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605 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 606
Papistes qui cuident beaucoup mériter en prenant
un asperges d'eau bénite, en barbotant ceci et cela,
en gardant un iour de feste, en se tormentant pour
aller en quelque pèlerinage, porter une chandelle
à quelque marmouset, chanter quelque messe, dire
tant de chappelets: ils pensent bien, di-ie, s'appointer
avec Dieu par tel moyen: mais il est certain
qu'ils se plongent tant plus en enfer, et se iettent
aux filets de Satan, comme s'ils avoyent complotté
avec luy à leur perdition: bref, toutes les ceremonies
de la Papauté, ce sont autant de renoncemens
de nostre Seigoeur Iesus Christ, et de la
vraye pureté qu'il nous a acquise en sa mort et
resurrection, et de la grace qui nous est auiourd'huy
presentee en l'Evangile: car ils ont beau
amener telles couvertures qu'ils voudront, si est-ce
qu'ils ne pourront pas démentir le sainct Esprit,
qui a prononcé ceste sentence par la bouche de
sainct Paul. Nous voyons donc en somme ce qui
nous est ici monstre.
Or quant à l'espèce que sainct Paul allègue,
des iours, des mois et des années, il n'entend pas
des saisons de l'hyver et de l'esté, il n'entend pas
qu'il n'y ait certains iours aussi, que les hommes
ne content les ans et les mois : mais il parle des
festes qui avoyent esté commandées en la Loy, et
lesquelles ces séducteurs vouloyent encores qu'on
observast, voire comme par nécessité. Là il y
avoit une astriction et servitude, et o'estoit pour
abolir la liberté qui nous a esté acquise en nostre
Seigneur Iesus Christ. Voilà pourquoy sainct Paul
use d'une telle vehemence: mais c'estoit aussi à
cause de ceste fausseté que i'ay dite : car il faloit •
que nostre Seigneur Iesus Christ fust cognu en
toutes ces figures là, et qu'on tendist à luy. Or
ceux qui avoyent trompé les Galatiens, leur avoyent
mis une obligation toute contraire, veu qu'en
retenant le iour de Pasques et les autres festes, ils
vouloyent encores ramener les figures anciennes,
lesquelles devoyent estre abolies. Quand anciennement
on observoit le iour de Pasques sous la
Loy, c'estoit à fin que le peuple, ayant souvenance
qu'ils avoyent esté rachetez de la servitude
d'Egypte, attendissent ceste grande redemption qui
estoit promise. Et voilà pourquoy sainct Paul dit
que nostre agneau paschal a esté sacrifié: c'est à
sçavoir Iesus Christ. 11 monstre que ce qui a
esté figuré par l'agneau paschal qui estoit sacrifié
en la Loy a esté auiourd'huy accompli en la personne
de nostre Mediateur. Autant en estoit-il du
iour des Tabernacles, que Dieu reduisoit en me-,
moire aux Iuifs qu'ils avoyent habité au desert, là
où il n'y avoit ne maisons ne bastimens, là où ils
fussent demourans pour quelque long espace de
temps: mais qu'il faloit qu'ils tracassassent çà et
là. Ce leur estoit aussi un advertissement que
ceste vie n'est qu'un pèlerinage par lequel il nous
faut passer hastivement. Autant en estoit-il des
prémices, qu'on venoit là presenter les premiers
fruicts à Dieu. Apres quand on venoit faire une
confession solennelle des péchez, c'estoit autant de
figures pour amener à Iesus Christ les Iuifs ausquels
il estoit promis. Or quand il est apparu, si
nous voulons garder toutes ces choses là, qu'y
aura-il sinon singerie? car nous ostons le principal
et la substance: c'est comme si on. se vouloit
nourrir de la couleur du pain et du vin et d'autres
viandes. Et pourra on de là tirer nourriture?
Ainsi donc quand nostre Seigneur Iesus Christ est
apparu, les figures de la Loy ne sont plus en
usage, et si on les veut retenir, il n'y a plus là
nulle cognois8ance de Dieu: mais tout est perverti.
D'autant plus donc nous faut-il bien noter qu'auiourd'huy
quand nous déclinerons tant peu que ce
soit de la pureté de l'Evangile, que nous sommes
autant eslongnez de' Iesus Christ. Or il est vray
que nous aurons bien des iours certains pour nous
assembler, mais ce n'est pas à la façon des Iuifs.
Et pourquoy? Nous ne les gardons pas par ceremonies.
En la Loy si quelqu'un eust seulement
levé un maillet sur une piece de bois, ou qu'il
eust fait son mesnage, c'estoit un crime mortel.
Si quelqu'un eust osé mettre bouillir son pot le
iour du repos, Dieu commandoit qu'il fust exterminé.
Or il n'y avoit pas telle rigueur pour dire
que Dieu se delectast d'oisiveté: mais c'estoit pour
la figure, comme s'il disoit, ie vous ay ordonné
mes Sabbaths, à fin que vous cognoissiez que ie
suis le Dieu qui vous a sanctifié. Nous avons bien
une mesme sanctification auiourd'huy, mais ce
n'est pas en telles figures, comme ont eu les Peres
anciens: car ce seroit ensevelir nostre Seigneur
Iesus Christ. Ce seroit derechef estandre un
voile, à fin de nous esblouir tellement les yeux,
que nous ne cognoissions point la clarté de l'Evangile.
Voilà ce que nous avons à retenir sur ceste
observation des iours dont sainct Paul parle.
Mais surtout notons qu'il nous a ici voulu declarer
que depuis que nous avons cognu les biens
qui nous ont esté communiquez par nostre Seigneur
Iesus Christ, qu'il nous y faut tenir et avoir
là tout nostre repos: et que si nous voltigeons et
de costé et d'autre, que c'est nous aliener de nostre
Seigneur Iesus Christ, auquel nous avons toute
plenitude et perfection de vie, de ioye, de salut et
de gloire. Avisons donc de n'estre point coulpables
d'une telle ingratitude, et puis que Dieu s'est ainsi
approché de nous, et mesmes que du temps que
nous avons esté comme poures bestes esgarees,
qu'il nous a recueillis à soy, qu'il s'est déclaré
nostre pasteur, à fin que nous fussions brebis de
son troupeau, que nous escoutions sa voix, et que