commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

641 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 642
serioorde de Dieu sont là desployez. Voilà donc
quelle est la parole de Dieu et sa nature: mais
quand nous la dépravons et falsifions par nos fantasies,
et que nous y faisons un meslinge corrompu,
alors nous pourrons estre estimez enfans de Dieu:
mais nous serons comme enfans bastards, ainsi qu'il
sera traitté plus au long oeste après disnee, au plaisir
de Dieu : car sainct Paul monstrera alors qu'Ismael
en la fin a esté deohassé de la maison en laquelle
il avoit occupé place, et toutesfois il estoit
fils aisné: mais il s'est abastardi: et aussi il estoit
nay d'Agar. Notons donc qu'il ne nous faut point seulement
estre engendrez par la parole de Dieu en
pureté de foy, et que Dieu par son sainct Esprit
nous illumine à ce que nous cognoissions sa volonté,
selon qu'il nous la testifie. Oar si nous
changeons sa parole à nostre fantasie, et que nous
la déguisions, il est vray que elle sera appellee semence
de Dieu: mais elle ne l'est pas, quoy qu'il
en soit, d'autant qu'elle n'est pas demeurée en son
intégrité.
Et voilà comme auiourd'huy, il y en a tant
qui se nomment Chrestiens à fausses enseignes:
comme les Papistes confesseront assez qu'ils croyent
en Dieu, qu'ils se veulent tenir à l'Escriture saincte:
mais cependant on void qu'ils ont tout perverti, et
que de l'Escriture saincte, au lieu qu'ils la doivent
recevoir en toute reverence, ils la tournent à leur
poste, et mesmes s'en mocquent et s'en gaudissent,
et comme nous disions n'agueres, ils desgorgent
ce blaspheme que c'est un nez de cire, et qu'on le
peut tourner selon qu'on veut: et au reste on void
comme ils ont tout brouillé par ce qu'ils ont controuvé.
Car qu'appelle on en toute la Papauté
service de Dieu, sinon ce que les hommes ont mis
sus de leur propre cerveau ? Il n'est point question
de se reigler à ce que Dieu commande et ordonne:
mais il faut qu'il soit débouté de sa place, et que
les hommes usurpent ce qui luy est propre et
qu'ils s'attribuent l'authorité d'assuietir les consciences
et faire telles loix que bon leur semble.
Or voilà une corruption par trop villaine et enorme.
D'autre costé, où est-ce que les Papistes' puisent
leurs articles de foy? en ce qu'ils ont déterminé
d'eux mesmes, car de l'Escriture saincte ils ne
pensent pas en pouvoir tirer nulle resolution. Ce
leur est tout un donc, de ce qui est en l'Escriture
saincte: mais ils ont comme oracles du ciel tout
ce qui aura esté conclud et ce qui sera receu
d'opinion commune. Et on voit aussi que quand
ils veulent approuver leurs badinages, ils mettent
en premier lieu et degré que cela est receu, que
l'ancienneté doit valoir, comme s'il y avoit prescription,
et là dessus ils tirent par les cheveux
quelques passages de l'Escriture: et voilà aussi qui
y peut faire: mais c'est une pure mocquerie, et
Çalvini opera. Vol. L.
voit-on qu'à leur escient on pollue, la parole de
Dieu : car il y a une si lourde ignorance et brutale
que les petis enfans leur pourroyent cracher au
visage. Ainsi donc les Papistes nous sont auiourd'huy
un beau miroir de ce qui est ici contenu en
sainct Paul: c'est à sçavoir que beaucoup se vantent
d'estre enfans de Dieu, d'estre domestiques de
son Eglise: mais cependant ils sont comme enfans
baBtars : ils sont d'une semence corrompue, d'autant
qu'aulieu d'adhérer du tout à la pure doctrine qui
les pouvoit régénérer en l'espérance de la vie celeste,
ils se sont addonnez à leurs meslinges et corruptions,
tellement qu'il n'y a plus nulle intégrité.
Mais il ne faudrait pas aller plus loin pour monstrer
que cest argument que traitte ici sainct Paul est
vérifié par trop en la Papauté. Car quel est le
plus grand débat que nous avons auiourd'huy, sinon
pour le franc - arbitre, pour les mérites, pour les
satisfactions, et pour tout le reste? Les Papistes
disent que par nostre franc arbitre nous pouvons
acquérir grace devant Dieu, non pas que nous
n'ayons besoin d'estre aidez et secourus par son
sainct Esprit: mais ils disent qu'il y a une concurrence,
et que Dieu besongne en partie: mais
nous sommes ses compagnons, et comme nostre
vertu seroit par trop debile si elle n'avoit quelque
secours du costé 'de Dieu: aussi ils disent que la
grace de Dieu seroit inutile, sinon que nous la
facions valoir de 'nostre propre mouvement. Et
puis là dessus ils forgent et bastissent les mérites :
il n'est question sinon d'acquérir le royaume de
paradis en obligeant Dieu: et puis les mérites
viennent en avant, les satisfactions qui sont pour
se racheter de toutes les fautes qu'on a commises.
Yoilà donc en somme ce que les Papistes
gazouillent.
Or là dessus ils concluent aussi que c'est un
blaspheme de dire que la Loy de Dieu soit impossible,
et que nous n'en puissions venir à bout :
et qu'il n'y a celuy, quand il voudra, qu'il ne s'en
acquitte pleinement. Or il leur est bien facile de
gazouiller ainsi en l'ombre: et ceux qui parlent
ainsi, ce sont des villains putiers, des yvrongnes,
des blasphémateurs, gens addonnez à toute villenie
et enormité, car on oognoit assez quelle est la
saincteté et des moines, et des caphards, et de toute
ceste canaille et vermine.
Or de nostre part nous disons que nous naissons
serfs de péché sous la tyrannie de Satan, tenus en
des liens si estroits que nous ne sçaurions avoir
une seule bonne pensée pour bien faire, mais que
nous tendons du tout à mal, comme si un asne
portoit là son ioug et son fardeau: oombien que
nous ne péchions pas que de nostre volonté propre :
mais quoy qu'il en soit, nous sommes confits en
malice que nous ne sçaurions autre chose faire»
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