408 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek
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610 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1699 N. 366 des bonnes dispositions dans la volonté de l’homme elles ne viennent que de Dieu. Et disant, qu’il n’empeche point qu’on mette le decret de donner la foy devant celuy de la destination au salut, il leve une bonne partie de la dispute, qui aussi bien n’est pas des plus importantes, quand on demeureroit en differend là dessus. 5 Puisque une bonne partie des Theologiens Evangeliques ne tient point la Toute Presence du Corps de Jesus Christ, il est bien visible, qu’on ne la doit point exiger des Reformés. Cependant je ne crois point qu’il soit fort convenable de dire icy avec l’auteur que cette Doctrine est absurde. Tout ce qui n’est point vray, n’est point absurde pour cela, et les expressions choquantes ne font gueres de bon effect. 10 Je vois qu’il impute aux Theologiens Evangeliques (car je ne me sers point du terme de Lutheriens non plus que de celui de Calvinistes), qu’ils soutiennent une M a n d u - c a t i o n C h a r n e l l e du Corps de Jesus Christ: mais ceux qui parlent juste, sont fort eloignés de cette expression: ils ne disent pas même qu’elle est c o r p o r e l l e ; de peur qu’au lieu de l’appliquer à l’objet qui est un corps, on ne l’applique à la maniere, qui n’est 15 point ordinaire aux corps. Et je remarque qu’encor dans l’Eglise Romaine on s’abstient volontiers de ces expressions. Il suffit une presence vraye, reelle et substantielle, et que la substance du corps de Jesus Christ soit unie veritablement à nostre substance dans la communion, suivant ce qu’on entend dans les paroles de Nostre Seigneur: dont il faut conserver le sens propre autant qu’il est possible, pour ne point autoriser les Sociniens et 20 autres heterodoxes, en d’autres matieres. Il est vray que si le sens propre emportoit une impossibilité, il faudroit s’en departir et venir aux figures. Mais on n’en convient pas, apres avoir même examiné les raisons du celebre Aubertin; et on doute fort que l’auteur ait establi (comme il dit) l’impossibilité et l’inutilité du sens litéral par des preuves aux quelles on ne puisse jamais rien repondre de raisonnable. 25 Pour ce qui est de la grace irresistible, et des actions morales necessaires et libres en même temps dont la lettre parle ensuite; il faut une explication. On prend quelque fois 4 f. dessus. Absatz (1 ) Il m’a toujours | paru aussi erg. | qve dans la controverse de la perseverance des saints il (a) avoit (b) a de l’eqvivoqve, ou du moins qv’elle est de peu d’importance, qvand on s’entend. (aa) Et je scay, Monsieur, qve Vous (bb) Et j’ay esté ravi d’apprendre, qve vous estes, Monsieur, dans le meme sentiment (2 ) Puisqve L 10 f. (car . . . Calvinistes) am Rande erg. L 22 Aubertin: E. Aubertin hatte in seinem Buch Conformité de la créance de l’Eglise et de S. Augustin sur le sacrement de l’eucharistie, 1626, behauptet, die Lehre der Transsubstantiation und der Realpräsenz im Abendmahl sei in der frühen Kirche unbekannt gewesen.
N. 366 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1699 611 le mot de necessité d’une maniere si ample, que tout ce qui est certain et determiné, est compté pour necessaire, comme par exemple lors que Nostre Seigneur dit, qu’il faut que les Scandales arrivent. Et de cette maniere tous les futurs contingens seroient necessaires, leur verité estant determinée. Mais quand on parle en termes de philosophie, on distingue le libre et contingent du necessaire. Et dans ce sens il n’est point besoin que la grace 5 nous necessite, ny qu’elle soit irresistible. Car quoyque toute bonne impulsion vienne de la grace de Dieu, neantmoins les resistences, et empechemens p e u v e n t venir de nous; lors mêmes qu’ils ne viennent point actuellement. Il est même plus exact de dire que les bonnes Actions de Dieu, des Anges confirmés, et des Saints glorifiés ne sont point necessaires; quoyqu’elles soyent asseurées: et la raison est par ce qu’elles se font par choix, 10 au lieu que la necessité a lieu, lorsqu’il n’y a point de choix à faire. Quand il y a plusieurs chemins, on a la liberté de choisir, et bien que l’un soit meilleur que l’autre, c’est cela même qui fait le choix: et quand même il n’y a qu’un seul bon, comme lors qu’il y a un pont sur une riviere profonde et rapide[,] on ne laisse pas de choisir entre le pont et la riviere, quoyqu’il n’y ait gueres à balancer. Mais si on se trouvoit dans une rue étroite, 15 entre deux hautes murailles, il n’y auroit qu’un seul chemin possible, et cela represente la necessité. On voit par là que ce n’est pas l’indifference d’equilibre, pour ainsi dire qui constitue la liberté, mais la faculté de choisir entre plusieurs possibles, quoyqu’ils ne soyent point egalement faisables ou convenables à celuy qui agit. C’est tout ce que je trouve maintenant à remarquer sur la belle lettre de ce sçavant 20 auteur, la quelle marque assez son merite et sa bonne intention. Dieu y veuille donner sa benediction et toucher les esprits de part et d’autre, pour faire ce qui est le plus convenable pour le bien de son Eglise. Je sousmets tout ceci à vostre jugement, et je suis etc. etc. Monsieur vostre tres humble et tres tres obeissant serviteur etc. 25 P. S. J’avois oublié un point assez considerable: La lettre dit: que le differend entre eux et nous à l’egard de la predestination roule sur cecy: sçavoir si le decret de nostre election est un acte de juge, ou un acte du bon plaisir de Dieu, comme du souverain maistre du monde: Mais je crois qu’on pourroit fort bien permettre qu’ils soûtiennent ce dernier, pourveu qu’ils reconnoissent suivant ce que j’ay remarqué au commencement de 30 3 f. Et . . . determinée am Rande erg. L 11–17 Qvand . . . necessité am Rande erg. L 27 à . . . predestination am Rande erg. L
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destination au salut, il leve une bonne partie de la dispute, qui aussi bien n’est pas des<br />
plus importantes, quand on demeureroit en differend là dessus.<br />
5 Puisque une bonne partie des Theologiens Evangeliques ne tient point la Toute<br />
Presence du Corps de Jesus Christ, il est bien visible, qu’on ne la doit point exiger des<br />
Reformés. Cependant je ne crois point qu’il soit fort convenable de dire icy avec l’auteur<br />
que cette Doctrine est absurde. Tout ce qui n’est point vray, n’est point absurde pour<br />
cela, et les expressions choquantes ne font gueres de bon effect.<br />
10 Je vois qu’il impute aux Theologiens Evangeliques (car je ne me sers point du terme<br />
de Lutheriens non plus que de celui de Calvinistes), qu’ils soutiennent une M a n d u -<br />
c a t i o n C h a r n e l l e du Corps de Jesus Christ: mais ceux qui parlent juste, sont fort<br />
eloignés de cette expression: ils ne disent pas même qu’elle est c o r p o r e l l e ; de peur<br />
qu’au lieu de l’appliquer à l’objet qui est un corps, on ne l’applique à la maniere, qui n’est<br />
15 point ordinaire aux corps. Et je remarque qu’encor dans l’Eglise Romaine on s’abstient<br />
volontiers de ces expressions. Il suffit une presence vraye, reelle et substantielle, et que<br />
la substance du corps de Jesus Christ soit unie veritablement à nostre substance dans<br />
la communion, suivant ce qu’on entend dans les paroles de Nostre Seigneur: dont il faut<br />
conserver le sens propre autant qu’il est possible, pour ne point autoriser les Sociniens et<br />
20 autres heterodoxes, en d’autres matieres. Il est vray que si le sens propre emportoit une<br />
impossibilité, il faudroit s’en departir et venir aux figures. Mais on n’en convient pas,<br />
apres avoir même examiné les raisons du celebre Aubertin; et on doute fort que l’auteur<br />
ait establi (comme il dit) l’impossibilité et l’inutilité du sens litéral par des preuves aux<br />
quelles on ne puisse jamais rien repondre de raisonnable.<br />
25 Pour ce qui est de la grace irresistible, et des actions morales necessaires et libres en<br />
même temps dont la lettre parle ensuite; il faut une explication. On prend quelque fois<br />
4 f. dessus. Absatz (1 ) Il m’a toujours | paru aussi erg. | qve dans la controverse de la perseverance<br />
des saints il (a) avoit (b) a de l’eqvivoqve, ou du moins qv’elle est de peu d’importance, qvand on<br />
s’entend. (aa) Et je scay, Monsieur, qve Vous (bb) Et j’ay esté ravi d’apprendre, qve vous estes, Monsieur,<br />
dans le meme sentiment (2 ) Puisqve L 10 f. (car . . . Calvinistes) am Rande erg. L<br />
22 Aubertin: E. Aubertin hatte in seinem Buch Conformité de la créance de l’Eglise et de S. Augustin<br />
sur le sacrement de l’eucharistie, 1626, behauptet, die Lehre der Transsubstantiation und der<br />
Realpräsenz im Abendmahl sei in der frühen Kirche unbekannt gewesen.