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ARNAUD D'OYHENART, SA FAMILLE ET LES NOUVELLES ELITES DE SON TEMPS
justice, n'était sans doute pas pour plaider en sa faveur. Son élection contestée
dut être confirmée par le parlement de Bordeaux, le 3 mai 162530.
Bien qu'élu par les dégans de Soule comme syndic, Arnaud d'Oyhenart
ne paraît pas contester la direction centraliste qu'exerce le gouvernement. S'il
assiste comme député de la noblesse de Navarre à la session des états de
Navarre qui se tient en 1640, à Saint-Palais, pour s'opposer à la création de
la sénéchaussée de Navarre, il ne cautionne pas l'opposition de la noblesse
menée par le bailli royal de Mixe et les différents baillis du pays, et les nobles
qui se sentaient dépossédés de leurs fonctions judiciaires par le nouveau tribunal
royal, et cela d'autant moins que son propre frère postulait à la charge
essentielle de lieutenant général. Il est probable aussi qu'Arnaud d'Oyhenart
pensait que le fonctionnement de la justice traditionnel le était défectueux et
qu'il fallait au moins le réformer31 . Le sénéchal offrait sur place des charges
d'auxiliaires de justice ou de magistrats, il connaissait de toutes les sentences
rendues par les juges inférieurs de son ressort, mais il se surimposait aux
anciennes juridictions et ne les supprimait pas.
Les nouvelles élites, nous l'avons déjà dit, se rencontraient notamment
dans les provinces périphériques avec le pouvoir royal dans la lutte contre
les hérétiques. Ces élites avaient été le plus souvent formées dans les collèges
des jésuites, mais elles trouvaient appui dans l'aversion populaire contre les
huguenots, alors que la noblesse avait souvent opté pour la réforme : c'est
tout à fait évident en Soule; le gouverneur Jean de Belsunce, le fils du bailli
royal Jacques de Béla sont, par exemple, protestants. La première intervention
connue d'Arnaud d'Oyhenart est sa participation à une délégation envoyée
auprès du gouverneur pour protester contre une interprétation trop large de
l'édit de Nantes qui fait que les huguenots tiennent leur prêche dans les
maisons de la ville. Cette hostilité assez générale contre les Réformés est
d'autant plus vive en Soule que celle-ci, proche du Béarn, a été assez largement
pénétrée par le protestantisme et qu'elle s'y double d'une hostilité plus générale
au Béarn32 Depuis 1617 a été décidé le rétablissement du culte catholique
dans ce pays, rattaché au royaume en 1620. Mais ces années sont aussi celles
du retour des guerres contre les protestants dans le Midi de la France, guerres
limitées territorialement qui ont pour but de réduire les protestants à la
situation commune sans toutefois les éteindre. Dans ce climat général de la
Contre-Réforme, menée avec efficacité par l'évêque Arnaud de Maytie et ses
successeurs, la tension est grande à Mauléon, d'autant qu'un édit de 1620
30 Son élection était contestée paree qu'elle n'avait été faite que par les dégans du Tiers
et non par les états assemblés (J-B de Jaurgain, op. cit., p. 8).
31 Il était convaincu qu'il fallait remettre de l'ordre dans la cour d'ordre de Soule et
dans la cour de Licharre (cf demande de réglements en 1629) et a participé au projet de
réforme de la justice en Basse-Navarre en 1632.
32 J-M Regnier, Histoire de la Soule, p. 173.
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