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Colloque international:L'information numérique et les enjeux de la société d'information
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rapports sociopolitiques à un contrôle sévère de toute
information à large diffusion.
Les pouvoirs publics dans les pays arabes n’ont pas
manqué d’imposer une censure sur les secteurs de
l’édition, des médias et des bibliothèques. Les journaux
sont souvent interdits de manière arbitraire, plusieurs
ouvrages sont censurés, des journalistes et des écrivains
sont poursuivis en justice. Il arrive que des livres soient,
quelques fois, retirés des bibliothèques. Dans le rapport
du PNUD, 2003 sur la liberté de la presse et de l’édition
dans le monde arabe, on peut lire ceci : « Toutefois, les
restrictions les plus dangereuses restent celles imposées
par les autorités sécuritaires lorsqu’elles confisquent
des publications ou interdisent à certaines personnes de
se rendre dans un pays ou empêchent la vente de
certains ouvrages au cours de certains salons alors
qu’elles assurent la promotion d’autres types
d’ouvrages…Les premières victimes de cette absence de
liberté sont la créativité, l’innovation et le savoir» 1 .
Avec l’émergence des TIC, les conditions d’expression
et d’échanges d’information ont été considérablement
bouleversées. Les rapports entre les citoyens, les
institutions au sein de la société ont changé, les valeurs
et les principes d’organisation ont été mis en cause voire
menacés.
Les réseaux de communication, qui constituent un large
espace d’édition grand public, sont accessibles à tous.
L’information et le contenu disponibles sur Internet
n’obéissent à aucune validation ni évaluation avant sa
mise en ligne
Mais très vite, on s’est rendu compte du danger de
certains contenus présents sur Internet et de la menace
qui pèse sur les valeurs, les conceptions et les visions
qui régissent les sociétés. Ceci est d’autant plus
inquiétant que ces technologies de communication sont
à la portée de tout le public de différents âges et niveaux
d’instructions.
Les craintes qui animent les esprits sur l’information
diffusée sur les réseaux portent essentiellement sur des
sujets controversés tels que les opinions politiques
hétérodoxes (sites de groupes politiques extrémistes et
marginaux), les mœurs et pudeur publique, les discours
discriminatoires dirigés contre une race ou une religion,
les thèmes dangereux (drogue, armes, piratage de
communications téléphoniques), les secrets officiels sur
les services de renseignements de l’Etat, le contenu
diffamatoire, et le contenu touchant à la vie privée.
Le débat sur la censure qui se déroule aux Etats-Unis et
en Europe, oppose les partisans de la liberté
inconditionnelle sur Internet aux partisans du contrôle.
1 PNUD.- Rapport arabe sur le développement humain ,
Amman, 20 octobre 2003.
Les bibliothécaires se trouvent impliqués dans ce débat,
eux qui gèrent les points d’accès public à Internet.
Ils rejettent généralement toute responsabilité dans
l’usage que fait le public d’Internet, et trouvent que le
rôle de la bibliothèque consiste à protéger le droit de
l’usager d’accéder à l’information et de protéger la
confidentialité de l’info acquise par le public . Ils
refusent les lois et les filtres. Selon Hervé Le Crosnier :
« filtrer au nom du bien public c’est « infantaliser » la
société, c’est aussi masquer des intérêts économiques,
idéologiques, culturels et finalement des systèmes
d’hégémonie » il ajoute « devrait-on filtrer les
familles ? ou éduquer et guérir? Réprimer, sanctionner,
filtrer ce n’est pas le travail du bibliothécaire, laissons
la police faire son travail. L’individu est responsable et
non le bibliothécaire » 2 .
En contre partie, les bibliothèques proposent des codes
de conduite :
ALA : Code d’éthique
IFLA : Déclaration d’IFLA sur les bibliothèques et la
liberté intellectuelle. 1999.
Le monde arabe n’a pas soulevé publiquement ces
questions, plusieurs acteurs sont exclus de tout débat
(professionnels de l’information, groupes politiques,
associations,etc). Les pouvoirs publics ont instauré un
régime de contrôle pour restreindre la liberté
d’expression sur les réseaux. Ils octroient des licences à
des organisations les autorisant à vendre des services
Internet à partir d’un fournisseur soumis à leur contrôle.
Ils empêchent l’accès à certains sites, selon leurs
propres conceptions et intérêts, par le recours aux
logiciels de blocage. Ils engagent la responsabilité de
l’usager et du fournisseur d’accès. Ces mêmes pratiques
sont réitérées dans la majorité des pays du Sud.
Le libre accès à l’information scientifique et
technique (IST): une opportunité pour les sociétés en
émergence
Les chercheurs et les professionnels de l’information
ont développé de nouveaux outils appropriés qui
participent à la médiation scientifique et le partage des
connaissances sur le web et qui reposent sur les
principes de l’impact et la visibilité. 3 Le nouveau
modèle de communication scientifique propose le
transfert des savoirs par le biais des archives ouvertes et
2 LE CROS NIER, Hervé.- Filtrage, censure, limitation
à la circulation de la connaissance et de la
culture.- in BBF n°2 , 2002pp58-60 ; voir aussi
KESSLER ,Jack.-« Tout a changé… le filtrage des
informations et la censure, une actualité dans les
nouveaux Etats-Unis ».- in BBF, n°2, pp.12-20.
3 D’importants documents sur ce modèle sont
accessibles sur le site de l’INIST/CNRS- France
http://www.inist.fr/openaccess/
ISD, Tunis
14-16 avril 2005