Chimène et le Cid - Musée Pierre Corneille
Chimène et le Cid - Musée Pierre Corneille
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Genèse de la pièce<br />
<strong>Pierre</strong> Corneil<strong>le</strong> écrivit c<strong>et</strong>te pièce : Le <strong>Cid</strong>, en 1636. Il vivait à Rouen, rue de la Pie dans sa<br />
maison nata<strong>le</strong> mais il se rendait aussi régulièrement dans sa Maison des Champs à P<strong>et</strong>it-<br />
Couronne.<br />
La première représentation du <strong>Cid</strong> eut lieu à Paris, au Théâtre du Marais <strong>le</strong> 2 ou 9 janvier 1637.<br />
Montdory, un acteur en vogue, rencontré à Rouen jouait <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de Rodrigue <strong>et</strong> Ml<strong>le</strong> Villiers celui<br />
de <strong>Chimène</strong>. Le succès fut si extraordinaire que <strong>le</strong>s gens se pressaient dans <strong>le</strong> moindre recoin de<br />
la sal<strong>le</strong> du théâtre devenu trop p<strong>et</strong>it.<br />
C<strong>et</strong>te pièce était directement inspirée de cel<strong>le</strong> d’un auteur espagnol alors bien connu de la<br />
bourgeoisie rouennaise : Las Mocedades del <strong>Cid</strong> par Guilhem de Castro.<br />
C<strong>et</strong>te pièce publiée en 1618 n’avait pas encore été traduite en français mais il existait à Rouen<br />
une importante colonie espagno<strong>le</strong>, si bien qu’une certaine catégorie de la population rouennaise<br />
parlait <strong>et</strong> lisait l’espagnol. C’était <strong>le</strong> cas des deux frères <strong>Pierre</strong> <strong>et</strong> Thomas Corneil<strong>le</strong>.<br />
Le succès rencontré par la pièce de <strong>Pierre</strong> Corneil<strong>le</strong> <strong>et</strong> une certaine arrogance de sa part<br />
contribuèrent à <strong>le</strong> rendre impopulaire auprès de quelques-uns de ses contemporains. Cela donna<br />
La querel<strong>le</strong> du <strong>Cid</strong>. Savoureux échanges épistolaires entre auteurs en mal de célébrité, ou au<br />
contraire largement parrainés par l’autorité de l’époque : <strong>le</strong> cardinal Richelieu.<br />
Face à ses détracteurs, <strong>Pierre</strong> Corneil<strong>le</strong> dut faire front. Il n’hésita pas notamment à citer in<br />
extenso <strong>le</strong>s vers empruntés à son collègue espagnol dans <strong>le</strong>s « préfaces » ou examens de ses<br />
éditions successives (1648, 1652, 1656 …).<br />
L’intrigue<br />
Rodrigo Diaz de Bivar (1043 – 1099 ) qui est plutôt considéré aujourd’hui par <strong>le</strong>s espagnols<br />
comme un bandit de grand chemin, un véritab<strong>le</strong> mercenaire, était un simp<strong>le</strong> chevalier devenu un<br />
héros en 1094 pour avoir repris aux Maures <strong>le</strong> royaume de Va<strong>le</strong>nce marquant ainsi <strong>le</strong> début<br />
d’une reconquête de l’Espagne. Il avait été surnommé <strong>le</strong> <strong>Cid</strong> Campeador (<strong>le</strong> seigneur batail<strong>le</strong>ur).<br />
Gommant quelques p<strong>et</strong>ites trahisons, l’écrivain Guilhem de Castro en fit en 1618, <strong>le</strong> héros d’une<br />
pièce de théâtre dans laquel<strong>le</strong> il était aimé <strong>et</strong> aimait <strong>Chimène</strong>, fil<strong>le</strong> du comte d’Oviedo. Or, <strong>le</strong><br />
destin n’allait pas tarder à obliger Rodrigue à se battre en duel avec <strong>le</strong> père de <strong>Chimène</strong> afin de<br />
venger l’honneur de son père. Ce duel allait m<strong>et</strong>tre <strong>Chimène</strong> dans une situation impossib<strong>le</strong> :<br />
épouser l’assassin de son père ou voir son amant perdre la vie.<br />
<strong>Pierre</strong> Corneil<strong>le</strong> ne pouvait qu’être intéressé par c<strong>et</strong>te situation remarquab<strong>le</strong> exaltant <strong>le</strong> devoir,<br />
l’honneur, la vaillance, du côté du héros <strong>et</strong> l’obéissance, <strong>le</strong> désir de vengeance <strong>et</strong> l’amour du côté<br />
de l’héroïne. Le public y trouva éga<strong>le</strong>ment son compte. Il faut cependant se rappe<strong>le</strong>r que depuis<br />
<strong>le</strong> mois de mai 1635, la France était en guerre contre l’Espagne mais quelquefois, l’ennemi peut<br />
fasciner <strong>et</strong> du reste, Maurry, l’éditeur des œuvres de Corneil<strong>le</strong>, publiait aussi cel<strong>le</strong>s d’écrivains<br />
espagnols exilés.<br />
Contrairement à d’autres pièces, Le <strong>Cid</strong> connut donc un destin assez mouvementé.<br />
Jouée comme une tragi-comédie, el<strong>le</strong> fut requalifiée en tragédie par son auteur dans la nouvel<strong>le</strong><br />
édition de 1648 précédée d’un « avertissement » justifiant <strong>le</strong> personnage très contesté de<br />
<strong>Chimène</strong> en se référant à la vérité historique puisqu’el<strong>le</strong> épousa bien Rodrigue.