VULGARISATION SCIENTIFIQUE - Colloque Sciences médias et ...
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assimilable à un échec de l'opération, la situation serait différente. Mais comme on ne<br />
peut définir la nature de c<strong>et</strong> échec sans faire appel aux intentions qui président au<br />
déclenchement du mécanisme vulgarisateur, <strong>et</strong> qui peuvent être divergentes ou même<br />
opposées (par exemple, intention humaniste de promotion culturelle ou désir<br />
d'exploiter le caractère sensationnel des découvertes scientifiques), il faut accepter l'idée<br />
que la distinction n'est pas fondée <strong>et</strong> que la vulgarisation, quelle que soit la valeur qu'on<br />
lui attribue, m<strong>et</strong> en jeu un mécanisme unique. D'autre part, même s'il y a échec par<br />
rapport à ces intentions, cela ne veut pas encore dire que le message ait manqué son<br />
but, pourvu que ceux auxquels il s'adressait s'en déclarent satisfaits.<br />
En principe donc, notre étude n'a pas à tenir compte de la qualité des résultats de<br />
l'opération pour en produire l'analyse théorique. Elle devra cependant rendre compte<br />
de la seule possibilité d’un tel partage <strong>et</strong> du fait qu'il puisse apparaître aux yeux de<br />
certains auteurs si essentiel à l'étude de la vulgarisation.<br />
Par ailleurs, si c'est l'opération même qui nous intéresse, pourquoi en avoir restreint le<br />
domaine aux connaissances scientifiques 15 ? En eff<strong>et</strong>, elle est également effectuée sur les<br />
arts, la technique, l'histoire, la psychanalyse, l'économie, <strong>et</strong>c... La vulgarisation des<br />
sciences a par rapport à ces autres domaines un caractère exemplaire. Car elle se fonde<br />
sur une universalité inhérente au discours scientifique lui-même :<br />
" La science, affirme Aron (36 : 64), est valable universellement, elle s’impose à tout esprit qui consent à la<br />
penser, elle fait appel à la seule raison, non au sentiment ou à la volonté. Par suite, elle est essentiellement<br />
transmissible." (Souligné par l'auteur)<br />
C<strong>et</strong>te universalité qu'Aron fonde sur la seule raison 16 , <strong>et</strong> qui en déduit à juste titre le<br />
caractère "essentiellement transmissible" de la science, implique que la vulgarisation de<br />
celle-ci réponde non seulement d'une simple possibilité de principe, mais encore d'un<br />
véritable nécessité, si du moins elle n'est pas un vain mot.<br />
Or ce n'est pas le cas en ce qui concerne les arts, par exemple, dont la vulgarisation nous<br />
ouvre les portes du "musée imaginaire" de Malraux. Ce qu'il faut noter ici, c'est que<br />
l'opération n’a pu se pratiquer sur l'art qu'à partir du moment où l'œuvre, déposée dans<br />
un musée, s'est trouvée accessible à tous sans que personne puisse en revendiquer la<br />
possession matérielle 17 . S'approprier l'oeuvre ne pouvait plus se faire que sur un mode<br />
15 ... <strong>et</strong> même plus précisément aux connaissances exactes, c'est-à-dire se référant principalement aux<br />
sciences physiques <strong>et</strong> naturelles.<br />
16<br />
Ce qui est à notre avis une manière éminemment philosophique d'éviter le problème eue c<strong>et</strong>te universalité<br />
pose concrètement.<br />
17<br />
Cf. L'amour de l'art de Bourdieu (66) où se trouve étudiée la stratification du rapport social à l'art, tel<br />
qu'il est déposé dans les musées. L'art au musée constitue une désappropriation d'une classe privilégiée qui<br />
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