commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

629 SUR L'BPITRE AUX GALATBS. 630
Au reste, afin que nous cognoissions que nostre
Seigneur Iesus Christ ne veut point estre séparé
d'avec nous, mais que nous avons une communauté
réciproque ensemble, il reçoit nos vices et dit qu'il
est comme un petit enfant en nous. Et oomment?
Iesus Christ peut-il estre foible? nenni quant à
soy: mais d'autant que nous sommes membres de
son corps, il dit qu'il est petit en nous, selon la
mesure de cognoissance que nous avons: et d'autant
que nous procédons tousiours plus outre, il dit
aussi qu'il croist et qu'il s'augmente. Voilà un
tesmoignage d'une bonté excellente, voire infinie
du Fils de Dieu, quand il luy plaist s'abbaisser
ainsi, que non seulement il a compassion et pitié
de nos infirmitez, pour y subvenir et y donner
remède: mais aussi qu'il se transfigure et est content
de dire qu'il est comme imparfait, qu'il est
comme un petit enfant, et qu'il grandit selon que
nostre foy va tousiours en avant.
Et voilà pourquoy aussi en l'autre passage
sainct Paul appelle l'Eglise plenitude de Dieu et
de son Fils nostre Seigneur Iesus Christ. Or il
est bien vray que si nous imaginions que .Dieu ne
eoit point du tout accompli, et qu'il fale qu'il emprunte
de nous, ce seroit un sacrilege: car qu'estce
que nous luy pouvons apporter? Quand il nous
aura tous recueillis à soy, que peut-il trouver en
nous, sinon toutes misères? car nous y sommes
plongez, voire confits du tout. Or tant y a neantmoins
qu'il prononce par la bouche de sainct Paul,
que nous sommes son accomplissement, et qu'il est
là comme imparfait: non pas qu'il ne se puisse
passer de nous: car il s'en est bien passé de toute
éternité, devant qu'avoir créé le monde: combien
qu'il n'y eust ne ciel ne terre, Dieu ne s'est il pas
contenté de soy? n'estoit-il pas assez riche de sa
gloire? il est bien certain: mais il ne veut point
estre parfait et ne se contente point, iusques à ce
que nous soyons unis à luy. Voilà donc ce que
nous avons à observer sur ce passage. Or sous
ce mot de Former, nous sommes advertis que ce
n'est point assez d'avoir quelque cognoissance volage:
mais qu'il faut que nostre Seigneur Iesus Christ
soit tellement figuré au vif, que nous ayons une
impression de sa vertu, de toutes ses graces et de
tous ses biens tellement engravee en nos coeurs
qu'on ne la puisse iamais effacer. Il a dit par cidevant
que quand l'Evangile se presche en telle
vertu comme il appartient, que Iesus Christ est
comme crucifié au milieu de nous: que non seulement
nous le voyons là peinct au vif: mais que
c'est autant comme s'il estoit en la croix, et que
son sang decoulast, et qu'il fust là comme offrant
le sacrifice perpétuel à Dieu son Père pour effacer
toutes nos offenses et transgressions. Or tout ainsi
que Dieu nous fait ceste grace, advisons de nostre
costé de ne point laisser escouler ce qu'on nou»
propose: comme beaucoup de gens ne font que
fleureter (comme on dit), quand ils auront entendu
trois mots de l'Evangile, il leur semble que ce
n'est que trop, et cependant ils n'en ont qu'une
imagination confuse. Il ne se faut point donc esbahir
si en quelque tentation, voire bien petite, ils
défaillent, et qu'ils soyent tellement esperdus, que
tout ce qu'ils cuidoyent avoir apprins ne leur serve
de rien: car Dieu punit leur nonchalance en telle
sorte. Parquoy d'autant que Dieu nous a fait
ceste grace que nous ayons cognu son Fils, toutesfois
et quantes que nous venons au sermon, que
ceste figure là soit imprimée en nous, et que nous
soyons renouveliez en cognoissance et en memoire:
que quand le diable taschera d'obscurcir et finalement
d'effacer la foy que nous aurons conceuë,
qu'il n'y gagne rien, d'autant que nous aurons eu
une impression vive et qui est engravee si profond
en nos coeurs, qu'on pourra dire que Iesus
Christ est vrayement formé en nous. Et en cela
voit-on que les Papistes ont pleinement renoncé
nostre Seigneur Iesus Christ: car ils abrutissent le
monde, disans que c'est assez d'avoir une foy confuse,
et qu'il ne se faut point enquérir par trop et
que mesmes si on addonne son estude à profiter en
l'Evangile, que cela est dangereux: voilà leurs blasphemes.
Or ici nous voyons que sainct Paul reproche
aux Galatiens que c'est grand'honte à eux qu'il
fale que Iesus Christ soit formé derechef en eux,
et leur dit que c'est d'autant qu'ils se sont eslourdis,
et qu'ils n'ont pas receu la doctrine qui
leur avoit esté presence comme ils devoyent. Quand
donc nous aurons fait nostre devoir, et que nous
serons bons escholiers de Dieu, selon qu'il nous
sera bon maistre et fidèle, il est certain que nous
n'aurons point une foy embrouillée de quelque
imagination confuse: mais que nous contemplerons
le Fils de Dieu, comme il en est parlé en la seconde
des Corinthiens que l'Evangile est le vray
miroir où nous contemplons Iesus Christ comme en
face: non pas que nous le voyons à l'oeil, car cela
est réservé pour le dernier iour, quand nous serons
semblables à Dieu : alors sa gloire nous sera pleinement
manifestée: mais auiourd'huy en tant qu'il
nous est propre, et que nostre infirmité et rudesse
le souffre, nous contemplons la face de nostre Seigneur
Iesus Christ en l'Evangile pour estre transfigurez
et faits conformes à luy.
Or quand sainct Paul adiouste, qu'il voudroit
estre avec les Galatiens à fin de pouvoir changer
langage, pour ce qu'il est angoissé en eux, en cela
derechef il descouvre combien leur faute est lourde
et insupportable de ce qu'il ne sçait par quel bout
commencer: combien qu'il les ait enfantez en Iesus
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