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JOSETTE PONTET
par les études et l'exercice de la profession d'avocat. Celle-ci n'était pas érigée
en office et était ouverte à la méritocratie : tout candidat d'au moins dixsept
ans, licencié de l'un ou l'autre droit pouvait accéder au barreau, moyennant
prestation d'un serment. Exercer cette profession alors que l'on était instruit,
doté d'un grade universitaire ne faisait pas déroger et valait même, çà et là,
la qualification de «noble homme»21. Par le mariage ensuite : on ne peut
qu'être frappé par la remarquable homogamie sociale du groupe: elle est
générale, les milieux de la robe, de la petite robe, des offices de justice détenant
le plus fort taux de mariages dans la même profession ou dans le même
milieu 22. Les d'Oyhenart, leurs descendants ou leurs alliés, se marient, entre
le milieu du XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, à plus de 80% dans
le cercle des avocats, procureurs du roi, conseillers, officiers de la chancellerie,
avec à chaque fois une tendance à l'hypergamie qui leur permet de gravir un
échelon dans la notabilité et dans la fortune, ces mariages alliant la notoriété
dans les élites urbaines et l'entrée dans la noblesse au moins à titre temporaire23.
Arnaud d'Oyhenart, par son mariage avec Jeanne d'Erdoy héritière de la
maison noble d'Erdoy, peut siéger aux états de Navarre comme député de la
noblesse24 ou comme juge et conseiller dans les cours mixtes de Mixe ou de
Navarre25.
Les d'Oyhenart ont privilégié les alliances dans leur parentèle. Avec les
Etchart d'abord. Arnaud père avait épousé Jeanne d'Etchart qui n'est restée
mariée que quatre ans avec lui, de 1589 à 1593, le temps d'en avoir cependant
au moins deux enfants. Elle s'est remariée assez vite (en 1595) avec Gabriel
d'Etchart qui a sans doute joué le role d'un père pour ses enfants et notamment
pour Arnaud qui est encore nourrisson au décès du sien et qui a moins de
trois ans lorsque sa mère se remarie. On voit ici un célibataire épouser une
veuve chargée de deux enfants mais qui lui a permis sans doute d'acquérir
la charge de procureur du roi en Soule que détenait son défunt mari. De ce
mariage naissent deux enfants, Charles qui héritera de la charge de procureur
du roi et une fille Claire-Jeanne. Veuf à son tour, Gabriel d'Etchart se remarie
avec Arnaudine d'Oyhenart, la propre belle-soeur de Jeanne, après avoir
21 Sur les avocats au XVIIe siècle, on pourra consulter utilement le Dictionnaire du
Grand Siécle, op. cit, art Auxiliaires de justice, p. 142-144.
22 Voir par exemple M. Gresset, Gens de justice á Besanpon, 1674-1789, Paris, 1978, 2
vol ou encore J-P Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les mutations d'un espace
social. Paris, 1983.
23 La noblesse est réelle, rattachée à la maison et se transmet par la femme à son mari,
permettant à celui-ci l'entrée aux états de la province ou aux fonctions de juge-jugeant dans
les cours locales, cour de Licharre ou de Mixe ici.
24 Ainsi y siège-t-il en 1640, alors que les états sont réunis à propos de la création de
la sénéchaussée de Navarre qu'ils contestent U-M Larre, art. cit., p. 6).
25 II participe notamment en décembre 1632 à la réformation du réglement des droits
de justice de Navarre (ibid, p. 5).
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