commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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635 SERMONS 636<br />
est nay de la promesse; car Dieu y besongne par<br />
miracle, à f<strong>in</strong> qu'on cognoisse que nostre Seigneur<br />
Iesus devoit estre envoyé au monde: non po<strong>in</strong>t<br />
selon l'ordre de nature: mais comme procédant de<br />
la bonté de Dieu et de son conse<strong>il</strong> <strong>ad</strong>mirable.<br />
Quoy qu'<strong>il</strong> en soit, vo<strong>il</strong>à en la maison d'Abraham,<br />
qui est comme une figure et image de l'Eglise,<br />
deux femmes avec deux enfans qui sont sortis de<br />
l'une et de l'autre. Or quant est d'Agar, sa<strong>in</strong>ct<br />
Faul dit qu'elle est comme S<strong>in</strong>a, la montagne où<br />
la Loy fut donnée : et l'appelle montagne d'Arabie,<br />
pour monstrer qu'elle n'estoit pas en ceste terre<br />
sa<strong>in</strong>cte, laquelle Dieu avoit desia ordonnée à son<br />
peuple pour heritage. Il y a aussi Sara qui respond<br />
à Ierusalem, non pas (dit-<strong>il</strong>) à ceste Ierusalem<br />
qui est ma<strong>in</strong>tenant: car elle s'estoit corrompue,<br />
«lie s'estoit alienee de la Loy et de la pure doctr<strong>in</strong>e<br />
de Dieu: delà Loy (di-ie), non pas selon que<br />
sa<strong>in</strong>ct Paul le prend ma<strong>in</strong>tenant, qu'elle engendre<br />
servitude : mais selon l'alliance que Dieu avoit<br />
faite avec son peuple au nom de nostre Seigneur<br />
Iesus Christ. D'autant donc que Ierusalem qui<br />
estoit du temps de S. Paul, avoit renoncé Iesus<br />
Christ, et avoit par ce moyen aboli l'alliance de<br />
Dieu, S. Paul dit qu'<strong>il</strong> la faut associer avec Agar,<br />
ou avec S<strong>in</strong>a, c'est tout un (dit-<strong>il</strong>) que les Iuifs se<br />
vantent sous ombre de leur temple et de leurs<br />
sacrifices et choses semblables, qu'<strong>il</strong>s sont le peuple<br />
choisi et esleu, tant y a qu'<strong>il</strong>s sont comme bannis<br />
et exterm<strong>in</strong>ez de la terre sa<strong>in</strong>cte, et n'ont s<strong>in</strong>on un<br />
titre frivole de la Loy, car qu'on regarde Testât de<br />
Jérusalem tel qu'on le voit, <strong>il</strong> ne diffère en rien<br />
d'avec S<strong>in</strong>ai.<br />
Or <strong>il</strong> y a (dit-<strong>il</strong>) ceste Ierusalem d'en haut, c'est<br />
à sçavoir l'Eglise, laquelle nous régénère devant<br />
Dieu, et celle-là aussi ayant ceste semence <strong>in</strong>corruptible<br />
de l'Evang<strong>il</strong>e engendre des enfans qui sont<br />
francs et libres, et est la mere de tous fidèles (dit-<strong>il</strong>)<br />
selon qu'<strong>il</strong> est escrit: Esiouy toy povre femme ster<strong>il</strong>e.<br />
Or Isaie ne parle po<strong>in</strong>t seulement à une femme:<br />
mais par sim<strong>il</strong>itude <strong>il</strong> appelle a<strong>in</strong>si l'Eglise de Dieu,<br />
qui pour un temps devoit estre en grande dissipation.<br />
Il dit donc, <strong>il</strong> est vray que tu seras comme<br />
reiettee, et y aura comme une espèce de* divorce<br />
entre Dieu et toy: mais en la f<strong>in</strong> <strong>il</strong> te multipliera<br />
derechef, et tu auras plus d'enfans que si tu avois<br />
esté touBiours florissante et en toute prospérité,<br />
comme <strong>il</strong> en est <strong>ad</strong>venu quand l'Evang<strong>il</strong>e a esté<br />
publié au monde. Car alors l'Eglise n'a po<strong>in</strong>t eu<br />
seulement les enfans d'Abraham, ni un certa<strong>in</strong><br />
peuple: mais elle a engendré par la semence celeste<br />
de l'Evang<strong>il</strong>e des enfans • <strong>in</strong>f<strong>in</strong>is à Dieu, de<br />
toutes nations et de pays eslongnez et de longue<br />
distance, comme Dieu a desployé alors sa vertu<br />
par tout le monde. Vo<strong>il</strong>à en somme le contenu<br />
4u texte que nous avons recité.<br />
Or en premier lieu nous avons à noter, quand<br />
S. Paul dit que ces choses sont dites par allégorie,<br />
ce n'est pas qu'<strong>il</strong> vue<strong>il</strong>le anéantir le sens naturel<br />
de l'Escriture sa<strong>in</strong>cte: comme nous voyons qu'<strong>il</strong><br />
y a eu une folle curiosité de cercher des speculations<br />
sottes en l'Escriture sa<strong>in</strong>cte, et qui n'a<br />
esté que pour tout brou<strong>il</strong>ler, et on a estimé que<br />
le sens literal ne fust rien. Vo<strong>il</strong>à qui a esté cause<br />
de tout falsifier et pervertir: et c'a esté une <strong>in</strong>vention<br />
diabolique que des allegories qui ont régné<br />
au monde, et qui encores plaisent tant à beaucoup<br />
de gens: comme <strong>il</strong>s en ont esté ensorcelez, pour<br />
ce que cela est favorable et qu'on leur applaudit.<br />
O vo<strong>il</strong>à une belle exposition. Et pourquoy?<br />
quand on ne touche ne ciel ne terre, le poure<br />
peuple s'y ravit et est bien aise d'estre là en suspens<br />
et en bransle. Or S. Paul n'a pas entendu<br />
que ce que Moyse recite d'Isaac et d'Ismael soit<br />
seulement une speculation a<strong>in</strong>si curieuse: mais <strong>il</strong><br />
monstre en somme qu'en ceste histoire nous contemplons<br />
quel est Testat de l'Eglise, d'autant<br />
qu'alors <strong>il</strong> n'y avoit Eglise au monde que Dieu<br />
eust gouvernée, s<strong>in</strong>on la maison de Abraham.<br />
Il y avoit bien encores Salem, où Melchisedec<br />
estoit Boy: mais d'autant que cela s'en alloit<br />
encores en confusion, Dieu en la personne d'Abraham<br />
a recue<strong>il</strong>li un peuple où <strong>il</strong> a donné comme<br />
un te8tnoignage qu'<strong>il</strong> vouloit estre <strong>in</strong>voqué de ceux<br />
qu'<strong>il</strong> avoit séparez d'avec le reste du monde. Il<br />
ne faut po<strong>in</strong>t donc que nous lisions ceste histoire<br />
de Moyse froidement, sans regarder plus lo<strong>in</strong>:<br />
c'est à dire sans regarder à ce qui est <strong>ad</strong>venu en<br />
ceste maison - là où <strong>il</strong> nous est monstre Testât de<br />
l'Eglise. Vo<strong>il</strong>à pour un item.<br />
Or ma<strong>in</strong>tenant pour venir au pr<strong>in</strong>cipal, notons<br />
quand S. Paul accompare Agar la servante d'Abraham<br />
à la montagne de S<strong>in</strong>ai, et à la Loy, qui a<br />
esté là publiée, que ce n'est pas prenant la Loy<br />
en tout son contenu et en sa substance. Car en<br />
la Loy <strong>il</strong> y a les promesses de salut, qu'<strong>il</strong> nous<br />
faut espérer par nostre Seigneur Iesus Christ,<br />
comme sa<strong>in</strong>ct Paul le declare en plusieurs passages,<br />
et aussi nous l'avons veu. Quand donc on prendrait<br />
la Loy en son droit usage et legitime, <strong>il</strong> est<br />
certa<strong>in</strong> que là nous aurions une semence <strong>in</strong>corruptible<br />
de vie et Dieu seroit nostre Père, et nous<br />
serions affranchis de luy. La Loy a bien engendré<br />
en servitude, quant à l'apparence extérieure: comme<br />
.<strong>il</strong> en a esté traitté ci dessus. Les Peres anciens,<br />
encores qu'<strong>il</strong>s fussent enfans de Dieu et héritiers<br />
du royaume des cieux comme nous, ont esté sous<br />
des tuteurs et curateurs: car <strong>il</strong>s estoyent encores<br />
semblables à des petis enfans : et la perfection a<br />
esté réservée à la venue de nostre Seigneur Iesus<br />
Christ, et les ceremonies ont esté comme des<br />
bridés et des attaches, tellement que ceux qui les