commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

683 SERMONS 684
soyent plaisantes à Dieu son Père, reu mesmes
que quand nous le prions et que nous luy rendons
nos louanges, tout cela ne seroit que puantise, sinon
qu'il fust purifié par nostre Seigneur Iesus Christ,
comme aussi l'Apostre dit que c'est par luy que
nous offrons à Dieu les voeux de nos leures, c'est
à dire les sacrifices de louanges par lesquels il est
glorifié.
Or nous nous prosternerons devant la maiesté
de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,
le priant que de plus en plus il nous les face sentir;
et que nous en soyons tellement touchez que
ce soit pour nous amener à une vraye repentance,
GALATES, Chap. V, v. 7—10.
Nous sçavons que Dieu a tellement reiglé nostre
vie quand nous voudrons escouter sa parole, que
nous ne serons point suiets à cheminer à l'adventure:
mais asseurez de tenir le bon chemin. Et
voilà en quoy different les fidèles d'avec les incrédules,
car tous ceux qui se rengent à la parole de
Dieu, ne sont point en doute ni en dispute, si ce
qu'ils font doit estre approuvé ou non : car qui estce
qui a la puissance d'en prononcer, sinon Dieu?
Or celuy là en a desia prononcé la sentence. Ainsi
donc d'autant que la vie des hommes est accomparee
à une course, apprenons de suivre selon que
Dieu nous appelle, et nous ne serons point vagabonds,
comme les poures ignorans qui tracassent,
et se tormentent beaucoup et sans profit. Et voilà
aussi pourquoy sainot Paul en ce passage met
double course: l'une qui est bonne et a une droite
adresse, et l'autre qui est errante. Or ce n'est
point assez que les hommes s'efforcent beaucoup:
mais il faut qu'ils ayent un certain but. Au reste
nous voyons ici quant et quant la vraye discretion
d'une course qui est réputée bonne, et de celle qui
ne fait que tormentor les hommes en vain. Car
sainct Paul en met une explication certaine et infallible,
en disant que tous ceux qui obéissent à la
vérité courent bien. Voici un mot qui poise beaucoup:
car nous pouvons recueillir de là quand les hommes
s'addonnent à leurs fantasies, ou bien qu'ils cheminent
seulement par opinion, ou qu'ils reçoivent
sans discretion ni prudence tout ce qui leur est dit,
qu'ils pourront courir assez iuste: mais ce ne sera
pas pour approcher de Dieu. Quand ils auront
employé toute leur vie à tracasser, ils se trouveront
TRENTETROISIEME SERMON.
et que nous cerchions en nostre Seigneur Iesus
Christ tout ce que nous voyons nous deffaillir: et
qu'il y ait une telle humilité qu'estans du tout
abatus, et ayans anéanti toute fausse présomption
de laquelle nous pourrions estre trompez, nous ne
tendions à autre fin, sinon d'estre receus par la
pure miséricorde de nostre Dieu, pour parvenir à
l'héritage éternel. Et que nous taschions de cheminer
tellement sous ses commandemens que cependant
il luy plaise de nous supporter selon nostre
fragilité, iusques à ce qu'il nous en ait du tout
despouillez. Ainsi nous dirons tous, Dieu tout puissant,
père celeste etc.
plus eslongnez que auparavant. Et pourtant apprenons
de commencer par ce bout, c'est à sçavoir
d'escouter Dieu, lequel nous fait ceste grace et
honneur de nous enseigner, sçachant qu'il n'y a
nulle vérité, sinon celle qui procède de luy: et
quand les hommes suyvront ce qu'ils auront forgé
en leur cerveau, que cela ne sera que mensonge
et fable.
Yoilà donc comme nous devons appliquer à
nostre usage ceste sentence de sainct Paul, ce qui
est en premier lieu que toutes les devotions que
les hommes bastissent en leur teste ne sont que
pures illusions de Satan, et que tous ceux qui font
tout ce que bon leur semble, trottent assez: mais
ce n'est point pour s'avancer au bon chemin:
plustoBt ils s'en reculent. Il n'y a donc sinon
l'obéissance que nous rendons à la vérité de Dieu
qui soit Jtenue et avouée pour une bonne course.
Or si ceci estoit bien cognu du monde auiourd'huy,
il n'y auroit pas tant de troubles et débats comme
on y en void. Car qui est cause que nous ne
cheminons point d'un accord, et qu'un chacun ne
tend la main à son prochain? C'est pour ce que
la plus grande multitude ne peut estre persuadée
d'obéir à Dieu. Ainsi la vraye course des fidèles
nous est bien monstree par le Prophète Isaie, quand
il est dit que chacun prendra la main de son compagnon,
pour dire, Allons, montons en la montagne
du Seigneur, et il nous enseignera ses voyes. Si
donc nous estions bien résolus en cela, que nous
eussions ce désir en nous de nous vouloir pleinement
assuiettir à Dieu, il est certain que nous
courrions tous ensemble, et le premier aideroit
ceux qui le suivent, et les plus debiles ne porteroyent
point d'envie à ceux qui leur seroyent