l'information numérique et les enjeux de la ... - smsi :: tunis 2005

Union Européenne : Mise en place d’une politique
informationnelle et d’un plan d’action pour promouvoir
l’infrastructure des TIC, dés 1994.
Face aux immenses réservoirs d’information qui ne
cessent de se développer, il y a lieu de s’interroger sur
un certain nombre de points: quelles informations
utilise-t-on ? Quel contenu véhiculent les réseaux ?
Quelles sont leurs origines ? Quels sont leurs
producteurs ? Quelle est la part des créateurs
d’informations originaires de pays en voie de
développement dans la production
intellectuelle internationale? Dans quelles langues elle
est transmise ? Quel est le volume de la littérature
numérique arabe sur Internet ? etc.
Les flux d’informations en provenance du Nord, malgré
leur extrême importance et utilité pour tous les citoyens,
ne doivent pas nous détourner de leur provenance
puisqu’ils émanent de systèmes scientifiques et
informationnels propres à certaines zones et reflètent
des modèles culturels, des modes de pensée et
représentations de certaines communautés scientifiques
et intellectuelles déterminées, celles des pays
développés. Ces perceptions et conceptions ne sont pas
forcément partagées par les communautés de chercheurs
et penseurs des pays en émergence. Ces dernières se
sont efforcées de développer leurs propres modèles
culturels et scientifiques ; mais certaines n’ont fait que
reproduire les modèles de leurs anciennes métropoles.
Dans les deux cas, l’apport de ces communautés
scientifiques, dans le progrès des connaissances
universelles, demeure assez modeste et le volume de
leur production intellectuelle reste faible. Dans certaines
régions il est même insignifiant. A la lumière de ces
résultats, l’influence des penseurs et chercheurs des
sociétés en émergence sur la scène internationale est
limitée. Ils ne sont pas d’un grand secours pour leurs
pays et ne contribuent pas aux grands choix dans la vie
de ces nations pour repenser les nouvelles tendances
économiques et stratégiques, pour défendre leurs
intérêts, leur autonomie et sauvegarder leur identité dans
ce contexte de la mondialisation effrénée.
Pour illustrer certains aspects du « fossé cognitif » entre
les pays surinformés et les pays sous informés, en
faisant appel à certains indicateurs de la science et de la
créativité:
Nombre de créateurs d’IST dans le monde en 1997 : 5,2
millions chercheurs dont 72% dans les pays développés
et 28% seulement dans les pays en développement. Si
l’on tient compte du facteur démographique, la
répartition selon le nombre d’habitants est très inégale :
3 chercheurs/1000 habitants contre 0.35/1000 habitants.
On enregistre aussi 0.36 chercheur /1000 habitants dans
le monde arabe contre 5.2 chercheurs /1000 habitants en
Recueil des résumés
de communications
Conférences inaugurales
Israël (15 fois plus dépassant ainsi le taux du Japon 4.9
chercheurs /1000 habitants) 1 .
Production scientifique : l’édition dans des revues
scientifiques à comité de lecture « core journals »,
d’après l’Observatoire des sciences et techniques de
Paris, révèle qu’en 1997 la part des chercheurs du Sud
de la Méditerranée ne dépasse pas 2.7% de la littérature
scientifique internationale (1.9% en chimie, 2.00% en
médecine, 2.4 en ingénierie) 2 .
Taux de citation des travaux de chercheurs arabes
d’après Science Citation Index- SCI est très bas : 1
citation / article contre 3 citations / article pour Israël et
3.82 citations / article pour les Etats-Unis.
Concernant le contenu des travaux scientifiques arabes,
la contribution théorique et méthodologique des
chercheurs arabes est très limitée. Les chercheurs
tunisiens à titre d’exemple « continuent à appliquer des
concepts, des modèles et théories développés par les
communautés scientifiques occidentales. Ils ne se sont
pas efforcés durant plus de quarante ans à les réviser,
voire les dépasser pour en développer de nouveaux. La
suprématie de l’empirisme sur le théorique est un fait
marquant de leurs publications » 3 . Les élites des
sociétés émergentes ne sont pas compétitives sur la
scène internationale, de plus, elles n’apportent pas assez
de solutions pour résoudre les difficultés socioéconomiques
de leurs pays.
Le fossé cognitif est la manifestation de problèmes
sociaux, éducationnels et économiques très profonds
dans les pays du Sud, résultant d’un long processus
historique. Les technologies du numérique ont réussi à
faire émerger ces réalités et ces contradictions qui ne
pourraient être dépassées que par la mobilisation des
élites, et des ressources matérielles de ces régions et la
préparation des conditions favorables à la créativité, à la
1 ISHAAC,Jad; GHANAIM,Mohamed.- “Le fosse
scientifique et technologique dans le monde
arabe”(en arabe).-in : Sciences et technologies
dans le monde arabe : réalité et perspectives.-
Tunis : Alecso, 2003.- T.1. pp. 340-342
2 - BEN AHMED, Mohamed.-« Pour une stratégie arabe
des sciences et technologies : relever les défis du
XXIeme siècle (en arabe) ».-in : Sciences et
technologies dans le monde arabe : réalité et
perspectives.- Tunis : Alecso, 2003.- T.1..-
pp.426-427
3 - GDOURA, Wahid.- La recherche scientifique et
l’information en Tunisie : la production
scientifique des chercheurs tunisiens en sciences
humaines et sociales 1956-1987(arabe- résumé en
français).- Tunis : FTERSI, 2004
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