commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

661 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 662
que les uns servent aux autres en communauté.
Notons donc ce gui concerne la police, d'autant
qu'il nous faut estre conioints et unis ensemble, et
avoir un tel accord que chacun serve à ses prochains,
et que nul ne soit addonné à soy: mais
quand il est question de la liberté spirituelle, il faut
qu'un chacun de nous se retire pour cognoistre
quelle est sa nature et propriété. Il faut (di-ie)
qu'un chacun de nous se retire comme devant
Dieu : car nous avons à rendre conte au luge celeste,
et pourtant il nous faut entrer en nous-mesmes
pour dire, comment me pourray-ie presenter devant
le siege iudicial de Dieu? s'il faut que ma vie soit
examinee selon sa Loy, malheur: car ie suis coulpable
en tant de sortes, voire infinies, que s'il y
avoit un milion de morts, cela ne suffîroit point
pour les offenses que i'ay commises: mais Dieu me
veut estre favorable, et me recevoir à merci au
nom de nostre Seigneur Iesus Christ: et quand ie
viens à luy, i'y puis venir le front levé, ayant la
quittance et absolution qui m'a esté donnée au
sacrifice que Iesus Christ a offert, d'autant que là
il a satisfait pour moy, et m'a pleinement affranchi.
Voilà pour un item, comme il me faut servir à
Dieu, et c'est bien raison que ie luy dédie ma vie:
mais par quel bout commenceray-ie? Car ie ne
puis pas apporter une perfection telle qu'elle est requise,
non pas de la centième partie: mais Dieu me
supporte et ne laisse pas de recevoir et trouver bon
ce qui est imparfait et debile, voire et vicieux. Et
pourquoy? d'autant qu'il me reçoit au nom de
nostre Seigneur Iesus Christ comme l'un de ses
enfans. Voilà (di-ie) comme il nous faut venir devant
Dieu, si nous voulons cognoistre et comprendre
quel est le fruict de ceste liberté dont sainct Paul
traitte.
Or quand il adiouste que nous ne soyons point
derechef enveloppes au ioug de servitude, par cela il
monstre, que devant que d'estre parvenu à la foy
de l'Evangile, et d'avoir cognu quel bien nous a
esté apporté par la mort et passion du Fils de
Dieu, que nous sommes tous tenus comme captifs
en liens estroits, et que nous n'avons nulle liberté.
Comme de faict si Iesus Christ n'intercède, et
qu'il ne soit au milieu de Dieu son Père et de
nous, il est certain que tousiours nous aurons nos
âmes en torment et inquietude: car il n'y a celuy
qui ne soit convaincu d'estre plus que coulpable,
il faut donc que nous demeurions là comme
abysmez en desespoir, iusques à ce que nous
soyons secourus par nostre Seigneur Iesus Christ
et que nous cognoissions que Dieu nous sera propice
et que nous pourrons là trouver paix et fermeté
pour l'invoquer: que Iesus Christ sera là au
devant. D'autre costé si nous ne sçavons que
.Dieu nous a tellement receus à soy, qu'il se con-
tente que nous vueillons obéir, et que nous tendions
là, encores que ce soit avec infirmité, nous
voilà encores en un second lien, qui est pour nous
estrangler. Or cela est en tous incrédules. Sainct
Paul donc notamment nous adverti que iusques à
ce que nous soyons enseignez par l'Evangile que
Dieu nous aime, et nous reçoit par sa bonté gratuite
comme ses enfans, après qu'il ne veut point que
nous soyons foulez par la tyrannie des hommes,
et mesmes qu'il nous délivre de l'obligation et
rigueur de la Loy, que nous sommes tous abysmez
en servitude: mais quand Iesus Christ nous a
affranohiz, qu'il nous faut maintenir un tel bien.
Venons maintenant à. la raison qu'il adiouste,
Voire (dit-il) moy Paul ie vous di, si vous estes circoncis,
Iesus Christ ne vous profitera rien. C'est
une sentence bien dure que la Circoncision puisse
tellement retrancher les hommes qu'ils n'ayent
plus de portion au salut qui nous a esté acquis
par nostre Seigneur Iesus Christ. Mais en premier
lieu il nous faut noter quand sainct Paul parle ici
de la Circoncision, il ne regarde pas la chose en
soy, il regarde la fin, pour ce que les séducteurs
qui avoyent perverti la pureté de l'Evangile entre
les G-alates, faisoyent accroire qu'il faloit estre circoncis
pour garder la Loy: sainct Paul s'arreste
là, et dit que si on nous contraint, et qu'on nous
oblige ainsi devant Dieu, et qu'on entre en telle
paction avec luy, que Iesus Christ ne profite plus
rien. Or ceci est bien à noter. Car quand
auiourd'huy nous disons que c'est une tyrannie
infernale, quand on commande sur peine de péché
mortel de garder telle chose: qu'on defend aussi
ce qui ne plaira point aux hommes: comme qui
auroit commandé de garder la Caresme, qui auroit
commandé de se confesser de tous ses péchez une
fois l'an, si nous debatons contre cela, les Papistes,
comme i'ay dit, iettent leur rage désespérée
et ne regardent pas la cause qui nous esmeut et
contraint d'insister sur cest article et cest argument.
Et pourquoy? car ils ne regardent que
la chose extérieure.
Or il nous faut venir plus loin. Car quand,
les Papistes commandent sur peine de péché mortel,
c'est pour nous obliger en telle sorte que nous
ne puissions estre agréables à Dieu, sinon avec
ceste paction que nous ayons fait nostre devoir.
Celuy donc qui aura fait son devoir, celuy-là aura
comme obligé Dieu, voire selon l'opinion diabolique
qui regne en la Papauté, qu'il nous faut acquérir
grace par nos mérites: il nous faut aussi par nos
satisfactions appaiser Dieu et abolir la memoire de
nos péchez et offenses. Or là dessus on void bien
que si nous nous acquittons ainsi de nous-mesmes,
que Iesus Christ nous sera rendu inutile et ne
nous profitera plus de rien. Et pourquoy? Car
42*