commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

649 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 650
que le monde nous desdaigne et nous reiette
ainsi. Voilà donc comme il ne faut point apporter
un regard plein de vanité, pour sçavoir quelle est
l'Eglise, ainsi que ceux qui ne veulent que pompes
et grande apparence: mais à l'opposite cognoissons
que Dieu affligera tellement sa poure Eglise, qu'on
n'y verra nulle forme ni figure selon les hommes,
qu'il n'y aura sinon toute desolation : mesmes,
comme nous verrons tantost, qu'un chacun s'eslevera
à l'encontre: mais quoy qu'il en soit, contentons
nous si Dieu nous recueille pour ses enfans:
voire et notons que quand nous sommes appelez
par la pure doctrine de l'Evangile, que nous sommes
accompagnez avec tous les Peres que Dieu a
choisi sous la Loy, avec tous les saincts Rois et
Patriarches, tous les Prophètes et Martyrs: brief,
avec tous fidèles qui ont esté depuis Abel, et qui
seront iusques en la fin du monde. Il est vray
que les Papistes se vanteront assez de leur multitude
: voire mais nous voyons le. Prophète se
mocquer de tout cela. Et pourquoy? Il faut
tousiours discerner quels sont les enfans. Car
qu'est-ce de tous les temples des Papistes, sinon
des bordeaux de Satan? tout est là infecté, il n'y
a que puantise, le service de Dieu y est corrompu
du tout:'brief, il n'y a nulle intégrité. Les Papistes
donc avec tout ce qu'ils prétendent pour se
faire Eglise de Dieu, n'ont sinon une naissance
bastarde, comme s'ils estoyent plongez au bordeau
avec leur mere, avec ceste synagogue infernale.
Voilà donc ce qui en est: et ce ne suis-ie pas qui
le prononce, mais nous voyons qu'Isaie en parle
ainsi, et sainct Paul qui est fidèle expositeur de
l'Esprit de Dieu conforme ce propos.
Apprenons donc de nous conioindre Avec tous
vrais enfans de Dieu qui ont tesmoignage infallible
du sainct Esprit, et ne suivons pas la plus grande
bande: mais laissons aller en perdition tous ces
miserables, qui à leur escient se iettent aux filets
de Satan, et s'esgarent comme poures bestes brutes
sans aucune discretion. Or cependant nous
avons à noter 'que ceux qui sont enfans de l'Eglise
ne laissent pas d'estre nos pères: tellement qu'il'
y a outre la fraternité commune, que nous sommes
engendrez en la parole de Dieu par leur moyen,
comme il est dit que nous sommes fils d'Abraham,
nous sommes le vray Israel de Dieu, comme si
nous estions descendus de la race de Iacob. Nous
avons donc pour pères ceux qui ont fraternité
commune avec nous: mais tous ensemble nous
sommes fils de Dieu et de son Eglise. Car voilà
pourquoy nostre Seigneur Iesus Christ est appelé
nostre chef, il est vray qu'il est le Fils unique, à
fin qu'estans associez en luy, qu'estans membres
de son corps: nous soyons tenus et reputez pour
enfans de Dieu: mais combien que nous ne le
soyons point de nature, nous le sommes toutesfois
par adoption gratuite.
Or sainct Paul declare que c'est selon la promesse
à Vexemple â'Isaac pour exprimer qu'il ne
nous faut point apporter nulle vaine confiance de
nos mérites, ou de nulle vertu qui soit en nos personnes:
mais que nous soyons vuides de tout orgueil,
sçachans que tout ce que nous avons de
dignité procède de la pure grace et libéralité de
Dieu. Voilà donc en quoy nous différons des enfans
bastards qui se glorifient faussement du nom
de Dieu: c'est qu'ils sont enflez de présomption,
et se plaisent en leur hypocrisie, et ont tousiours
ce mot de franc arbitre, d'oeuvres méritoires; de
satisfactions, de vertus tant cardinales, que théologales,
qu'ils appellent: brief, il n'y a sinon orgueil.
Or de nostre- costé nous ayons la promesse, c'est
à sçavoir que Dieu nous ayant regardé en pitié,
nous a retirez de l'abysme de perdition auquel
nous estions, et par son Evangile nous a testifié
et déclaré qu'il nous veut estre Père, et que cest
heritage nous attend, qui t nous a esté acquis, non
point par nous, ne par creatures mortelles, mais
qu'il y a Iesus Christ qui a esté fait homme estant
vray Dieu, à fin qu'en luy nous obtenions ce que
nous ne trouverons point en tout le monde. Voilà
donc en somme où tend ceste conclusion de sainct
Paul, c'est à sçavoir quand nous Voudrons estre
bien fondez en la doctrine de l'Evangile, que nous
voudrons avoir bonne asseurance et appuy de
nostre salut, que nous ne meslions une opinion de
nos mérites, et que nous ne cuidions point rien
apporter de nostre costé, mais que nous recevions
simplement ce que Dieu nous offre: et' que Iesus
Christ ne soit point nostre Sauveur à demi, mais
du tout. Voilà donc à quoy tend oe mot de
promesse, comme desia nous l'avons déclaré plus
au long. Or la Loy a bien eu ses promesses,
mais sous condition, comme nous avons exposé.
La promesse dont parle maintenant sainct Paul,
c'est celle qui abolit tout orgueil humain, qui
anéantit les hommes et monstre qu'ils n'ont que
confusion en eux, et que tout leur bien gist et est
enclos en nostre Seigneur Iesus. Christ, et n'en
peuvent estre faits participans ni iouir sinon par le
moyen de l'Evangile. Or l'Evangile nous declare
qu'il nous faut tout tenir de Dieu et luy faire
hommage de nostre salut 3'autant qu'il le nous
donne, et que ce n'est point un salaire qu'il nous
doit, et duquel il soit obligé à nous en façon que
ce soit.
Or là dessus sainct Paul dit, qu'il en est encores
ainsi maintenant: comme Moyse le declare
sous la figure qu'il a proposée ce matin: car en la
maison d'Abraham il y avoit Ismaél qui estoit l'aisné,