commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

J679 SERMONS 680
est quasi ordinaire, quand les hommes s'addonnent
à ceremonies, qu'ils oublient tousiours le principal :
comme aussi nostre Seigneur Iesus leur reproche,
A cause de vos traditions, vous avez aboli la Loy
de Dieu mon Père. Et voilà pourquoy il est dit
au Fseaume 50: Et penses-tu que ie me vueille
saouler du sang des bestes brutes? Quand i'auraye
faim, penses-tu que le tout ne soit pas mien, dit
Dieu? mais voici que tu m'offriras, à sçavoir le
sacrifice de louange.
Nous voyons maintenant l'intention de sainct
Paul, il se moque des hypocrites qui pensent que
tout soit perdu, sinon qu'on ait beaucoup de pompes,
beaucoup de finfreluches, quand il est question de
venir à Dieu, et qu'on y vienne comme à baniere
desployee: ainsi qu'on les void faire leurs pompes
avec leurs luminaires, leurs perfums, leurs chandeliers:
avec leurs robes déguisées, avec leurs marmousets
et choses semblables. Quand ils ont cela,
ils leur semble qu'ils sont masquez, et que Dieu
n'y cognoit plus rien, et que leurs vices sont cachez
dessous une telle ombre: et cependant ils le despitent
tout manifestement. Or sainct Paul se moque
de ceste opinion, disant que si nous n'avons
toutes ces pompes, qu'il y a bien de quoy où Dieu
nous peut exercer, o'est en charité. Or en somme
sainct Paul a voulu ici dire que le service de Dieu
est spirituel: car quand nous aimons nos prochains,
cela est un tesmoignage de l'amour de Dieu. le
di quand nous les aimons reiglement: car ce n'est
pas dilection, si quelqu'un aime pour son profit :
mais quand nous aimons mesmes nos ennemis, que
nous sommes patiens à porter les iniures qui nous
sont faites: que nous taschons de bien faire à ceux
qui ont faute de nostre aide: que nul ne sera
adonné à soy ni à son profit particulier: mais que
nous tascherons comme membres d'un corps de
nous soulager entant qu'il nous sera possible.
Quand donc nous avons cela, il est certain que
nostre vie respond et testifie assez que nous aimons
Dieu. Or nous ne pouvons pas l'aimer devant
que l'avoir cognu: la charité donc est un signe et
une marque infallible que nous voulons servir Dieu,
non pas en luy faisant gerbe de paille, mais à la
vérité et sans feintise, quand nous aimons nos
prochains. Et ainsi que les Papistes se glorifient
tant qu'ils voudront en leurs fanfares, et en toutes
leurs belles monstres desquelles ils pensent tromper
Dieu, comme eh se moquant: mais ce sera tousiours
ce qui est ici prononcé par la bouche de sainct
Paul : c'est à sçavoir que telles choses ne sont rien
devant Dieu. Et pourquoy? car si la Circoncision
a esté abolie quand elle a fait son temps et son
terme, que sera-ce de ce qui a esté controuvé en
la boutique des hommes sottement et par une pure
audace, et qu'ils ont usurpé ce qui ne leur appar-
tenoit et ne leur estoit nullement licite. Voilà donc
ce que nous avons à retenir.
Or devant que passer plus outre, il nous faut
soudre ceste difficulté que font -ici les Papistes : car
il leur semble qu'ils ont tout gagné quand sainot
Paul dit que la foy besongnante par charité est
l'accomplissement . de tous fidèles. Or de là ils
concluent que ce n'est pas la seule foy qui nous
acquiert grace, mais que c'est la charité quant et
quant. Prenons le cas qu'ainsi soit, de quoy encores
leur servira-il? car où est-ce qu'ils mettent
leurs mérites, sinon en des ieux de petis enfans?
comme s'ils vouloyent appaiser Dieu avec une
hochette: mais tant y a que l'intention de sainct
Paul est bien diverse: ear combien que iusques ici
il ait monstre quelle est la vraye façon d'estre
agréables à Dieu, tant y a qu'ici il ne veut point
fonder nostre iustice, ni l'espérance de nostre salut
sur la charité. Quoy donc ? o'est assez qu'il monstre
que Dieu trouvera le moyen d'exercer ses fidèles,
encores qu'ils n'ayent point les ceremonies ausquelles
les hypocrites se trompent du tout, et desquelles ils
font le principal: bref, nous voyons que sainct Paul
combat directement contre les Papistes, tant s'en
faut qu'il leur favorise en rien qui soit. Or sous
ombre de ce qui est ici dit, ils ont imaginé que la
foy est une simple cognoissance qu'il y a un Dieu,
et que Iesus Christ son Fils unique est apparu
pour la redemption et pour le salut du genre humain:
mais que ceste cognoissance-là est sans affection,
et que c'est comme quand on nous racontera
quelque histoire, nous la croirons et la tiendrons
pour chose certaine. Voilà donc comme les Papistes
parlent de la foy: et disent que quand la foy est
toute seule: qu'elle n'a point encores de forme devant
Dieu: mais quand il y a une bonne affection
et amour de Dieu, alors la foy est formée (disent
ils). Or quand l'Escriture nous parle de la foy,
elle entepd ceste cognoissance qui nous est donnée
par le sainct Esprit, non point qui voltige en nos
cerveaux: mais qui est seelee en nos coeurs, tellement
qu'il faut que Dieu ait besongné en nous
miraculeusement, devant que nous puissions estre
illuminez et formez en la foy: car ce ne sont que
ténèbres en nos esprits. Il faut que la clarté nous
vienne d'en haut: et puis nous sommes enclins à
deffiance du tout. Il faut donc que le sainct Esprit
nous mette ceste signature, que nous sommes vrayement
sauvez par le moyen de nostre Seigneur Iesus
Christ.
Et au reste ce n'est point assez d'avoir cognu
en general que Iesus Christ est nostre rédempteur:
mais la foy emporte que chacun de nous le cognoisse
estre nostre rédempteur, Est-il possible que
cela soit sans que nostre Seigneur Iesus habite en
nous, et qu'il y regne, et que nous soyons enflam-