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PLAISIR(S) - CREC

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LE(S) <strong>PLAISIR</strong>(S) EN ESPAGNE (XVIIIe – XXe SIÈCLES)<br />

criaturas. Sin combinar el impulso de estos dos apetitos, el hombre no puede hallar la perfección de su ser.<br />

Porque el primero le mueve solamente a buscar el placer y evitar el dolor, sin considerar otra ley que la de su<br />

bienestar presente, y sin idea de otra perfección que la de la satisfacción de sus sentidos. Pero el segundo,<br />

descubriéndole el fin para que fue criado, y presentándole la idea de un bien más real y permanente, y de una<br />

perfección más propia de su ser, le inspira el deseo de aspirar a ella, y de alcanzar la verdadera felicidad 1 .<br />

En souhaitant la « combinaison » des deux formes d’appétits qui animent le sujet humain<br />

(partagé entre un désir de plaisir aveuglé, dépourvu de sens moral et sans souci d’autrui, et une<br />

raison intelligente, qui sait, en le détournant d’un plaisir précaire et nocif, le conduire vers un<br />

bonheur supérieur), Jovellanos dessine un programme de perfectionnement de l’être humain<br />

dans l’Histoire : l’homme animal doit tendre vers le modèle de l’homme spirituel et<br />

« religieux », capable de transcender ses pulsions animales et accéder à l’idée du Souverain<br />

Bien, du Juste, à Dieu, en un mot, source de toute perfection. Jovellanos oppose le vrai bonheur,<br />

durable et vertueux, au plaisir fugace, à l’abandon aux sens, à la transgression de toute loi,<br />

politique et religieuse. La quête désordonnée de plaisirs superficiels conduit à une frustration<br />

répétée par ricochet. Le bonheur a ceci de supérieur au plaisir qu’il entre en harmonie avec le<br />

bien et le juste. Il semble coïncider avec une suspension, un tarissement du désir. Le malheur,<br />

que suscite l’anarchie des pulsions proliférantes de jouissance, trouverait sa résolution dans la<br />

disparition du sentiment de manque et de besoin. En accédant à Dieu, l’homme trouverait<br />

l’apaisement : « ¿Quién pues no conoce que este natural apetito del hombre al sumo bien le<br />

conduce continuamente hacia Dios, único ser perfectísimo, y fuera del cual no puede existir<br />

ninguna especie de felicidad ? » 2<br />

Jovellanos parle de « puro y sublime sentimiento que goza el hombre religioso cuando,<br />

penetrado de amor y reconocimiento hacia el divino Autor de sus días, siente en su alma haber<br />

llenado en cuanto pudo su flaca condición, el alto fin de amor y de bondad para que le colocó<br />

sobre la tierra ? » 3 A travers l’“homme religieux” se réalise la culmination de l’idée d’humanité.<br />

Les imperfections de l’homme actuel seront résolues lorsque la grâce de Dieu aura envahi tous<br />

les cœurs, dans un futur inconnu. Alors, la société humaine ne sera plus le rassemblement de<br />

consciences intéressées, égoïstes et antagoniques, mais une communauté harmonieuse et<br />

réconciliée d’âmes tendues vers la contemplation du souverain Bien. L’éducation remplit une<br />

fonction déterminante dans cette vision du développement de l’homme dans le temps. Épaulant<br />

la foi ou venant la compenser provisoirement chez ceux qu’elle n’anime pas encore, elle doit<br />

1 JOVELLANOS, G. M., Memoria sobre la educación pública..., p. 674.<br />

2 Ibid.., p. 672.<br />

3 Ibid., p. 639.

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