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La 628-E8 - Octave Mirbeau - Éditions du Boucher

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LA <strong>628</strong>-<strong>E8</strong><br />

consacrer un article dans la grande presse et à acheter ses toiles 1 ,<br />

il projetait hors de lui « sa personnalité », qui « débordait en illuminations<br />

ardentes sur tout ce qu’il voyait, sur tout ce qu’il touchait,<br />

tout ce qu’il sentait », et il forçait la nature « à s’assouplir, à<br />

se mouler aux forces de sa pensée, à le suivre dans ses envolées, à<br />

subir même ses déformations si caractéristiques » 2 . Mais Monet<br />

et Van Gogh avaient ceci de commun qu’ils étaient immobiles<br />

devant le motif, le chevalet bien planté dans la terre, et au besoin<br />

solidement arrimé pour résister aux aléas climatiques, à la pluie<br />

et aux bourrasques, comme Monet en a fait l’expérience à Belle-<br />

Isle en 1886 ou en Norvège en 1895, et c’est le paysage qui se<br />

modifiait sous leurs yeux au fil des heures ou des saisons.<br />

Si <strong>Octave</strong> <strong>Mirbeau</strong> est un écrivain nourri de culture classique,<br />

il n’en est pas moins délibérément moderne 3 . Il fait partie,<br />

comme ses amis peintres, de ces chercheurs de neuf dont il a été<br />

l’apologiste et le promoteur, et comme eux il a tenté de créer de<br />

nouvelles ressources à son art afin d’exprimer des sensations<br />

nouvelles procurées par un monde en perpétuelle transformation.<br />

On peut dire de lui qu’il a réalisé en quelque sorte, dans son<br />

œuvre littéraire, et avec l’outil des mots, la synthèse de ce que<br />

Monet et Van Gogh 4 réalisaient au moyen des couleurs, et qu’il a<br />

combiné à sa manière, aussi « caractéristique » et reconnaissable<br />

que celle des deux peintres, l’impressionnisme classique et équilibré<br />

de l’un et l’expressionnisme échevelé de l’autre. Ce n’est<br />

donc évidemment pas un hasard si des sous-chapitres de <strong>La</strong> <strong>628</strong>-<br />

<strong>E8</strong> leur sont précisément consacrés. Mais, avec ce nouvel opus,<br />

1. Les Iris et les Tournesols, qu’il a achetés 600 francs en 1891 (soit 1 800 euros)<br />

et qui ont été reven<strong>du</strong>s plus de 82 millions d’euros en 1987…<br />

2. <strong>Octave</strong> <strong>Mirbeau</strong>, « Vincent Van Gogh », L’Écho de Paris, 31 mars 1891 (article<br />

recueilli dans ses Combats esthétiques, Nouvelles <strong>Éditions</strong> Séguier, Paris, 1993, t. I,<br />

p. 442).<br />

3. Voir notre article, « <strong>Mirbeau</strong> et le concept de modernité », Cahiers <strong>Octave</strong> <strong>Mirbeau</strong>,<br />

n° 4, Angers, 1997, pp. 11-22.<br />

4. Rappelons que <strong>Mirbeau</strong> s’est largement inspiré de Van Gogh pour imaginer le<br />

peintre Lucien de Dans le ciel, roman publié en feuilleton en 1892-1893 (et disponible<br />

sur le site des <strong>Éditions</strong> <strong>du</strong> <strong>Boucher</strong> — http://www.leboucher.com/vous/mirbeau/dansleciel1.html).<br />

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