PLAISIR(S) - CREC
PLAISIR(S) - CREC PLAISIR(S) - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine 85 seguidillas del señor Barbieri están, ciertamente, idealizadas : se asemejan a aquellos retratos parecidos a los originales, pero muy embellecidos por el pintor. De la misma manera, las seguidillas se han aristocratizado en manos del compositor y el público no cesa de aplaudir tan preciosa música, siempre española y esencialmente callejera, a pesar de las galas con que la ha revestido el señor Barbieri. Verdad es que el acompañamiento de castañuelas tiene toda la sal y pimienta de nuestros cantos nacionales [...] Tal es el efecto que causan las seguidillas, cantadas por la señorita Latorre y Salas de una manera que arrebata a los oyentes. Los señores concejales que habían asistido el sábado y domingo a la función, accedieron al momento a que se repitiesen las seguidillas 1 . Un quart de siècle plus tard, le théâtre du Circo del Príncipe Alfonso crée avec succès, le 24 mai 1876, Chorizos y polacos, zarzuela sur les coutumes théâtrales du XVIIIè siècle, en trois actes, de Barbieri, sur les vers de Luis Mariano de Larra. Après les traumatismes de la guerre carliste, ce sont les thèmes aussi passéistes qu’allègres qui plaisent par leurs côtés aussi dépaysants que rassurants. Et c’est en rythme ternaire et en fa majeur que les personnages de La Caramba, Caliche, l’oncle Tusa, chef de la claque du théâtre du Príncipe, ainsi qu’un chœur, interprètent le troisième morceau, les séguedilles de la Manche « ¡ La Polonia es flaca! » . Plaisir physique, cette jouissance ne relevant guère du raisonnement se trouve immédiatement perçue par l’ouïe et la vue, sens externes du récepteur. La passion « bolérologique » se déterminerait donc, de façon cartésienne, comme un état affectif subi par l’âme du fait de son union avec le corps. D’un point de vue aristotélicien, si le plaisir corporel procuré par le boléro provient de l’organe vocal ou du fonctionnement musculaire de l’exécutant, ce n’est qu’au prix de mille sacrifices. Le chanteur, le musicien ainsi que le danseur ne consentent au déplaisir momentané d’une initiation contraignante, d’une discipline inflexible comme d’un investissement total qu’afin de parvenir à la reconnaissance admirative du public plutôt qu’à l’autosatisfaction. Effectivement, le terme espagnol placer conserve la double acception de « plaisir » comme de « plaire, être agréable ». Outre les processus psychophysiologiques et les composantes sociales, le plaisir « bolérologique » engage aussi la personnalité globale du sujet. D’une part, il ne craint guère de se manifester par « cette intense langueur de joie, que ne peuvent donner que les larmes », la voluptas dolendi des Fragments d’Épicure. D’autre part, activité énergique qui se dépense positivement et conformément aux tendances de l’individualité, la passion « bolérologique » apparaît, sous un aspect rousseauiste, comme une inclination si ardente qu’elle l’envahit toute entière et constitue une des forces vives de son comportement. 1 La España, me. 13/3/1850.
86 LE(S) PLAISIR(S) EN ESPAGNE (XVIIIe – XXe SIÈCLES) Sublimée, dans une perspective freudienne, elle puiserait son ressort dans la vitalité de la pulsion sexuelle, mais dérivée vers un nouveau but visant une valorisation par la société.
- Page 36 and 37: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 38 and 39: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 40 and 41: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 42 and 43: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 44 and 45: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 46 and 47: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 48 and 49: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 50 and 51: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 52 and 53: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 54 and 55: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 56 and 57: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 58 and 59: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 60 and 61: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 62 and 63: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 64 and 65: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 66 and 67: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 68 and 69: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 70 and 71: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 72 and 73: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 74 and 75: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 76 and 77: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 78 and 79: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 80 and 81: haciendo que gasten modas y dinero
- Page 82 and 83: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 84 and 85: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 88 and 89: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 90 and 91: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 92 and 93: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 94 and 95: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 96 and 97: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 98 and 99: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 100 and 101: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 102 and 103: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 104 and 105: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 106 and 107: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 108 and 109: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 110 and 111: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 112 and 113: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 114 and 115: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 116 and 117: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 118 and 119: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 120 and 121: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 122 and 123: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 124 and 125: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 126 and 127: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 128 and 129: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 130 and 131: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 132 and 133: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 134 and 135: Centre de Recherche sur l’Espagne
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine 85<br />
seguidillas del señor Barbieri están, ciertamente, idealizadas : se asemejan a aquellos retratos<br />
parecidos a los originales, pero muy embellecidos por el pintor. De la misma manera, las seguidillas se<br />
han aristocratizado en manos del compositor y el público no cesa de aplaudir tan preciosa música,<br />
siempre española y esencialmente callejera, a pesar de las galas con que la ha revestido el señor<br />
Barbieri. Verdad es que el acompañamiento de castañuelas tiene toda la sal y pimienta de nuestros<br />
cantos nacionales [...] Tal es el efecto que causan las seguidillas, cantadas por la señorita Latorre y<br />
Salas de una manera que arrebata a los oyentes. Los señores concejales que habían asistido el sábado y<br />
domingo a la función, accedieron al momento a que se repitiesen las seguidillas 1 .<br />
Un quart de siècle plus tard, le théâtre du Circo del Príncipe Alfonso crée avec succès, le<br />
24 mai 1876, Chorizos y polacos, zarzuela sur les coutumes théâtrales du XVIIIè siècle, en<br />
trois actes, de Barbieri, sur les vers de Luis Mariano de Larra. Après les traumatismes de la<br />
guerre carliste, ce sont les thèmes aussi passéistes qu’allègres qui plaisent par leurs côtés<br />
aussi dépaysants que rassurants. Et c’est en rythme ternaire et en fa majeur que les<br />
personnages de La Caramba, Caliche, l’oncle Tusa, chef de la claque du théâtre du<br />
Príncipe, ainsi qu’un chœur, interprètent le troisième morceau, les séguedilles de la<br />
Manche « ¡ La Polonia es flaca! » .<br />
Plaisir physique, cette jouissance ne relevant guère du raisonnement se trouve<br />
immédiatement perçue par l’ouïe et la vue, sens externes du récepteur. La passion<br />
« bolérologique » se déterminerait donc, de façon cartésienne, comme un état affectif subi<br />
par l’âme du fait de son union avec le corps.<br />
D’un point de vue aristotélicien, si le plaisir corporel procuré par le boléro provient de<br />
l’organe vocal ou du fonctionnement musculaire de l’exécutant, ce n’est qu’au prix de<br />
mille sacrifices. Le chanteur, le musicien ainsi que le danseur ne consentent au déplaisir<br />
momentané d’une initiation contraignante, d’une discipline inflexible comme d’un<br />
investissement total qu’afin de parvenir à la reconnaissance admirative du public plutôt<br />
qu’à l’autosatisfaction. Effectivement, le terme espagnol placer conserve la double<br />
acception de « plaisir » comme de « plaire, être agréable ».<br />
Outre les processus psychophysiologiques et les composantes sociales, le plaisir<br />
« bolérologique » engage aussi la personnalité globale du sujet. D’une part, il ne craint<br />
guère de se manifester par « cette intense langueur de joie, que ne peuvent donner que les<br />
larmes », la voluptas dolendi des Fragments d’Épicure. D’autre part, activité énergique qui<br />
se dépense positivement et conformément aux tendances de l’individualité, la passion<br />
« bolérologique » apparaît, sous un aspect rousseauiste, comme une inclination si ardente<br />
qu’elle l’envahit toute entière et constitue une des forces vives de son comportement.<br />
1 La España, me. 13/3/1850.