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La 628-E8 - Octave Mirbeau - Éditions du Boucher

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OCTAVE MIRBEAU<br />

Et, de plus en plus rieuse :<br />

— C’est ce maudit cheval… répéta-t-elle… Et comme je suis<br />

fâchée de vous causer tant d’embarras!<br />

Brossette avait ramené le cheval, le calmait par de bonnes<br />

paroles… Comme nous aidions la jeune paysanne à remonter en<br />

voiture :<br />

— Je suis bien reconnaissante… bien reconnaissante… disaitelle.<br />

Et avec un regard suppliant :<br />

— Ah! monsieur, ne parlez pas de ça… Ne le dites à personne…<br />

Parce que, si on savait, chez nous… eh bien, jamais<br />

plus, je ne pourrais aller, toute seule, à Krefeld, avec mon petit<br />

cheval…<br />

Elle avait pris les guides :<br />

— Là! là!… Tu vas te tenir tranquille, maintenant… Petit<br />

imbécile!… Excusez encore… Excusez bien…<br />

Une demi-heure après, nous franchissions le Rhin, sur<br />

l’immense pont de Düsseldorf.<br />

Düsseldorf<br />

Donc, la première ville d’Allemagne où nous séjournâmes un<br />

peu, ce fut — je ne m’en vante pas — Düsseldorf. Et, dès mon<br />

arrivée, je regrettai de ne m’être pas arrêté à Krefeld.<br />

Nous descendîmes, ainsi qu’il convient, au Bradenbrager-Hof.<br />

Tout ce que je dirai de cet hôtel peut s’appliquer exactement<br />

à la ville, à toute la ville neuve, <strong>du</strong> moins, qui est, comme on sait,<br />

la ville, par excellence, <strong>du</strong> modern-style. Quand j’aurai décrit<br />

l’hôtel, j’aurai décrit la ville, ses rues, ses maisons chamarrées,<br />

ses boutiques luxueuses… sauf le Rhin, le large et beau Rhin qui<br />

s’obstine à repousser la collaboration de M. Vandevelde, et à<br />

conserver un style très ancien. En simplifiant, de la sorte, ma<br />

besogne, cela me permettra, par la suite, de ne pas prolonger en<br />

moi et en vous, chers lecteurs, cette espèce de cauchemar affolant<br />

qu’infligèrent à notre imagination, passionnée de belles<br />

lignes et de belles formes, tant de Belges exaspérés et novateurs…<br />

Car — à quoi bon vous le cacher? — nous nous heurtons,<br />

partout ici, au lyrisme décoratif de M. Vandevelde. Après<br />

avoir mis à l’envers les maisons et les meubles de la pauvre Belgique,<br />

il est venu s’installer à Weimar… C’est de là qu’il déverse,<br />

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