commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

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ces hypocrites qui cuident avoir quelque dignité en
leurs propres oeuvres? Us apporteront ceci et cela,
et veulent estre iustes en partie. Or Dieu n'accepte
rien de tout cela : car il ne veut pas retracter ceste
sentence qu'il a prononoee de sa bouche, Maudit
sera celuy qui n'accomplira pas le tout. "Voilà
donc sur quoy sainct Paul insiste maintenant quand
il dit que quiconque est circoncis, celuy là est
deteur de toute la Loy: comme s'il disoit, Qu'on
ne s'abuse plus : oar Dieu ne va point ici par deux
chemins: il a déclaré en sa Loy que si on ne
s'acquitte pleinement envers luy, on sera maudit.
Or il n'y en a point qui s'acquitte: nous voilà
donc tous maudits. Et pourtant il n'y a qu'un
seul remède, que nous venions à nostre Seigneur
Iesus Christ: car si nous cuidons faire valoir Iesus
Christ en partie, et cependant retenir ie ne sçay
quoy de nostre costé, c'est un abus: car il faut que
nous confessions qu'il n'y a que malediction en
nous iu8ques à ce que nostre Seigneur Iesus Christ
nous ait affranchis, et que nous cerchions tellement
en luy ce qui nous défaut, que nous sçachions que
toutes nos oeuvres sont de nulle valeur, ce ne sont
mesmes que puantises devant Dieu, iusques à ce
qu'il nous reçoive comme ses enfans, et que nous
cheminions en liberté de conscience, sçachans que
nos péchez nous sont pardonnez en vertu de la
satisfaction qui nous a esté acquise: tellement que
Dieu ne nous impute point nos vices et nos pouretez,
d'autant qu'il nous regarde en la personne de son
Fils unique.
Voilà donc comme sainct Paul prouve ce qu'il
avoit dit auparavant: c'est à sçavoir que Iesus
Christ ne profite rien à tous ceux qui sont circoncis.
Et pourquoy? d'autant que s'ils cerchent
l'espérance de salut en leurs oeuvres, il faut qu'ils
s'acquittent entièrement envers Dieu, et qu'ils n'y
aillent point par lopins et par morceaux, (comme
on dit), mais qu'ils satisfacent à toute la Loy, sans
que rien y soit requis. Et qui est-ce qui en pourra
venir à bout? Car qu'on choisisse le plus sainct et
le plus parfait qui se pourra trouver, il ne pourra
pas faire ce qui luy est commandé de la centième
partie. Voilà donc les hommes qui sont déboutez
d'espérance de salut, sinon qu'ils viennent vuides
et anéantis pleinement de tous leurs mérites, et
qu'ils s'adonnent tellement à nostre Seigneur Iesus
Christ, qu'ils cognoissent qu'ils ne peuvent pas
estre iustifiez par luy et par sa grace, sinon qu'ils
ayent renoncé auparavant à tout ce qui les pourroit
retenir en quelque autre fiance. Et au reste quand
sainct Paul parle ici d'estre circoncis, il entend
cest erreur que les séducteurs mettoyent en avant,
cuidans obliger Dieu envers eux, et satisfaire à
toute la Loy. Comme qui diroit auiourd'huy que
tous ceux qui gardent les ordonnances Papales,
renversent l'authorité de nostre Seigneur Iesus
Christ. Ce n'est pas que quand un homme n'aura
point mangé de chair au vendredi et en caresme,
qu'il soit condamné pour cela: mais s'il s'abstient
de manger chair par superstition, et qu'il ouide
mériter en ce faisant, il est certain qu'il renonce
à nostre Seigneur Iesus Christ: car Iesus Christ
nous est donné comme advooat, tellement que nous
sommes reconciliez par son moyen à Dieu son
Père, et il nous a tellement affranchis qu'il ne
veut plus que nous soyons accablez par les traditions
humaines. Or ceux qui gardent les traditions Papales
pour se faire accroire que c'est péché mortel
d'avoir gousté chair un tel iour, et qu'en ce faisant
ils méritent envers Dieu, et que ce sont autant de
satisfactions: que Iesus Christ mesmes est bien
honoré quand ils feront ceci et cela, s'ils se confessent,
ils se font aussi accroire que la porte de
Paradis leur - seroit fermée, sinon que ceste confession
leur ouvrist la porte, et pensent que ce soit
le moyen pour appointer Dieu avec eux. Or se
faisans accroire cela, il est certain qu'ils se constituent
deteurs, (comme i'ay dit) et renoncent à la
grace qui leur avoit esté acquise par nostre Seigneur
Iesus Christ.
Nous voyons maintenant comme il nous faut
faire nostre profit de ceste doctrine, c'est qu'en
premier lieu nous cognoissions que Dieu nous a déclaré
par l'Evangile, toutesfois et quantes que nous
viendrons à luy, moyennant toutesfois que nous ne
soyons point en trouble, que nous ne soyons point
agitez comme roseaux branlans de costé et d'autre :
mais que nous puissions franchement prier à pleine
bouche celuy qui est nostre Père, et qui nous a
adoptez pour ses enfans. Apres que nous sçachions
•que le moyen de luy estre agréables, c'est qu'il
nous pardonne nos péchez. Et comment? pour ce
que Iesus Christ en a satisfait et nous en a acquittez
pleinement. Il y a puis après que nous
sçachions que ce n'est point à fin qu'un chacun
ait la bride sur le col pour s'esgayer, et que nous
soyons comme bestes sauvages que Dieu ne puisse
apprivoiser à soy: mais plustost que nous allions
à luy d'un bon courage pour luy obéir franchement:
car si nous n'estions asseurez qu'il nous
accepte pour ses enfans, et qu'il nous supporte si
humainement que ce qui ne vaut rien, il le trouve
bon pour l'amour paternelle qu'il nous porte: si
nous ne sommes (di-ie) asseurez de cela, il est certain
que nous ne ferons que tousiours grincer les
dents quand nous penserons servir à Dieu: mais
quand nous serons persuadez que Dieu nous regarde
d'une telle faveur, que combien que nous
soyons pleins d'infirmitez, et que nous ne puissions
rien faire qui soit digne d'estre trouvé bon de luy,
toutesfois au nom de nostre Seigneur Iesus Christ