commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

669 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 670
il nous accepte: cela ne nous doit-il point eslargir
le courage, comme si un voile estoit estendu, et
qu'il eust le vent en poupe? Ainsi il est certain
que nos coeurs doivent là courir viste, comme si
un navire estoit poussé du voile, quand nous sçavons
que Dieu nous veut estre propice, qu'il accepte
nos oeuvres, et qu'il ne nous veut point obliger à
servitude: mais qu'il se contente que nous soyons
comme ses enfans et que nous desirions de luy
obéir. Quand donc nous avons cela, c'est à fin
que nous puissions servir de tant meilleur courage
à nostre Dieu, et estant fondez sur sa grace, qu'il
nous esiouisse tellement que nous puissions luy
offrir le sacrifice de louange, et l'ayans prié, estans
certains qu'il nous exaucera, et que nous luy rendions
graces d'un tel bien, et si inestimable, lequel il nous
communique tous les iours.
GALATES. Chap. V. v. 4—6.
Nous avons veu par cidevant que ceux qui
vouloyent faire un partage entre leurs mérites et
la grace de Dieu, s'abusoyent trop lourdement:
car si tost que nous entrons en conte, il faut que
Dieu nous iuge à la rigueur. Si donc nous prétendons
de luy estre agréables et d'acquérir salut
par nos oeuvres propres, il nous faut accomplir la
Loy iusques au bout, sans qu'il y ait à redire. Or
maintenant regardons si iamais homme s'est acquitté
d'une telle perfection. Or il est certain que nous
en sommes tous bien loin: il faut donc que nous
venions vuides à Dieu, pour estre receus à merci,
à fin qu'il nous impute l'obéissance de nostre Seigneur
Iesus Christ, et qu'il l'avoue, tellement que
nous mettions bas nos mérites et que nous n'apportions
rien qui soit de la Loy, sinon une simple
confession et pure, que nous sommes damnez et
perdus, iusques à ce que Dieu nous soit pitoyable,
et qu'ayant enseveli toutes nos fautes et transgressions,
il nous reveste et repare de la iustice
de nostre Seigneur Iesus Christ son Fils.
Et voilà pourquoy sainct Paul conclud maintenant,
que ceux qui se veulent iustifier par la Loy,
sont decheus de grace, et que Iesus Christ ne leur
profitera plus rien. Ce n'est point sans cause qu'il
parle ainsi: car les séducteurs qui avoyent corrompu
en partie en l'Eglise des Galates la doctrine
de l'Evangile, vouloyent mesler l'un parmi
l'autre: c'est à sçavoir que Iesus Christ nous est
TRENTEDEUXIEME SERMON.
Or nous nous prosternerons devant là maiesté
de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,
le priant qu'il luy plaise nous les faire tellement
sentir, que ce soit pour nous humilier vrayement,
et pour nous rendre du tout à nostre Seigneur
Iesus Christ: et qu'estans venus à luy, nous persistions
en la foy de son Evangile, sans en décliner
en façon que ce soit. Et qu'il nous supporte tellement
en nos infirmitez, que cependant nous soyons
touchez d'une vraye repentance pour gémir et
souspirer devant luy, iusques à ce qu'il nous ait
retirez de ce corps mortel, duquel nous sommes
detenus comme en prison sous la servitude de péché.
Ainsi nous dirons tous, Dieu tout puissant, Père
celeste etc.
bien donné pour suppleer à nos deffauts: mais
cependant que nous ne laissons pas d'estre iustes
en partie, quand nous taschons à bien faire: car
ils ne renonçoyent pas pleinement nostre Seigneur
Iesus Christ, ils ne disoyent pas que toutes les
promesses où Dieu declare que par sa bonté il pardonnera
les fautes à ses fidèles, que cela fust un
abus et tromperie : mais ils vouloyent que les
hommes taschassent à se iustifier, c'est à dire à
acquérir grace devant Dieu par leurs propres
oeuvres. Et d'autant que nous sommes eslongnez
de la perfection, ils vouloyent que Iesus Christ
suppleast comme un remède en second lieu: voilà
leur fantasie. Comme auiourd'huy en la Papauté
on ne prononcera point à pleine bouche ce blaspheme,
que Iesus Christ ne nous serve de rien,
sinon qu'il nous a enseigné la volonté de Dieu son
Père: on dira qu'il nous a rachetez, et qu'il nous
a acquis le premier mérite: car il nous a ouvert
la porte de paradis, afin que nous y entrions: et
puis qu'encores iournellement sa mort et passion
nous profite, à fin de nous reconcilier quand nous
l'avons offensé: mais quoy qu'il en soit, ils veulent
qu'en partie nous méritions le royaume de paradis,
et que nous rachetions nos péchez par plusieurs
moyens: et voilà dont sont venus toutes les satisfactions,
et finalement si un homme n'en peut
venir à bout sa vie durant, que le reste s'accomplira
en purgatoire. Yoilà donc Iesus Christ qui
a quelque demie place, pour faire que nous soyons
receus de Dieu: mais cependant on le déboute en