états-unis), le total research centre<br />
de Doha (Qatar) et le centre de recherche géosciences d’aberdeen<br />
(royaume-uni). avec au fondement même de l’organisation de ce vaste projet,<br />
une intégration <strong>com</strong>plète des <strong>com</strong>pétences, car seule une synergie<br />
de toutes les expertises permettra de repousser la récupération jusqu’aux<br />
limites du possible. Et l’enjeu est considérable, car chaque point de<br />
récupération supplémentaire gagné ouvrira l’accès à un “bonus” équivalent<br />
à quatre années de la production mondiale actuelle.<br />
11<br />
accroissement des taux<br />
de récupération en fonction<br />
des techniques Eor employées<br />
et de la viscosité de l’huile.
12 //. expertise<br />
Eor<br />
s<br />
Qu’est-ce<br />
que la mobilité ?<br />
La mobilité d’un fluide<br />
exprime le rapport entre la<br />
perméabilité relative de ce fluide<br />
dans un milieu poreux donné<br />
et la viscosité de ce fluide.<br />
La viscosification de l’eau par<br />
des polymères vise à tendre<br />
vers un rapport de mobilité<br />
entre l’eau et l’huile égal à 1,<br />
c’est-à-dire à obtenir une<br />
mobilité équivalente pour<br />
les deux fluides. En milieu<br />
peu salé, une concentration<br />
de polymères à 300 ppm (parties<br />
par million), soit 0,3 g/l, permet<br />
d’augmenter aisément la viscosité<br />
de l’eau d’un facteur 10.<br />
Les promesses<br />
DE La vOIE<br />
ChImIqUE<br />
sss<br />
la mise en œuvre de polymères et de tensioactifs<br />
pour améliorer l’efficacité de l’injection d’eau concentre<br />
aujourd’hui une part très importante des recherches<br />
du projet Eor. cette option s’avère en effet particulièrement<br />
bien adaptée au portefeuille de total. Bénéficiant d’importants<br />
moyens d’études en laboratoires, ces techniques sont<br />
d’ores et déjà évaluées par des pilotes. À l’horizon,<br />
une première mondiale, signe de la capacité d’innovation<br />
et de l’audace de total.<br />
la voie chimique de la récupération améliorée concerne d’abord les réservoirs<br />
argilo-gréseux contenant des huiles d’une viscosité inférieure à 50 cp.<br />
potentiellement bien adaptée à la tranche conventionnelle du portefeuille<br />
de total, nettement dominée par l’offshore, elle concentre une part<br />
importante des efforts de r&D du Groupe en matière d’Eor. le processus<br />
de qualification de polymères et de tensioactifs aptes à doper la production<br />
et la récupération s’appuie sur une étroite synergie entre les expertises<br />
et les moyens d’études de l’E&p et ceux de total petrochemicals France.<br />
Les poLymères,<br />
aCCéLérateurs De réCupération<br />
le constat est simple : dans les conditions de fond des réservoirs, l’eau<br />
a presque toujours une viscosité plus faible que l’huile. or, tout en assurant<br />
le maintien de la pression du réservoir, l’eau injectée devrait aussi idéalement<br />
pousser l’huile, tel un piston. Mais, parce qu’elle est plus mobile que l’huile,<br />
elle faillit souvent à cette mission, se faufilant par les chemins de moindre<br />
résistance que lui offre le réservoir (voir l’encadré). remédier à ce problème<br />
est, dans le principe, tout aussi simple : il s’agit de réduire la mobilité de l’eau<br />
en augmentant sa viscosité, de manière à rapprocher autant que possible ses<br />
propriétés de celles de l’huile cible. <strong>com</strong>ment ? En lui ajoutant un polymère,<br />
longue chaîne moléculaire qui répète à l’identique et un grand nombre de fois<br />
le même motif de base. À la condition que ce polymère soit soluble dans l’eau,<br />
il pourra s’y déplier et augmenter la viscosité de cette dernière.<br />
ainsi, une augmentation potentielle des taux de récupération de 5 à 15 %<br />
peut être obtenue grâce à un “effet piston” beaucoup plus efficace.<br />
une expérienCe inDustrieLLe<br />
De premier pLan<br />
la grande efficacité potentielle du contrôle de la mobilité de l’eau par<br />
l’adjonction de polymères est démontrée depuis longtemps par total.<br />
En 1977, le Groupe lance en effet sa première opération pilote,<br />
sur le champ français argilo-gréseux de châteaurenard, dans le sud du<br />
Bassin parisien. ce réservoir peu profond, d’une température de 30 °c<br />
et <strong>com</strong>posé de sables inconsolidés d’excellente perméabilité, recèle
Injection d’eau<br />
Fort rapport de mobilité<br />
(a) Injection d’eau<br />
Fort rapport de mobilité<br />
Eau<br />
Injection d’eau<br />
Injection de polymères<br />
Faible rapport de k1 mobilité<br />
Huile k2<br />
k3<br />
(a)<br />
Injection d’eau<br />
k2>k3>k1<br />
k1<br />
Eau Huile k2<br />
Injection d’eau<br />
Fort rapport de mobilité (b)<br />
Injection Injection de polymères de polymères<br />
Faible rapport de mobilité<br />
Polymères k2>k3>k1 Huile<br />
k3<br />
k1<br />
k2<br />
(a)<br />
Eau<br />
Injection d’eau<br />
(b)<br />
k3<br />
Injection de (k = perméabilité)<br />
k1polymères<br />
Huile k2<br />
k1<br />
Polymères k3<br />
Huile k2<br />
k3<br />
k2>k3>k1<br />
(k = perméabilité)<br />
u<br />
bilité<br />
Injection (b) de polymères Injection de polymères<br />
Faible rapport de mobilité<br />
k1<br />
Polymères Huile k2<br />
Injection d’eau<br />
k3<br />
(k = perméabilité)<br />
Huile<br />
k1<br />
k2<br />
k3<br />
Comparaison du balayage : eau versus polymères<br />
k2>k3>k1 une huile visqueuse de 40 cp en conditions réservoir. l’opération pilote,<br />
<strong>com</strong>ptant un puits injecteur et sept producteurs, conduite jusqu’au<br />
Injection milieu de polymères des années 1980, présente d’excellents résultats sur quatre<br />
des puits producteurs. Elle k1 justifie la mise en œuvre industrielle<br />
es Huile k2<br />
de l’injection de polymères sur le champ satellite de courtenay, champ<br />
k3<br />
mature d’huile (k visqueuse = perméabilité) (40 cp) où la production d’eau atteint 80 %.<br />
lancée à l’échelle pilote en 1985, cette seconde opération est déployée<br />
à l’échelle industrielle à partir de 1989 avec quatre puits injecteurs et<br />
seize producteurs. l’eau injectée (420 m3 /j) atteint une viscosité de 23 cp<br />
via un polyacrylamide dont la concentration est maintenue à 900 ppm<br />
pendant les vingt-sept premiers mois du développement avant d’être<br />
progressivement réduite à 100 ppm au cours des deux années suivantes.<br />
au final, l’efficacité du procédé est largement démontrée : 56 700 m3 d’huile additionnelle sont produits, soit une amélioration de 9 % du taux<br />
de récupération initial de 22 %. Expérience industrielle très concluante<br />
au regard de la viscosité de l’huile cible, courtenay fait toujours figure<br />
de référence mondiale.<br />
pp<br />
Résultats de l’injection de polymères à Courtenay<br />
Production d’huile (m3 /j)<br />
120<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
Simulation avec<br />
l’injection de polymères<br />
Réalisé avec l’injection<br />
de polymères<br />
Simulation sans<br />
l’injection de polymères<br />
0<br />
1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995<br />
Injection de polymères<br />
Faible rapport de mobilité<br />
Bureau du siège social<br />
de la filiale de total E&p uSa,<br />
à Houston, au texas.
14 //. expertise<br />
Eor<br />
s<br />
1<br />
2<br />
1. FpSo de Dalia,<br />
au large de l’angola.<br />
2. Suivi de l’évolution<br />
de la viscosité du polymère<br />
dans les conditions de fond.<br />
pp<br />
première en granDs fonDs<br />
c’est aujourd’hui un challenge de plus vaste envergure que relèvent<br />
les spécialistes Eor de total, avec, en ligne de mire, une première<br />
mondiale : l’injection de polymères dans le domaine extrême des grands<br />
fonds, en l’occurrence sur Dalia, immense champ de l’angolais développé<br />
sous des profondeurs d’eau variant de 1 200 à 1 500 m.<br />
les gisements de l’offshore profond apparaissent en effet <strong>com</strong>me<br />
d’excellents candidats à cette technique. En général faiblement enfouis<br />
sous le fond de la mer, ils affichent souvent une température modérée<br />
allant de pair avec des huiles relativement visqueuses. De plus, l’injection<br />
d’eau y est le mécanisme de récupération le plus fréquemment mis<br />
en œuvre. le lancement de ce projet en 2003, trois ans avant l’entrée<br />
en production de Dalia, marque une étape déterminante dans la stratégie<br />
de total : l’Eor n’est plus, désormais, réservée aux seuls champs<br />
matures, mais peut et doit trouver sa place, chaque fois que le besoin<br />
s’en fait ressentir, sur de nouveaux champs. les opérations débutent<br />
fin 2008 avec la réalisation d’un test d’injectivité de l’eau viscosifiée<br />
sur site. ce délai de cinq ans témoigne de l’ampleur de l’étude<br />
multidisciplinaire requise pour démontrer la faisabilité et la rentabilité<br />
de la technique. Quatre thèmes majeurs sont traités, mêlant géosciences,<br />
chimie et architecture pétrolière :<br />
– la sélection, via un programme laboratoire dédié, d’un polymère<br />
adapté au réservoir et à l’huile de Dalia ;<br />
− l’estimation, au travers d’importantes simulations réservoir nourries<br />
par les paramètres acquis en laboratoire et scrutant différentes<br />
stratégies, des ressources additionnelles susceptibles d’être apportées<br />
par la viscosification de l’eau d’injection ;<br />
− le design et la définition des objectifs d’une installation pilote ;<br />
− la logistique et l’étude/évaluation des équipements opérationnels<br />
additionnels requis pour mettre en œuvre le procédé sur le site de Dalia.<br />
Le Défi De La saLinité<br />
À chaque champ, “son” polymère. Sa salinité, sa température, la <strong>com</strong>position<br />
et les propriétés de l’huile, la dynamique des fluides à l’œuvre dans<br />
le réservoir sont quelques-uns des paramètres qui président au choix<br />
de l’assemblage moléculaire idoine. Si les polymères s’ac<strong>com</strong>modent<br />
de températures de 70, voire 80 °c, ils perdent en revanche leur pouvoir<br />
viscosifiant dans une eau fortement saline. Sous l’action du sel,<br />
ces longues chaînes flexibles, qui ne sont efficaces que dépliées, se mettent<br />
en effet ”en pelote”. l’amélioration de leur tenue au sel est donc un axe<br />
majeur des recherches. parmi les molécules candidates, les biopolymères,<br />
fabriqués par des levures ou des bactéries. il s’agit notamment<br />
de polysaccharides, dont la solubilité est excellente et dont la structure<br />
rigide résiste au sel. autre avantage majeur, ils peuvent s’ac<strong>com</strong>moder<br />
de températures allant jusqu’à 100, voire 110 °c. pp
Dalia, le polyacrylamide chez un géant des grands fonds<br />
Entré en production en 2006,<br />
Dalia <strong>com</strong>pte parmi les plus<br />
grands développements par<br />
grands fonds du monde. Les<br />
chiffres parlent d’eux-mêmes :<br />
230 km 2 de champ, 4 réservoirs<br />
et 71 puits sous-marins, dont<br />
37 producteurs, 31 injecteurs<br />
d’eau et 3 injecteurs de gaz.<br />
L’injection de polymères sur<br />
l’intégralité de ce géant, prévue<br />
à l’horizon 2013, devrait<br />
conduire à une récupération<br />
incrémentale moyenne estimée<br />
à 5 % des réserves sur vingt ans<br />
après un minimum de trois ans<br />
d’injection d’eau “classique”.<br />
Le polyacrylamide sélectionné,<br />
d’une masse moléculaire<br />
de 18 millions de daltons, a été<br />
qualifié par rapport à sa facilité<br />
de dissolution (rapide<br />
et homogène), à son pouvoir<br />
viscosifiant dans une large<br />
gamme de salinité (25 à 52g/l),<br />
à sa capacité à résister au<br />
cisaillement lors de son passage<br />
par les duses et les vannes<br />
des puits d’injection, à son<br />
aptitude à rester stable pendant<br />
les années passées dans<br />
la formation avant qu’il arrive<br />
jusqu’aux puits producteurs,<br />
distants de 500 à 1 500 m<br />
des injecteurs, ou bien encore<br />
à la faisabilité de l’injection.<br />
D’autres paramètres<br />
déterminants, en particulier<br />
son prix et sa disponibilité, ont<br />
également été pris en <strong>com</strong>pte.<br />
Caractéristiques<br />
du champ<br />
Température des réservoirs : 50°C<br />
Perméabilité moyenne : 1 D<br />
Viscosité de l’huile en conditions<br />
réservoir : de 3 à 7 cP<br />
Viscosité de l’eau en conditions<br />
réservoir : 0,5 cP<br />
Salinité de l’eau de formation :<br />
130 g/l<br />
Volume maximal d’eau injectée :<br />
375 000 b/j via 4 lignes d’injection<br />
d’une longueur cumulée de 35 km<br />
Volume moyen d’injection par<br />
puits : 12 500 b/j<br />
Développement<br />
phasé<br />
Décembre 2008-janvier 2009 :<br />
test d’injectivité sur un puits,<br />
au moyen de 60 t de polymères<br />
sous forme de poudre.<br />
2009 : lancement d’un pilote<br />
d’au moins un an sur une ligne<br />
d’injection alimentant<br />
3 puits injecteurs, avec une<br />
consommation quotidienne<br />
de 5 à 6 t de polymères.<br />
2013 : généralisation du<br />
procédé à l’ensemble du<br />
champ, soit une injection de 40<br />
à 50 t de polymères par jour.
16 //. expertise<br />
Eor<br />
s<br />
1<br />
2<br />
1. étude du <strong>com</strong>portement<br />
physico-chimique de<br />
mélange brut/solution aqueuse<br />
de tensioactif.<br />
2. les équipes du prDMl<br />
ont pour vocation<br />
de transformer les innovations<br />
de la recherche<br />
en expérimentations<br />
opérationnelles.<br />
pp<br />
prometteurs pour des gisements chauds et à forte salinité,<br />
ils présentent toutefois une faiblesse majeure : générés par des bactéries,<br />
ils sont aisément biodégradables. une propriété qu’il est primordial<br />
de pallier pour garantir leur pérennité face aux bactéries présentes dans<br />
les réservoirs.<br />
Des savons pour huiLe résiDueLLe<br />
au-delà de la simple accélération de la récupération que permettent<br />
les polymères en optimisant le drainage de l’huile mobile, c’est désormais<br />
une véritable amélioration des performances qui est visée avec<br />
les tensioactifs, seconde classe des molécules mises en jeu par l’Eor<br />
chimique. ces derniers ont en effet le pouvoir de déloger la fraction<br />
d’huile immobile piégée dans le réservoir, dite “résiduelle”, et laissent<br />
entrevoir des perspectives d’augmentation de l’extraction de l’huile<br />
de 20 à 40 %. À l’instar des savons, les tensioactifs possèdent une tête<br />
hydrophile et une queue lipophile. cette propriété les pousse à venir<br />
se placer à l’interface de l’huile et de l’eau, ce qui a pour conséquence<br />
de faire s’effondrer la tension interfaciale (voir l’encadré) et de créer<br />
une micro-émulsion, mélange stable d’huile et d’eau. En pratique,<br />
ils présentent toutefois le défaut de s’accrocher, au fil de leur avancée<br />
dans la formation, sur la surface de la roche réservoir et il faut, pour<br />
limiter ce phénomène d’adsorption, ajouter des alcalins à la solution<br />
aqueuse injectée : ces molécules basiques augmentent la charge négative<br />
sur la surface des roches et repoussent les tensioactifs, eux-mêmes<br />
chargés négativement.<br />
Des tensioaCtifs sur mesure<br />
il existe de nombreuses familles de tensioactifs, aux arrangements<br />
moléculaires très variés, et toute la difficulté en matière d’Eor consiste<br />
à trouver la juste formulation, parfaitement adaptée aux caractéristiques<br />
du champ candidat à leur mise en œuvre (qualité de l’eau, salinité,<br />
pH, <strong>com</strong>position de l’huile, température, etc.). la solution passe par<br />
la connaissance fondamentale du rapport entre la structure des<br />
molécules et leurs propriétés. il s’agit en effet d’obtenir les interactions<br />
les plus fortes possible, et d’égale énergie, entre la queue du tensioactif<br />
et l’huile d’une part, et entre la tête du tensioactif et l’eau d’autre part.<br />
la micro-émulsion créée, quant à elle, doit être la plus volumineuse<br />
possible, mais rester fluide, et donc exempte des microgels susceptibles<br />
d’être induits par l’arrangement spatial des tensioactifs à l’interface<br />
huile/eau. Et c’est parfois le <strong>com</strong>portement d’un mélange de deux<br />
tensioactifs qu’il faut <strong>com</strong>prendre et maîtriser…<br />
les recherches sur la mise au point de nouvelles formulations, menées<br />
en étroite collaboration avec l’industrie chimique, sont conduites<br />
par l’équipe de total petrochemicals France. celle-ci, qui travaille pour<br />
le <strong>com</strong>pte du projet Eor dans ses laboratoires de lacq, s’appuie
Récupération dopée à Châteaurenard<br />
Mené de 1983 à 1985, le Pilote<br />
de micro-émulsion industriel<br />
de Châteaurenard (sud du<br />
Bassin parisien) a démontré<br />
l’extraordinaire potentiel<br />
des tensioactifs sur une huile<br />
visqueuse (40 cP). Avant sa<br />
mise en œuvre, la récupération<br />
atteignait 40 % et le champ<br />
produisait 90 % d’eau.<br />
Les réservoirs sableux, enfouis<br />
à 600 m de profondeur, avaient<br />
une bonne perméabilité et<br />
une faible salinité. Déployée<br />
sur un dispositif de quatre puits<br />
injecteurs et neuf producteurs,<br />
l’injection d’une micro-émulsion<br />
préparée en surface (huile,<br />
en la matière sur l’expérience et le savoir-faire physico-chimique<br />
acquis lors du développement du pilote de micro-émulsion industriel<br />
de châteaurenard (voir encadré).<br />
un piLote en perspeCtive<br />
c’est à la définition d’un nouveau pilote que se consacrent aujourd’hui<br />
les équipes. ce pilote en five spots (un puits injecteur au centre d’un carré<br />
de 100 m de côté borné par quatre producteurs) sera implanté sur<br />
un champ mature situé dans un environnement offshore. il visera, dans<br />
une zone du champ produisant à fort pourcentage d’eau, des réservoirs<br />
inconsolidés de bonne perméabilité. l’objectif est de démontrer la capacité<br />
des tensioactifs à y produire, de manière économique, l’huile résiduelle<br />
ayant résisté aux méthodes classiques de récupération. l’opération, prévue<br />
pour se dérouler durant trois mois environ avant la fin 2011, verra l’injection<br />
de bouchons de tensioactifs/alcalins, puis de bouchons de polymères pour<br />
améliorer le contrôle de la mobilité de l’eau. Si le test est positif, l’extension<br />
de ce procédé à l’ensemble du champ ouvrirait la voie à une récupération<br />
additionnelle estimée à 20 % de l’accumulation d’huile initiale.<br />
outre la mise au point des tensioactifs adéquats, d’importantes études<br />
ont été menées pour estimer aussi précisément que possible la saturation<br />
de l’huile résiduelle de ce champ, une question stratégique, puisque<br />
à la base de l’estimation de la récupération incrémentale potentielle.<br />
Elles ont porté notamment sur la redéfinition des modèles géologiques<br />
et réservoir dans la zone du pilote ainsi que sur la mise au point d’une<br />
stratégie de monitoring par injection de traceurs.<br />
L’enjeu Des Carbonates<br />
les réservoirs carbonatés sont plus difficiles d’accès aux procédés chimiques<br />
de récupération améliorée. un défi pour les équipes de r&D alors que le<br />
Moyen-orient, dont on estime qu’il recèle près de 60 % des réserves d’huile<br />
conventionnelle encore à produire, reste une zone stratégique pour l’avenir.<br />
adapter les techniques chimiques aux spécificités des carbonates<br />
suppose en effet de surmonter deux écueils majeurs, ce dont la r&D<br />
de total a fait l’une de ses priorités. le premier tient à la très forte<br />
hétérogénéité des milieux carbonatés, associée à des perméabilités<br />
plus faibles, et souvent à la présence de réseaux de fractures<br />
<strong>com</strong>plexes dans ce type de réservoir où l’eau injectée peut se faufiler<br />
préférentiellement par le réseau de fissures et être produite sans<br />
avoir balayé efficacement l’ensemble de la matrice. le second découle<br />
de la forte affinité entre les carbonates et les produits chimiques.<br />
Dans un environnement carbonaté, ces derniers ont en effet<br />
une propension bien plus forte que dans les réservoirs argilo-gréseux<br />
à se coller à la roche, entraînant une consommation trop forte de produits.<br />
or, si les produits actifs se fixent dans le premier centimètre<br />
de roche rencontré, ils ne pénétreront guère dans la matrice…<br />
tensioactifs, eau, etc.) a été suivie<br />
par celle d’un bouchon<br />
de polymères. Au terme de<br />
l’opération, la récupération<br />
finale, augmentée de 27 points,<br />
a atteint près de 70 %.<br />
Une performance remarquable<br />
au regard de la viscosité<br />
de l’huile cible.<br />
Déformer<br />
les gouttes d’huile<br />
Tout système tend à prendre<br />
la forme la moins coûteuse<br />
en énergie. Comme, dans<br />
un système huile/eau, c’est<br />
à l’interface que l’énergie est<br />
la plus élevée, l’huile adopte<br />
une forme sphérique, de manière<br />
à limiter la surface de contact.<br />
Mais les molécules d’huile situées<br />
à la périphérie, déséquilibrées<br />
par leur contiguïté avec<br />
les molécules d’eau, cherchent<br />
à entrer à l’intérieur de la goutte<br />
pour y retrouver leur équilibre,<br />
engendrant une pression<br />
capillaire qui empêche la goutte<br />
de se déformer. Or, pour<br />
produire une telle goutte d’huile<br />
piégée dans le réseau poreux<br />
d’un réservoir par un balayage<br />
à l’eau, il faut la faire passer dans<br />
des seuils de pores plus petits,<br />
et donc la déformer. C’est là<br />
qu’interviennent les tensioactifs<br />
qui, en faisant chuter la tension<br />
interfaciale, abaissent la pression<br />
capillaire et permettent<br />
la déformation de la goutte.
18<br />
Eor<br />
s<br />
//. expertise<br />
DEs LaBORaTOIREs<br />
intégrés<br />
sss<br />
tous les travaux de r&D de total en matière d’Eor,<br />
de la physico-chimie au test des procédés sur carottes en<br />
conditions réservoir, sont réalisés au sein d’un ensemble<br />
de laboratoires dédiés.<br />
À lacq, au sein des laboratoires du pôle de recherche & développement<br />
de Mont/lacq (prDMl) de total petrochemicals France, les équipes<br />
s’emploient à la qualification de tensioactifs et de polymères<br />
pour chaque champ candidat à une récupération améliorée par voie<br />
chimique. cette première étape de la chaîne d’études est menée avec<br />
des huiles mortes et sur des carottes artificielles de petite taille,<br />
analogues des gisements cibles.<br />
les propriétés des polymères sont d’abord scrutées en absence<br />
d’huile dans un laboratoire dévolu aux polymères et aux tensioactifs.<br />
tests de dissolution, mise au point de protocoles de dissolution, études<br />
de dégradation et de sensibilité à la température, etc. : la qualification<br />
des molécules est un parcours jalonné de multiples étapes.<br />
un laboratoire de physico-chimie est consacré au screening et à<br />
la qualification des tensioactifs. Son objet est de sélectionner le système<br />
chimique optimal pour une huile donnée, c’est-à-dire celui qui induira<br />
la tension interfaciale la plus basse. pour déterminer celle-ci en fonction<br />
de différents paramètres (pH, salinité, etc.), divers mélanges d’eau,<br />
d’huile morte apportée des champs et de tensioactifs sont réalisés<br />
dans des tubes à essais placés dans des étuves portées à la température<br />
des gisements pendant plusieurs jours. l’effet de la perturbation apportée<br />
par les gaz dissous est ensuite étudié dans une cellule saphir présentant<br />
une pression maximale de 400 bar.<br />
2 3
1<br />
Dernière phase des études conduites dans les laboratoires du prDMl :<br />
le balayage en milieu poreux. les colonnes de test, des carottes de sable<br />
de 35 cm préalablement saturées en huile et balayées à l’eau, sont soumises<br />
au passage de bouchons de tensioactifs et de polymères dans des cellules<br />
à 4 bar. Huit bancs de test sont ainsi dédiés à l’évaluation de l’impact<br />
des produits sur la récupération finale de l’huile résiduelle en fonction<br />
de différents scénarios (taille et concentration des bouchons). la taille<br />
réduite de ces bancs, construits sur mesure pour cette application,<br />
permet de mener à bien un test en une quinzaine de jours seulement.<br />
une fois les produits sélectionnés par les équipes de lacq vient le tour<br />
des spécialistes du centre scientifique et technique Jean-Féger (cStJF)<br />
de l’E&p, à pau. leur rôle est d’étudier les mécanismes de récupération.<br />
les études, cette fois, sont conduites, dans les conditions de pression<br />
et de température des réservoirs, sur des carottes prélevées sur les<br />
gisements, et non plus sur des analogues. c’est donc au cStJF que les<br />
produits chimiques passent leur ultime phase de qualification, mais toutes<br />
les autres voies de l’Eor y sont également testées (injection de co2, d’air,<br />
de vapeur, injection alternée d’eau et de gaz, etc.). chaque étude demande<br />
plusieurs mois, une échelle qui n’est plus la même qu’à lacq !<br />
4 5<br />
1. opératrice dans un<br />
laboratoire du prDMl.<br />
2. Visualisation<br />
des différents<br />
<strong>com</strong>portements<br />
de phases<br />
d’un système eau/<br />
tensioactif/alcane.<br />
3. influence de<br />
la pression de gaz sur<br />
le <strong>com</strong>portement<br />
physico-chimique du<br />
mélange brut/solution<br />
aqueuse du tensioactif.<br />
4. carotte de roche<br />
incluse dans une résine<br />
balayée par une solution<br />
aqueuse de tensioactifs<br />
et polymères.<br />
5. appareillage<br />
permettant la<br />
réalisation de balayages<br />
d’échantillons de roches<br />
par des hydrocarbures<br />
ou de l’eau.
20 //. expertise<br />
Eor<br />
s<br />
Sprex ® , l’unité pilote de lacq<br />
de séparation du H2S et du co2.<br />
Le DioxyDe<br />
De Carbone<br />
à L’éTUDE<br />
sss<br />
aisément miscible dans les huiles légères, le co2 apparaît<br />
<strong>com</strong>me une alternative à l’injection de gaz hydrocarbures.<br />
Demain, il sera sans doute un vecteur important de<br />
la croissance de la récupération, tant pour des raisons<br />
économiques qu’environnementales. pour le mettre<br />
en œuvre en toute maîtrise, la r&D de total mène<br />
de nombreuses études.<br />
pour total, le co2 constitue, à plusieurs titres, un sujet de tout premier plan.<br />
D’abord, leader historique de l’exploitation de gisements de gaz très acides,<br />
le Groupe a développé une très large gamme de solutions de traitement de<br />
ces gaz et dispose notamment, avec Sprex ® co2, d’une technologie innovante<br />
et économique de séparation du co2 pour les gaz très fortement carbonatés.<br />
Ensuite, son engagement dans la lutte contre le changement climatique<br />
l’a conduit à placer les gaz à effet de serre (GES), et en particulier le co2,<br />
au rang de ses préoccupations majeures et à mener une stratégie de r&D<br />
très volontariste. témoin, la construction, à lacq, d’un pilote de captage et de<br />
stockage géologique du co2 de <strong>com</strong>bustion : première européenne par le choix<br />
de son site de stockage, un réservoir en fin de vie à terre, et première mondiale,<br />
car dédié au co2 de <strong>com</strong>bustion, ce pilote industriel marque une étape<br />
stratégique pour le déploiement de cette solution innovante à grande échelle.<br />
Approche intégrée des installations de surface d’un pr<br />
Captage<br />
du CO 2<br />
Origine du gaz<br />
Centrales<br />
thermiques<br />
Production<br />
d’éthanol,<br />
engrais<br />
Sources<br />
naturelles<br />
Associé aux gaz<br />
d’hydrocarbures<br />
Pureté du CO 2<br />
Transport Injection<br />
Caractéristiques<br />
du gaz<br />
Compression<br />
Thermodynamique<br />
Pipelines<br />
adaptés<br />
Pression et<br />
température<br />
en tête et fond<br />
de puits<br />
Injectivité<br />
Environnement :<br />
– onshore<br />
– offshore<br />
– sous-marin<br />
Spécialités impliquées : Installations
Dépôts d’asphaltènes lors de l’injection de CO2<br />
L’injection de CO2 dans un<br />
réservoir à hydrocarbures peut<br />
provoquer des <strong>com</strong>portements<br />
multiphasiques inattendus<br />
et des dépôts d’asphaltènes<br />
préjudiciables à la production.<br />
La R&D de <strong>Total</strong> a développé des<br />
équipements PVT sans mercure<br />
pour étudier l’injection de CO2.<br />
Afin d’éviter tout risque<br />
d’interprétation erronée<br />
eor et maîtrise Des émissions De ges<br />
l’expertise développée sur ces deux axes par total sert aujourd’hui les études<br />
conduites sur les potentialités de l’injection du co2 à des fins de récupération<br />
améliorée. De par son <strong>com</strong>portement thermodynamique – souvent<br />
supercritique et miscible en conditions réservoir –, le co2 apparaît en effet<br />
<strong>com</strong>me une alternative aux gaz hydrocarbures valorisables, en particulier<br />
pour les huiles légères. En outre, cette option semble répondre à la logique<br />
de gestion industrielle vertueuse de ce gaz promue par le Groupe au regard<br />
de l’indispensable maîtrise des émissions de GES, en particulier dans<br />
la perspective de l’exploitation future des gisements très acides du<br />
Moyen-orient. total étudie ainsi aujourd’hui l’intégration de l’injection de co2<br />
à des fins d’amélioration de la récupération <strong>com</strong>me une étape intermédiaire<br />
au sein du processus industriel <strong>com</strong>plet de capture et de stockage de ce gaz,<br />
actuellement en cours de démonstration à lacq.<br />
ojet EOR d’injection de CO2<br />
Réservoir<br />
Simulations<br />
réservoir<br />
Mécanismes<br />
de récupération<br />
Interactions CO 2,<br />
hydrocarbures,<br />
eau<br />
Interaction<br />
CO 2, roche<br />
Quantité de<br />
CO 2 stockée<br />
Production<br />
du CO 2<br />
Métallurgie<br />
des puits et<br />
installations<br />
de surface / Puits / Réservoirs / Économie<br />
des mesures, des cellules PVT<br />
transparentes sont utilisées<br />
<strong>com</strong>me outil d’analyse visuelle.<br />
Ces images montrent une huile<br />
légère à 32 API (point de bulle<br />
à 273 bar, conditions réservoir<br />
initiales 480 bar et 132 °C),<br />
à laquelle on a ajouté du CO2<br />
(1,4 mole/mole de fluide).<br />
On observe, durant la déplétion,<br />
la séparation d’une phase lourde<br />
Détection<br />
du CO 2<br />
Teneur<br />
du CO 2<br />
Séparation<br />
hydrocarbures<br />
et CO 2<br />
pp<br />
d’asphaltènes quand le fluide est<br />
à l’état critique, puis l’apparition<br />
d’une phase gazeuse et de deux<br />
phases liquides (asphaltènes<br />
et condensats) qui, finalement,<br />
deviennent miscibles au fur<br />
et à mesure que le liquide<br />
s’allège. Aux conditions<br />
atmosphériques, le liquide<br />
est parfaitement homogène<br />
et stable.<br />
545 bar 406 bar 310 bar 231 bar<br />
Recyclage<br />
ou<br />
stockage<br />
Traitement,<br />
purification<br />
Compression<br />
Injection
22 //. expertise<br />
Eor<br />
s<br />
pp<br />
L’injeCtion De Co2 en offshore<br />
l’injection de co2 est sans aucun doute une option très satisfaisante,<br />
car elle permet à la fois de satisfaire aux principes de l’Eor,<br />
mais aussi, au final, de le stocker en grande partie dans le réservoir.<br />
c’est à cette option que les équipes Eor de total se sont attachées<br />
pour l’évaluation d’un projet en mer du nord, qui pourrait être<br />
mis en œuvre à l’horizon 2016. l’objectif est de substituer le gaz<br />
hydrocarboné produit par le champ par du co2 pour maintenir<br />
la pression de ce réservoir de gaz à condensats aujourd’hui en phase<br />
de déplétion rapide. le maintien de la pression est nécessaire<br />
pour éviter de perdre la récupération d’une partie des condensats<br />
qui autrement se déposeront dans le réservoir.<br />
Si la réinjection du gaz produit par le champ a été disqualifiée<br />
pour des raisons économiques, le méthane étant <strong>com</strong>mercialisable,<br />
l’alternative co2 est en effet envisageable. l’accès à une source<br />
Injection de CO2 dans un champ de gaz et de condensats<br />
Captage du<br />
CO 2 à la source<br />
Mer du Nord<br />
Transport<br />
de CO 2<br />
Transport de CO 2<br />
Autres sites de<br />
stockage de CO 2<br />
Injection<br />
de CO 2<br />
Injecteur<br />
de CO 2<br />
Production<br />
Fond<br />
Amélioration de<br />
la récupération<br />
des hydrocarbures
potentielle étant devenu possible grâce au programme gouvernemental<br />
britannique de promotion du captage du co2. les études techniques<br />
initiées en 2007 ont permis durant un an de passer au crible<br />
toute la chaîne de surface assurant la maîtrise du procédé :<br />
transport jusqu’à la plate-forme (thermodynamique dans les pipes),<br />
équipements et procédures requis pour garantir les pressions<br />
et températures favorables à l’injection en fond de puits, installations<br />
dédiées à la séparation des volumes de co2 additionnels produits<br />
par recyclage, puis stockage dans le réservoir.<br />
par ailleurs, les spécialistes de total ont été étroitement associés<br />
aux études sur le <strong>com</strong>portement thermodynamique du co2,<br />
en particulier sur les équilibres co2/huile, dans le cadre d’un futur<br />
pilote Eor à l’horizon 2020. l’enjeu majeur est de prédire la réaction<br />
à l’injection d’un <strong>com</strong>posé acide d’un immense réservoir crayeux,<br />
confronté à un important phénomène de subsidence.<br />
L’orient en perspeCtive<br />
c’est bien entendu aux proche-, Moyen- et Extrême-orient,<br />
qui concentrent les plus importants volumes de ressources<br />
acides (co2 et H2S), que le co2 devrait s’afficher, à l’avenir, <strong>com</strong>me<br />
un des leviers de l’amélioration des taux de récupération.<br />
l’une des conditions à réunir étant de disposer d’une source<br />
économique de co2 à proximité des champs candidats. Dès à présent,<br />
les équipes Eor de total sont à l’œuvre, en particulier au travers<br />
d’études de faisabilité sur le champ offshore d’abu al Bukoosh,<br />
à abu Dhabi, opéré par le Groupe. au menu, la qualification<br />
de l’équilibre co2/huile et son intégration au sein d’un modèle<br />
réservoir dynamique afin d’évaluer l’efficacité de différentes stratégies<br />
d’injection de co2. cette option, qui viendrait relayer une production<br />
par injection d’eau puis de gaz hydrocarboné, aurait une valeur<br />
de démonstration dans le cadre de l’exploitation d’un champ mature<br />
produisant aujourd’hui quelque 90 % d’eau.<br />
1<br />
2 3<br />
1-2-3. plate-forme d’abu al Bukoosh,<br />
à abu Dhabi.
24<br />
Eor<br />
s<br />
Modéliser les<br />
réseaux de pores<br />
Trois fluides peuvent s’écouler<br />
simultanément dans un<br />
réservoir : l’eau, l’huile et le gaz.<br />
La <strong>com</strong>préhension de ces<br />
écoulements <strong>com</strong>plexes est<br />
encore imparfaite et, pour<br />
l’améliorer, <strong>Total</strong> s’est engagé, en<br />
partenariat avec des universités<br />
britanniques et américaines,<br />
sur la voie très novatrice de<br />
la modélisation numérique par<br />
réseaux de pores, qui permet<br />
d’appréhender les phénomènes<br />
à l’échelle microscopique.<br />
Reposant sur la modélisation<br />
initiale d’un milieu poreux<br />
– notamment grâce aux<br />
techniques du microscanner<br />
ou d’informations sur la<br />
distribution granulométrique –<br />
et sur la simulation<br />
d’écoulements triphasiques,<br />
cette approche innovante,<br />
aujourd’hui freinée par les<br />
puissances de calcul disponibles,<br />
devrait progresser fortement<br />
avec les prochaines générations<br />
de processeurs.<br />
//. expertise<br />
un vaste Champ<br />
DEs POssIBLEs<br />
sss<br />
Dans l’éventail de ses travaux à large spectre, total apporte<br />
une attention toute particulière à la voie thermique, largement<br />
mise en œuvre pour les huiles extra-lourdes mais encore<br />
peu pour les huiles conventionnelles, et à celle de la<br />
modification de la salinité de l’eau d’injection, ouverte tout<br />
récemment. Deux pistes qui, parmi d’autres, pourraient livrer<br />
les clés d’une récupération améliorée en milieu carbonaté.<br />
Si la voie chimique et l’injection de co2 apparaissent <strong>com</strong>me les deux pièces<br />
maîtresses de la récupération améliorée, ces procédés sont toutefois loin<br />
d’épuiser la gamme des possibles. réchauffement des réservoirs, injection<br />
d’eau adoucie, mise en œuvre de bactéries, injection alternée ou simultanée<br />
d’eau et de gaz, injection d’azote, voire de gaz de fumées… : la liste est longue.<br />
Si certaines technologies, déjà bien connues, n’ont été que peu appliquées<br />
en raison du coût élevé des barils additionnels produits et que d’autres,<br />
découvertes plus récemment, restent à qualifier, le projet Eor de total<br />
n’en néglige aucune. avec, en point focal, le sujet majeur des carbonates,<br />
les cibles les plus difficiles en termes de récupération améliorée.<br />
injeCtion De vapeur sur Carbonates<br />
les réalisations de total dans le domaine thermique au cours des<br />
années 1980 <strong>com</strong>ptent parmi les exemples les plus remarquables<br />
de l’industrie. parmi les quatre opérations pilotes opérées entre 1977 et 1988<br />
(lacq Supérieur et Saint-Jean-de-Marvejols-et-avéjan, dans le sud de<br />
la France, poso creek, en californie, et émeraude, au congo), deux ont été<br />
des premières mondiales et restent à ce jour les seules jamais conduites<br />
en milieu carbonaté fissuré, et qui plus est en offshore pour émeraude.<br />
la première opération de steam drive s’est déroulée entre 1977 et la fin des<br />
années 1980 sur lacq Supérieur, réservoir à très fortes hétérogénéités<br />
alternant calcaires poreux mais peu perméables et dolomies à faible porosité<br />
mais à forte perméabilité de fissures. initiée par un premier pilote et étendue<br />
par deux fois pour impliquer finalement quatre puits injecteurs (dont un<br />
horizontal) et vingt producteurs, elle apporte la preuve de l’efficacité de la<br />
méthode dans un tel environnement avec une production incrémentale<br />
globale estimée à 110 000 m 3 en 1987. Mais elle permet aussi de mettre en<br />
lumière un phénomène secondaire majeur : la dissolution ionique des<br />
carbonates par la vapeur, à l’origine d’une production importante de co2 dans<br />
le réservoir, elle-même source d’une augmentation des taux de récupération.<br />
le même phénomène est au rendez-vous sur le pilote d’injection de vapeur<br />
mis en œuvre entre 1985 et 1988 sur émeraude, un champ très difficile<br />
à produire de l’offshore congolais. cette opération très audacieuse, déployée<br />
sur trois niveaux réservoirs, nécessite l’emploi d’un rig incliné pour forer<br />
des puits déviés (deux five spots pour une injection en steam drive sur deux<br />
niveaux et un puits en Huff & Puff sur le troisième) dans des réservoirs enfouis
Étape 1<br />
Injection de vapeur<br />
Étape 2<br />
Imprégnation<br />
La vapeur est injectée<br />
dans le réservoir.<br />
Étape 3<br />
Production<br />
La vapeur et l’eau<br />
condensée chauffent<br />
le brut visqueux.<br />
Le brut chauffé<br />
et l’eau sont pompés<br />
vers la surface.<br />
1 2<br />
3<br />
Techniques d’injection de vapeur<br />
Injecteur<br />
à seulement 200 m de profondeur. Mitigés sur deux niveaux, les résultats<br />
sont en revanche très encourageants sur le troisième. la production d’huile,<br />
initialement de 20 m 3 /j atteint 100 m 3 /j pour une production cumulée<br />
de 491 000 barils sur trois ans, avec un taux de récupération estimé à 50 % :<br />
une véritable prouesse sur un champ où la récupération plafonnait,<br />
jusqu’alors, à 3 %. un nouveau pilote à l’étude pour un champ africain<br />
est destiné à évaluer différentes options thermiques – parmi lesquelles<br />
la génération de vapeur en fond de puits – du point de vue de leurs<br />
performances technologiques, économiques et environnementales.<br />
L’eau, tout simpLement<br />
l’une des solutions d’avenir pour élever les taux de récupération sur<br />
les réservoirs carbonatés viendra peut-être de l’eau d’injection. Bien que très<br />
ancien, ce procédé vient d’être éclairé par des découvertes majeures. c’est<br />
dans le cadre des recherches conduites sur le champ norvégien d’Ekofisk<br />
qu’il est apparu que la <strong>com</strong>position saline de l’eau d’injection a une influence<br />
significative sur la récupération. Sur un échantillon de laboratoire, celle-ci<br />
peut ainsi passer de 10 à 50 % selon le profil des ions en présence (calcium,<br />
sulfate, magnésium, etc.). lorsque les réservoirs sont gréseux, c’est la teneur<br />
globale en sel de l’eau d’injection qui peut jouer, et plus précisément<br />
la diminution de la salinité. Variant de 2 à 30 points selon les manipulations,<br />
la récupération incrémentale atteint en moyenne 10 % sur une roche non<br />
fracturée. Sujet majeur de recherche pour les experts en pétrophysique<br />
de total, cette découverte est étudiée en collaboration avec plusieurs<br />
universités américaines, françaises et norvégiennes. il s’agit de <strong>com</strong>prendre<br />
les mécanismes fondamentaux à l’œuvre afin de pouvoir passer, aussi<br />
rapidement que possible, au stade du pilote.<br />
Vapeur<br />
Pertes de chaleur dans l’encaissant<br />
Zone<br />
vapeur<br />
Zone liquides chauds<br />
Condensation<br />
de la vapeur<br />
Huile<br />
froide<br />
Huile et<br />
vapeur<br />
Huile<br />
chaude<br />
(mobile)<br />
(peu mobile)<br />
Producteur<br />
1. Huff & Puff.<br />
2. Balayage à la vapeur.<br />
3. Système SaGD (Steam<br />
Assisted Gravity Drainage).
26<br />
EOR<br />
s<br />
L’E&P en chiffres -<br />
2008<br />
Effectif : 15 583 employés *<br />
(au 31 décembre 2008)<br />
Investissements :<br />
10 milliards d’euros<br />
Production de pétrole et de gaz :<br />
2,34 Mbep/j<br />
Réserves prouvées et probables :<br />
20 Gbep<br />
Présent dans plus<br />
de 40 pays<br />
L’un des premiers<br />
producteurs de pétrole et de gaz<br />
en Afrique<br />
L’un des plus<br />
importants<br />
producteurs d’hydrocarbures<br />
au Moyen-Orient<br />
Participations dans 9 sites<br />
de liquéfaction de gaz.<br />
* Filiales consolidées.<br />
//. grOupe<br />
TOTAL<br />
dans le monde<br />
en 2008<br />
sss<br />
Présent dans plus de cent trente pays, <strong>Total</strong>, l’un des<br />
groupes pétroliers et gaziers les plus dynamiques<br />
au monde, <strong>com</strong>pte à son actif de nombreuses avancées<br />
technologiques et économiques de premier plan.<br />
un AcTeur mOndiAL mAjeur<br />
<strong>Total</strong>, qui figure parmi les leaders en exploration et production<br />
de pétrole et de gaz, en gaz et énergies nouvelles, en trading et<br />
shipping ainsi qu’en raffinage et marketing, est également un acteur<br />
clé du secteur de la chimie. En 2008, le Groupe a produit un total<br />
de 2,34 millions de barils équivalent pétrole par jour (Mbep/j).<br />
Sa croissance future s’appuie sur des réserves prouvées et<br />
probables estimées à 20 milliards de barils équivalent pétrole<br />
et sur un portefeuille d’actifs regroupant les régions clés du monde<br />
en production de pétrole et de gaz. Leader du raffinage et marketing<br />
en Europe, <strong>Total</strong> détient une participation dans vingt-six raffineries,<br />
dont treize opérées directement, et exploite un réseau de près<br />
de 16 500 stations-service, essentiellement en Europe et en Afrique.<br />
Dans le secteur de la chimie, <strong>Total</strong> est l’un des plus grands<br />
producteurs intégrés au monde. Le Groupe est numéro un sur<br />
chacun de ses marchés principaux en Europe : pétrochimie,<br />
fertilisants et chimie de spécialités.<br />
expLOrATiOn-prOducTiOn : L’exceLLence<br />
OpérATiOnneLLe<br />
<strong>Total</strong> peut se féliciter d’être l’un des acteurs les plus actifs<br />
et les plus prospères de l’industrie pétrolière mondiale.<br />
Le Groupe maintient cette dynamique grâce à un vaste programme<br />
d’exploration ainsi qu’à une expertise et des capacités de recherche<br />
ultra-perfectionnées. Opérant dans les contextes géographiques<br />
et techniques les plus divers, <strong>Total</strong> s’est fixé un objectif stratégique :<br />
exploiter au mieux et de façon durable les ressources<br />
d’hydrocarbures, en préservant la sécurité des hommes<br />
et l’environnement.
Projets pour une croissance durable<br />
Tout en souhaitant optimiser les dernières ressources<br />
conventionnelles et prolonger la durée d’exploitation des champs<br />
matures, le Groupe entend promouvoir les technologies innovantes<br />
nécessaires pour garantir l’accès aux ressources futures.<br />
Les nombreux grands projets menés à bien par <strong>Total</strong> ont largement<br />
démontré sa capacité à maîtriser les enjeux technologiques et<br />
économiques de la production des grands gisements en conditions<br />
extrêmes, notamment les champs haute pression/haute<br />
température, les bruts extra-lourds, la production en offshore<br />
profond et ultra-profond, le transport multimodal d’effluents, etc. nnn<br />
Indonésie<br />
développement 2008-2009 Croissance 2010-2013 (e) Croissance 2013-2016 (e)<br />
27<br />
2008-2009 development<br />
Growth 2010-2013(e)<br />
Growth 2013-2016(e)<br />
Communication E&P – Conception et réalisation : – Crédits photo : Atlantide S.N.C., Castano, Marco Dufour, Peter Granser/laif,<br />
Gilles Lemdorfer, Laurent Pascal, Peerakit, Marc Roussel, Laurent Zylberman, DR – Infographies : Jean-Pascal Donnot, Idé – © <strong>Total</strong> – Décembre 2009.
COLLECTION SAVOIR-FAIRE<br />
Neuf domaines d’expertise pour prolonger<br />
la durée de vie des ressources d’hydrocarbures<br />
TOTAL S.A.<br />
Capital social : 5 929 520 185 euros<br />
542 051180 RCS Nanterre<br />
Exploration & Production - Paris<br />
2, place Jean-Millier<br />
La Défense 6 - 92078 Paris-La Défense Cedex - France<br />
Tél. 33 (0)1 47 44 45 46<br />
Exploration & Production - Pau<br />
Avenue Larribau - 64018 Pau Cedex - France<br />
Tél. 33 (0)5 59 83 40 00<br />
www.total.<strong>com</strong>