l'information numérique et les enjeux de la ... - smsi :: tunis 2005

INTERFACES CULTURELLES ET NORMES OUVERTES
Si les outils de communication et en particulier Internet
permettent de faciliter les échanges entre humains,
quelles conditions sont à réunir pour qu’ils soient au
service du plus grand nombre ? Au-delà des déclarations
générales sur l’intelligence collective, quels types de
dispositifs sociaux, culturels et techniques sont à mettre
en place pour aider les groupes à se prendre en charge ?
Quels éléments sont à privilégier dans la
communication sociale pour qu’elle puisse répondre aux
attentes de la population? Quel rôle jouent les
représentations dans la motivation des populations et
comment encourager le processus de réflexivité qui
préside à leur construction ? Comment utiliser la
médiation pour mieux insérer l’individu dans le projet
collectif ? Quelles procédures mettre en place pour
faciliter l’accès au savoir en ligne pour tous ?
L’apport des sciences de l’information et de la
communication est important lorsqu’il s’agit d’étudier
selon quelles modalités la communication sociale peut
aider à la résolution du verrou de l’accès au savoir en
ligne pour le plus grand nombre. Deux aspects méritent
d’être étudiés: les interfaces culturelles à utiliser à la
fois pour respecter les particularités culturelles locales
sous forme de mise en ligne de savoirs traditionnels par
exemple, et pour donner les règles de garantie
d’expression, d’accès à l’information, de protection des
données personnelles, de gestion des droits d’auteur,
etc.., les normes ouvertes pour banaliser les outils
utilisés en les rendant non seulement interopérables et
interchangeables, mais aussi adaptables à des
configurations culturelles différentes. Ainsi
l’implication des populations dans les projets de
développement les concernant pourrait être facilitée. De
manière plus générale, ces éléments apparaissent
comme stratégiques dans la mise en œuvre de projets de
développement endogène et durable.
Les interfaces culturelles, dispositifs de régulation
des échanges afin d’éviter les nouvelles formes
d’exploitation
Les interfaces culturelles sont à l’ordre du jour : elles
permettent d’envisager une autre mondialisation basée
sur la diversité culturelle au lieu de la pensée unique
libérale imposant la consommation ostentatoire et
compensatoire à l’occidentale comme seul mode de vie.
Recueil des résumés
de communications
Thème 1 : Les Sciences de l'information à l'ère du numérique
Michel ARNAUD
L’émergence des pays asiatiques est significative d’un
changement irréversible dans les équilibres
géopolitiques de la planète : les taux de croissance de
l’Inde, la Chine et la Corée du Sud pèsent sur la
demande mondiale de matières premières (acier et
pétrole). Les blocs géopolitiques se structurent autour
d’aires géographiques et culturelles, telles que
l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie, l’Orient
musulman, l’Afrique. Le fait que l’Asie soit en passe de
rattraper l’Europe et l’Amérique du Nord dans les
cinquante prochaines années tandis que l’Afrique restera
profondément défavorisée, modifie la donne politique et
culturelle. Il serait illusoire de penser que ces pays
adopteront le modèle occidental tel quel. Alors que
l’Orient musulman choisit un modèle s’inspirant du
khalifat, la pensée politique chinoise s’inspire de la
notion d’empire tel qu’il a existé pendant 3000 ans sur
le continent asiatique.
Ces rapports de force à l’œuvre ont des conséquences
culturelles en ce sens qu’ils modifient la teneur des
échanges : il ne s’agit plus d’avoir un modèle universel
de démocratie, de droits de l’homme allant de pair avec
le développement de l’économie de marché, mais des
variantes répondant aux diverses accommodations du
modèle économique global, fortement influencées par
les facteurs culturels propres à chaque bloc. Les
universaux occidentaux ne sont pas acceptés en tant que
tels, au point de faire déclarer à l’Iran que la diversité
culturelle suppose aussi le respect de l’identité culturelle
dans ce qu’elle peut avoir de plus contradictoire avec les
droits de l’homme. Aux yeux d’un philosophe chinois,
Zhao Tingyang, de l’Académie Chinoise des Sciences
Sociales, « tout universalisme est un
fondamentalisme ».
Loin de la linéarité des concepts de l’ère industrielle qui
ont donné naissance au colonialisme, une identité
complexe est en train d’émerger, où la composante
culturelle est plus centrale que jamais : si une culture
forte est un facteur important pour le respect des valeurs
ancestrales et le consensus social, base solide du
déploiement économique intérieur, il n’en reste pas
moins que la faculté d’écoute et de tolérance vis-à-vis
des autres cultures est aussi nécessaire vis-à-vis des
marchés extérieurs qu’il s’agit d’amadouer en en
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