Comune di Roma - Urbact

03. Participation, Pour quoi? Pour qui?
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tique pouvant même constituer un frein à la mise en œuvre de mesures efficaces. D’un point de vue pratique, il
peut être nécessaire de concentrer l’effort participatif sur l’une des finalités.
Quoi qu’il en soit, on retiendra que:
• La spécification des finalités retenues est un préalable indispensable à la mise en œuvre d’un dispositif, aussi
bien du point de vue de la cohésion des équipes instigatrices que du point de vue de l’engagement des citoyens.
Elle est nécessaire aussi pour l’évaluation ex post.
• Clarifier et partager les enjeux de la participation permet de surcroît de limiter les stratégies d’instrumentalisation
et de détournement des instances et expériences, tant par les équipes locales que par les acteurs urbains.
• De cette clarification dépendent aussi les réflexions à mener sur les publics de la participation.
La participation, pour qui?
Définir les acteurs pertinents,
savoir les mobiliser
Dans l’idéal la participation s’adresse à tous. Par principe
démocratique, par recherche d’efficacité, par
souci d’intégration sociale, elle doit savoir mobiliser
un vaste public. Mais la participation ne se décrète
pas, et les absents sont parfois ceux que l’on remarque
le plus. Par ailleurs, cet idéal d’«ouverture» est difficile
à réaliser quand différents enjeux entrent en tension,
voire en contradiction. Par exemple: peut-on à la
fois ouvrir à tous (idéal démocratique) et espérer un
véritable travail en commun autour de projets précis
(principe d’efficacité)? Il appartient aux instigateurs
de penser très en amont la constitution du public et
les modalités de sa mobilisation afin de constituer des
espaces de discussion adaptés aux objets mis en débat.
Mobiliser les absents: un défi
Trois profils d’absents «chroniques» peuvent être définis:
• Les «fragiles»: ceux que les difficultés sociales tiennent
à distance d’un débat public perçu comme accessoire
au regard des problèmes personnels qu’ils ont à résoudre.
Leur absence conduit à ce que la participation soit
d’abord celle des catégories moyennes et supérieures.
• Les «désengagés»: ceux qui se reconnaîtraient sans
doute les compétences pour entrer dans l’arène participative,
mais qui, souvent critiques et méfiants à
l’égard du monde politique en général, ne voient pas
l’utilité d’un tel engagement. Les jeunes semblent
l’archétype de ces catégories désenchantées.
• Les «puissants»: ceux qui peuvent se permettre de se
taire, qui ont assez de liberté d’action et de pouvoir
pour se passer de la concertation, qui pensent avoir
une légitimité et une compétence suffisantes pour agir
seuls: bailleurs sociaux, propriétaires fonciers, promoteurs
immobiliers sont souvent absents des arènes participatives
où doit pourtant se dessiner l’avenir d’un espace
urbain dans lequel ils sont partie prenante.
Pas de fatalisme: même les plus circonspects, les plus
méfiants, peuvent être convaincus de participer si les
instigateurs font preuve de bon sens et d’invention
méthodologiques, et se donnent concrètement les
moyens de les mettre en œuvre.
Surtout:
• La présence des «puissants» requiert une pression du
politique. Si la société civile, et en particulier les associations
les mieux organisées, ne parviennent pas à
engager le dialogue avec ces acteurs indispensables à
la discussion, c’est aux élus de les amener à la discussion.
Présence assumée des responsables politiques et
pression sur les opérateurs privés se révèlent indispensables.
• L’investissement des «fragiles» et des «désengagés»
peut emprunter des chemins divers. L’une de ces
voies consiste à créer des dispositifs catégoriels et/ou
thématiques ayant explicitement pour objectif de toucher
des catégories dont on sait les difficultés ou les
réticences face à la participation.
EXEMPLE
À Bordeaux, comme dans de nombreuses autres villes, des
instances de participation ont été spécifiquement constituées
à destination des populations en difficultés bénéficiaires
de l’aide sociale (le Groupe de Dialogue Citoyen),
des personnes en situation de handicap (Conseil Ville
Handicaps), ou encore des jeunes (Conseil des Jeunes).
Par ailleurs, il peut s’avérer nécessaire d’accompagner
par étapes vers la démarche participative. Pour certaines
catégories de population démunies et centrées sur
la sphère privée (les femmes immigrées par exemple),
il s’agit d’organiser une préparation à l’exercice démocratique,
sous peine d’en rester à une ouverture
purement formelle et illusoire du débat.
«Parfois nous avons une représentation trop républicaine de
la démocratie. Ce n’est pas parce qu’une assemblée est ouverte
que tout le monde peut parler. Si l’on veut faire parler
des femmes musulmanes il faut en amont faire des groupes
de femmes entre elles. Ce n’est pas créer un ghetto, mais créer
les conditions d’une véritable égalité.» (association, Rome)
De façon générale, il est indispensable de mener une
politique volontariste pour aller au devant des habitants:
être présent sur leurs lieux de vie et de sociabilité,
renoncer à organiser des instances sans écouter