l'information numérique et les enjeux de la ... - smsi :: tunis 2005

Recueil des résumés
de communications
Conférences inaugurales
NUMERISATION, DIFFUSION, NORMALISATION DES TIC DANS L’APPRENTISSAGE :
L'OASIS OU LE MIRAGE
I. Introduction
Le recours aux technologies de l’information et de la
communication dans l’éducation comme problématique
de développement est devenu l’un des socles communs
à la fois de l’imaginaire collectif et des plans politiques
prospectifs de l’école primaire à l’université. C’est
d’ailleurs bien le problème qui se pose, comment faire
la part entre les fantasmes que suscitent ces excitantes
possibilités qu’offrent les techniques et les réels usages
et leurs véritables impacts par rapport à la massification
des besoins éducatifs. Depuis les années 70, on n'en finit
plus de penser à une révolution numérique dans
l’éducation qui semble cependant avoir pris un tournant
définitif avec la généralisation du réseau Internet
(Pouts-Lajus, Riché-Magnier, 98). Toute proportion
gardée, la technique a permis l’émergence de
technologies faciles à mettre en œuvre, relativement peu
coûteuses. Il est ainsi possible de voir se généraliser
l’accès aux savoirs pour tous, sur toute la planète sans
distinction. Pas sûr ! Puisque la technique est devenue
facile à manipuler, puisque chacun peut finalement se
décréter inventeur de concepts technologiques, on voit
proliférer des myriades de solutions, qui proposent aussi
bien de fournir des contenus que de les utiliser à des fins
d’apprentissage. L’anarchie qui en résulte, n’est pas
propice au commerce, et l’on voit bien qu’il s’agit là
d’un aspect extrêmement important. Car si l’on sait
comment dépenser de l’argent pour le développement
des technologies dans l’éducation au profit des éditeurs
de logiciels, des équipementiers, on ne sait pas dire
encore comment on en gagne du point de vue des
producteurs d’éducation. Par conséquent, et comme à
chaque fois que de nouvelles possibilités techniques
émergent, la pression est forte du point de vue du
marché pour structurer trois choses au moins : la
numérisation des contenus (Coüasnon, Dalbéra,
Emptoz, 03) et leur marchandisation ; la diffusion des
formations avec l'apparition notamment d'universités
d'entreprises (Ravet, 00) ; la normalisation de l’espace
E-Learning (Bruillard, La Passardière, 03). Il est
possible d'imaginer que ces opportunités nouvelles
pourraient permettre au pays du sud de trouver enfin
une voie de développement dont ils seraient maîtres.
Alain JAILLET
C'est l'espérance d'un oasis technologique. Mais en
observant l'évolution de ce secteur, il est tout aussi
possible d'imaginer que celle-ci ne soit qu'un mirage.
II. La numérisation des contenus : marchandisation
ou accès libre ?
Pour l'usager étudiant ou enseignant, les technologies
promettent des accès à la bibliothèque infinie des
contenus numériques. Il faut dès lors distinguer deux
types de ressources : - les contenus scientifiques publiés
dans des revues scientifiques reconnues ; - les archives
ouvertes libres et gratuites.
Pour les éditeurs, l'intérêt de la numérisation des
contenus est évident :
- diminution des coûts de production,
- suppression des coûts d'acheminement,
- mutualisation des équipements techniques de la chaîne
de production numérique,
- transfert de charges en direction des utilisateurs pour
ce qui concerne la consultation, l'impression.
Comme la tendance massive s'inscrit dans la
consultation en ligne, les perspectives sont
prometteuses. Il s'agit de percevoir une taxe à l'usage,
sur le modèle des télécommunications. Ainsi, les livres
ou les revues ne sont plus présents dans les
bibliothèques et l'on paye un droit d'accès à l'année ou à
la consultation. Les revues scientifiques reconnues sont
avant tout payantes, trustées par les groupes d'édition
anglo-saxons. S'abonner à ces revues numériques coûte
cher et pose de nombreux problèmes pour les pays du
sud. Insensiblement, on assiste à un néo-colonialisme de
l'occident qui impose une révolution numérique alors
que les bibliothèques classiques sont toujours
insuffisamment fournies dans les universités du sud.
L'argument de la numérisation pour les pays du sud
consiste à prétendre qu'il est plus facile de faire transiter
de l'information numérique que des supports papiers.
C'est aller un peu vite. Les institutions du sud, n'ont pas
forcément les moyens de financer le recours aux
contenus académiques de qualité chez les éditeurs, tout
comme elles ne peuvent pas forcément garantir le réseau
et parfois même l'électricité. On ne peut nier que
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