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La 628-E8 - Octave Mirbeau - Éditions du Boucher

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LA <strong>628</strong>-<strong>E8</strong><br />

Heureusement, tout n’est pas <strong>du</strong> passé, tout n’est pas mort à<br />

Dordrecht, et c’est avec une joie « bien moderne » que j’ai vu<br />

vivre les machines et se tordre la vapeur sous la pluie. Une activité<br />

qui ne bavarde point, comme les commères <strong>du</strong> marché, mais<br />

besogne, anime étrangement les quartiers neufs et les quais. Sans<br />

en avoir l’air, Dordrecht commerce de tout, avec toute la terre.<br />

C’est, au carrefour de ses fleuves, une des plus importantes gares<br />

d’eau de l’Allemagne. Ce que les artères des canaux et des<br />

rivières ne charrient pas jusqu’à son port, elle le fabrique, le<br />

malaxe, le forge, l’ajuste elle-même : poissons fumés et salés,<br />

cacaos et tabacs, charbons de Belgique, d’Allemagne et d’Angleterre,<br />

outils qui seront maniés partout, machines à construire des<br />

machines, vaisseaux qui feront — combien de fois? — le tour <strong>du</strong><br />

monde. Et tout cela se prépare, se camionne, vogue, débarque et<br />

s’embarque, parmi les coups de sifflet et les coups de marteau, le<br />

vacarme des tôles, le grincement des poulies, et les hurlements<br />

qui n’en finissent pas des sirènes.<br />

On dirait que toute cette eau dans laquelle elle baigne, la ville<br />

vivante la dilate en vapeur, et, quand elle en a utilisé la force<br />

expansive et laborieuse, qu’elle la laisse retomber en pluie, sans<br />

s’arrêter de travailler, sur la ville morte.<br />

Le musée des Boers<br />

Nous n’avons vu à Dordrecht qu’un musée, mais qui m’a<br />

assez remué, pour m’empêcher d’entrer dans aucun autre : le<br />

musée des Boers.<br />

Ceux-là aussi, au moins autant que le maître de <strong>La</strong> Mort de<br />

Marie, Pourbus ou les Breughel, Jean Steen ou van Ostade, Cuyp<br />

ou van Goyen 1 , sont bien de Hollande et de l’école hollandaise.<br />

Malgré le temps, le climat, le sol, l’adaptation aux habitudes nouvelles,<br />

ils ont gardé le même visage <strong>du</strong>r et tranquille, la même<br />

stature robuste de leurs frères métropolitains, avec quelque<br />

1. Franz Porbus le vieux (1540-1580) et Franz Porbus le jeune (1570-1622)<br />

étaient anversois. Pieter Bruegel, ou Breughel, le Vieux (1530-1600) et Johann<br />

Bruegel, dit de Velours (1568-1625), étaient bruxellois. Jan Steen (1626-1679) était<br />

de Leyde. Adriaen van Ostade (1610-1685) et Isack van Ostade (1621-1657) étaient<br />

d’Amsterdam, quoique nés à Lübeck. Albert Cuyp (1605-1691), le peintre des<br />

vaches, était de Dordrecht. Jan van Goyen (1596-1656) s’était fixé à <strong>La</strong> Haye.<br />

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