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La 628-E8 - Octave Mirbeau - Éditions du Boucher

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LA <strong>628</strong>-<strong>E8</strong><br />

rongés des vers, d’autres encore à de menus monuments funéraires,<br />

prématurément édifiés pour y recevoir les membres<br />

mutilés de leurs infortunés con<strong>du</strong>cteurs… et encore d’autres,<br />

dont l’ambition, peu éclatante, se borne à simuler, en vue d’on ne<br />

sait quelle analogie, un modeste tuyau de poêle couché… Il y en<br />

a dont l’emphase, tout italienne, et, nous l’avons vu, toute<br />

bruxelloise, est comique, à développer l’envergure d’une cloche à<br />

gaz autour de chambres vides où ne détonne pas seulement la<br />

puissance de huit chevaux de fiacre. Il y a aussi des voitures qui,<br />

au repos, paraissent logiques, stables, depuis l’avant courbé à<br />

souhait, jusqu’à l’arrière arrondi en poupe de chaland, et qui,<br />

quand la machine les emporte, sursautent, tressautent, se désunissent<br />

et ferraillent lugubrement, de ce fait seul que leur maître,<br />

mal à propos ambitieux, n’a pas compris l’irréparable faute<br />

d’équilibre et de goût qu’est un porte-à-faux. C’est le même,<br />

entrepreneur enrichi, commissionnaire heureux, qui croit étaler<br />

un faste seigneurial, en installant au volant de son auto un mécanicien<br />

rasé, botté, sanglé, affublé dérisoirement d’un hautde-forme,<br />

d’une livrée de cocher resplendissante et obscène…<br />

Quant à la voiture électrique, elle n’est qu’un leurre, ne<br />

sachant pas encore où loger sa force…<br />

Et je n’ai pas un lit où reposer ma tête…<br />

*<br />

* *<br />

Mais, enfin, il faut bien le dire, une forme s’établit, surtout en<br />

France, qui a ce qu’il convient pour nous satisfaire.<br />

Si je suis sensible, par exemple, à la belle ligne, à la belle<br />

courbe, si pleine, si modelée, si parfaitement harmonieuse <strong>du</strong><br />

capot de la Charron, c’est qu’il enferme toute la machine et lui<br />

applique son épiderme exact. Je ne le suis pas moins à l’agencement<br />

<strong>du</strong> moteur, à l’enroulement étudié des volutes de cuivre, au<br />

quadruple embranchement de l’admission si pratiquement<br />

mécanique et si joliment ornemental, à tout le dispositif assemblant<br />

les métaux les plus propres à leur objet, à la distribution<br />

anatomique des pièces qui, non seulement fait vivre le moteur et<br />

captive sa fougue, mais encore lui donne une beauté véritable.<br />

Oui, une beauté, cher monsieur Mauclair de la Lune…<br />

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