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PLAISIR(S) - CREC

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LE(S) <strong>PLAISIR</strong>(S) EN ESPAGNE (XVIIIe – XXe SIÈCLES)<br />

Le contrat social ne se fonde pas sur le présupposé d’une bonté altruiste de l’homme mais<br />

sur le désir de celui-ci d’être secouru et de voir garanties et même accrues les conditions de sa<br />

propre jouissance. La vertu de bienveillance est instituée par le politique.<br />

Des moralistes anglais tels que Hutcheson, Shaftesbury, et des Espagnols comme<br />

Jovellanos, considèrent que l’égoïsme de l’homme est tempéré par une bonté naturelle qui<br />

l’empêche de s’avilir en un cynisme prédateur. Chez Jovellanos, cette pensée est soutenue par<br />

l’idée selon laquelle l’homme doit régler son action sur le Souverain Bien, sur les principes de<br />

la justice de Dieu. Si l’homme ne semble pas tendre vers Dieu comme il le devrait, alors<br />

l’éducation se chargera de lui faire redécouvrir sa nature intime.<br />

Le baron d’Holbach défend une définition matérialiste et utilitariste de la morale. La société<br />

trouve son bien dans ce qui lui est profitable. La vertu, détachée de l’idée de transcendance<br />

morale, se définit désormais relativement par rapport à un intérêt. Le plaisir sera vertueux s’il ne<br />

contredit pas l’intérêt public. Cet utilitarisme moral, que l’on a déjà souligné dans le « Troisième<br />

Discours » de Marchena, apparaît également à l’occasion chez Jovellanos, comme dans cet<br />

extrait d’une lettre adressée à Vargas Ponce, où est abordée la question de la corrida :<br />

No habiendo de combatir usted esta diversión [cf. la corrida] como teólogo, sino como filósofo, juzgo<br />

que debe examinar solamente sus relaciones políticas, morales y económicas, a saber : primero, si es o no<br />

diversión nacional, y si siéndolo, es de alguna gloria o utilidad a la nación ; segundo, si tiene o no influencia<br />

en el genio o en lo que se llama carácter de los españoles ; tercero, si produce alguna ventaja o desventaja a la<br />

agricultura o industria nacional 1 .<br />

Dans sa Memoria sobre la policía de los espectáculos y diversiones públicas, Jovellanos<br />

inscrit son discours sur le plaisir et la gaieté qui en découle dans le cadre d’une pensée<br />

utilitariste. Afin de servir le projet d’un règne de la vertu politique, il est important de savoir<br />

user avec habileté des ressorts du désir humain : « Un pueblo libre y alegre será precisamente<br />

activo y laborioso ; y siéndolo será bien morigerado y obediente a la justicia. Cuanto más goce,<br />

tanto más amará el gobierno en que vive, tanto mejor le obedecerá, tanto más de buen grado<br />

concurrirá a sustentarle y defender le » 2 .<br />

Contrairement aux accusations prononcées par ses adversaires, la pensée politique<br />

matérialiste s’articule autour d’une morale politique contraignante car émanant d’une<br />

construction juridique chargée d’encadrer l’énergie des passions désordonnées de l’homme.<br />

1 JOVELLANOS, G.M. de, Carta de Jovellanos al Teniente de Navío Don José Vargas Ponce en que le propone el<br />

plan que debia seguir en una disertación que iba a escribir contra las fiestas de toros, in Obras de Don Gaspar<br />

Melchor de Jovellanos, Madrid, B.A.E., Rivadeneyra, tomo L, 1859, p. 262<br />

2 JOVELLANOS, G.M. de, Memoria sobre la Policía de los espectáculos y diversiones públicas, y su origen en<br />

España, in Obras de Gaspar Melchor de Jovellanos, Madrid, Establecimiento Tipográfico, de D. F. de P. Mellado<br />

Editor, Madrid, 1845, tome I, p. 418.

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