commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

625 SUR L'EPITRE AÜX GALATES. 626
que nous voudrons estre caohé: qu'il révèle (di-ie)
nos fautes, qu'il les redargue, que nous soyons
tenus en bride, qu'il ne nous permette rien qui ne
nous soit licite. Quand (di-ie) on nous reprendra
vivement, qu'on nous donnera bon conseil, et qu'on
nous retirera du mal, si nous ne pouvons souffrir
cela, il est. certain que nous bataillons manifestement
à l'encontre de Dieu. Voilà en somme ce
que nous avons à observer de ce passage.
Or là dessus sainct Paul derechef s'efforce de
gagner les Galatiens par grande douceur: Mes
petis enfans (dit-il), pour lesquels enfanter derechef
ie travaille, iusques à ce que nostre Seigneur Iesus
Christ soit formé en vous. Mais combien qu'il y
ait ici du miel, si est-ce qu'il ne laisse pas d'y
mesler quelque poinct pour les picquer, quand il
les appelle petis enfans, combien qu'ils deussent
desia estre engendrez et formez en Iesus Christ,
comme s'ils estoyent parvenus en aage d'homme,
il adiouste, ie ne sçay comment me porter envers
vous: car vous me contraignez en telle sorte que
ie ne sçay de quel style de dois plus user: il faut
donc que ie me transfigure en homme nouveau,
, veu que vous estes si estranges et si farouches,
veu que vous n'estes point traictables, et que ie
ne sçay comment vous manier. Voilà comme il
use d'une façon de parler meslee de rigueur et de
grande amitié. Or sainct Paul ne se contente pas
encores de prendre la personne d'un père, qui
toutesfois a son amour assez tendre envers ses enfans:
mais il dit qu'il est semblable à une mere
qui est là en travail et en angoisse, et quelque
douleur qu'elle sente, si est-ce qu'elle aime mieux
l'enfant qui doit sortir de son ventre, qu'elle ne
fait pas ses propres entrailles et sa vie. Quand
sainct Paul use de ceste similitude, il est certain
qu'il ne sçauroit se declarer plus affectionné, à fin
de rompre ce qui est de dureté aux coeurs de
ceux ausquels il parle, ou pour les amollir: mais
quoy qu'il en soit, si ne les flatte il pas quand il
leur reproche leur villenie, de ce qu'ils ne cognoissent
point leur mere qui les enfante et qui les
a nourris de sa propre substance et de son sang,
qu'ils sont comme des bestes farouches qu'on ne
peut apprivoiser, encores qu'on use de toute humanité
envers eux: ceste ingratitude là donc est par
trop enorme. Ainsi nous voyons que sainct Paul
suit tousiours le moyen que nous avons exposé
auiourd'huy: c'est à sçavoir que tant qu'il luy est
possible, il tasche d'attirer par amour ceux qui
sont débauchez: et pour ceste cause il monstre
une solicitude qu'il a de leur salut plus grande
qu'ils ne peuvent penser: mais quoy qu'il en soit,
si est-ce qu'il y a du vin aigre meslé parmi l'huile,
qui les picque, comme il estoit besoin, à fin qu'ils
ne s'endorment point en leurs vices: car il n'est
Càhnni opera. Vol. L.
point question de mignarder ceux qui ont offensé
Dieu, et qui sont comme empoisonnez de Satan,,
voire ensorcelez, tellement qu'ils ne cognoissent
point leur ordure, il faut racler tout cela: mais
quoy qu'il en soit, il tient tel moyen qu'il faut
qu'ils cognoissent qu'il procure leur salut, et qu'il
ne desire sinon de les amener à Dieu.
Voilà en somme ce que nous avons à observer
sur ce passage: mais oependant nous avons aussi
à noter en particulier quand sainot Paul les
appelle petis enfans, qu'obliquement il les redargue
de ce qu'ils n'ont pas mieux profité: car pourquoy
l'Evangile nous est-il iournellement presche?
Il est dit que c'est la semence incorruptible par
laquelle nous sommes régénérez pour estre enfans
de Dieu. Or quand nous sommes sortis au
monde, ayans esté allaictez nous croissons, et avec
le temps nous sommes conformez, que le laict n'est
plus nostre nourriture: nous avons une viande
plus ferme, et cueillons force et vigueur de plus
en plus, iusques à ce que nous soyons parvenus
en aage d'homme: que sera-ce donc si après estre
faits nouvelles creatures par le moyen de l'Evangile,
nous demourons tousiours à la mamelle, que
nous ne profitions point, tellement qu'il nous fale
porter entre les bras, et que nous ne puissions
avaller un morceau de pain, et que nous vueillions
tousiours tetter, cela procède il de la nature de
l'Evangile? Il est bien certain que non: il faut
donc recognoi8tre que la faute est en nous. Et
ainsi quand sainct Paul appelle les Galatiens ses
petis enfans, combien qu'en cela il declare une
amour vehemente qu'il leur portoit, si est-ce qu'il
les picque: comme nous voyons aussi que l'Apostre
dit en l'Epistre aux Hebrieux: Et comment? vous
devriez estre grans clercs, selon le temps que vous
avez esté à l'eschole: car ce n'est pas d'auiourd'huy
que l'Evangile vous est presche, et que vous
soyez encores à l'ABO. Et quelle honte? car
Dieu vous a donné instruction suffisante, et a fait
office de bon maistre envers vous, et vous estes
mauvais escholiers de vostre part. Ainsi maintenant
qu'est-ce de vous? car sainct Paul avoit
enfanté les Galatiens en Iesus Christ de longtemps,
et ils devoyent estre conformez en la foy
de l'Evangile: les voilà encores novioes en leur
rudesse, voire en telle bestise qu'ils ne sçavent à
quoy ils se doivent tenir, ne ce qu'ils doivent
suivre. Voilà donc pour le premier.
Et suivant cela il adiouste, que derechef il travaille
pour les enfanter. Or ils avoyent esté enfantez
auparavant: mais c'estoyent comme avortons:
non pas que sainct Paul ne leur eust donné tout
ce qui estoit requis de bonne doctrine: mais ils
n'avoyent point esté capables de la recevoir, estans
encores par trop addonnez à leurs appetis terres-
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