commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

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biles que les Galatiens: mais comme nous ayons
touché: sçachons que le saincfc Esprit a ici voulu
abbatre tout orgueil, à fin que les hommes ne presument
point de leur raison ni intelligence, pour
faire ce que bon leur semble: mais que nous cognoissions
qu'il n'y a que brutalité en nous, iusques
à ce que Dieu nous ait illuminez par sa grace. Et
au reste quand S. Paul dit que les idoles ne sont
point dieux de nature, il entend que nous sommes
bien hebetez, quand nous ne pouvons pas venir à
celuy qui a tout créé, et qui se monstre et haut et
bas, à fin que nous le cognoissions pour l'adorer
et le servir. Car nous ne pouvons pas regarder
nos mains et nos pies, que nous ne contemplions
appertement une sagesse, vertu et bonté admirable
de nostre Dieu, voyans le ciel et les estoilles, nous
avons là un tesmoignage suffisant qu'il y a un
souverain maistre qui les maintient: quand nous
regardons les changemens des saisons, que nous
voyons les neiges, les pluyes, et les vents ou les
chaleurs: voilà Dieu qui se declare: quand la terre
produit ses fruicts, ou bien qu'elle est comme morte
et sèche, tousiours nous cognoissons Dieu, ou pour
le moins nous sommes convaincus que là il se declare.
Et si auiourd'huy nous ne l'appercevons pas,
il faudra qu'au dernier iour nous confessions qu'ainsi
en est-il quand les livres seront ouverts. Or cependant
si nous adorons ceux qui ne sont point
dieux de nature, c'est autant comme si à nostre
escient nous fermions les yeux à tant de tesmoignages,
et à tant de miroirs que Dieu nous met
devant nous, à fin que nous puissions parvenir à
luy. Quoy qu'il en soit, si est-ce que tout ce que
les hommes adorent, ce n'est qu'une vaine fantasie,
iusques à ce qu'ils ayent esté introduits au bon
chemin: car ils ne peuvent selon le propre sens de
nature s'adonner sinon à tout erreur et tromperie.
Il adiouste, maintenant que vous avez cognu Dieu,
ou plustost que vous avez esté cognus de luy. Aucuns
exposent qu'ils ont esté instruits en la cognoissance
de Dieu: mais le tout revient à un. Tant
y a qu'en premier lieu, comme desia nous avons
touché, il monstre que ceux qui ont esté enseignez
en la pure vérité, sont coulpables d'estre pariures
à Dieu: car ils n'ont plus d'excuse: ce n'est plus
ignorance: ce n'est pas comme si iamais ils n'eussent
gousté quelle est la vraye religion: mais c'est comme
une fausseté toute manifeste: comme si des suiets
sçachans bien quel est leur Prince, se revoltoyent,
et qu'ils luy faussassent la foy qu'ils luy ont promise:
et qu'ils complotassent avec son ennemi
mortel. Voilà comme nous en sommes que tous
ceux qui ont cognu la vérité de Dieu ne peuvent
pas se débaucher après les superstitions et erreurs
qu'ils ne soyent comme faussaires et pariures: car
ce n'est pas sans cause qu'il est dit qu'il faut que
les idoles tombent bas quand Dieu sera glorifié en
sa hautesse : qu'il faut que toutes superstitions s'esvanouissent
quand il mettra sa maiesté en avant.
Or c'est autant comme s'il dressoit son siege, quand
il luy plaist de se declarer à nous, s'il nous fait
ce bien et ceste grace d'estre nostre Roy. Si nous
ne pouvons pas luy donner aucune suietion, ne luy
sommes nous pas faussaires? Si nous alléguons
pour réplique, que nostre intention n'est pas telle,
ce n'est qu'hypocrisie: car cous sçavons que nostre
Seigneur ne peut endurer nul compagnon : et mesmes
il use de ce mot de ialousie pour monstrer qu'il
nous veut posséder en telle sorte que nous soyons
du tout à luy, et non en partie. Quand donc nous
voudrons cercher et d'un costé et d'autre, et nager
entre deux eaux, il n'y aura que fiction et hypocrisie
en nous: car il faut qu'il y ait une droite
intégrité: et pour ceste cause sainct Paul ne dit
pas simplement, quand nous serons trompez par
Satan, et que nous quitterons l'Evangile, mais que
nous déclinerons de la simplicité (dit-il). Comme
les Galatiens (ainsi que nous avons monstre) n'avoyent
pas renoncé Iesus Christ ni desavoué leur
Baptesme, ils faisoyent profession de tenir encores
l'Evangile: mais il y avoit un meslinge qui corrompoit
tout, il ne faut qu'un bien peu de levain pour
aigrir toute la paste. Ainsi quand les hommes
appetent d'adiouster ie ne sçay quoy de leur cerveau
à la vérité de Dieu, c'est pour gaster tout.
Car qu'un vin soit le meilleur du monde, qu'on y
fourre du vinaigre ou quelqu'autre puantise, il vaudroit
mieux boire de l'eau simple. Ainsi donc en
est-il quand on voudra déguiser la vraye religion,
ainsi que font tous ceux qui ont ceste audace d'inventer
ie ne sçay quoy de leur teste. Il est certain
qu'il vaudrait mieux n'avoir iamais rien cognu,
sinon en gros qu'il y a un Dieu, que d'avoir esté
enseignez en la bonne doctrine de l'Evangile, et
cependant falsifier ainsi tout, et transfigurer nostre
Seigneur Iesus Christ. Voilà donc une chose insupportable.
Et c'est ce que nous avons à observer
en premier lieu.
Or pour le second, sainct Paul monstre quand
les Galatiens avoyent esté appelez à l'Evangile,
que ce n'estoit pas qu'ils y fussent venus de leur
mouvement propre, ou qu'ils se fussent avancez:
mais que Dieu les avoit cerchez, combien qu'ils
fussent poures gens esgarez et du tout errans.
Et cela n'est pas dit seulement pour eux, car nous
sçavons qu'en general le Prophète Isaie parle
ainsi de tous ceux qui devoyent estre participans
du salut qui nous a esté acquis par nostre Seigneur
Iesus Christ, I'ay esté trouvé par ceux qui ne me
cerchoyent pas, et me suis manifesté à ceux qui
ne s'estoyent point enquestez de moy : et à ceux
qui n'en tenoyent conte, ie leur ay dit, me voici,