commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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591 SERMONS 592<br />
comme sa<strong>in</strong>ot Paul en parle au 8. chap, des<br />
Roma<strong>in</strong>s? Et vo<strong>il</strong>à pourquoy aussi au 5. chap. a.<br />
5. <strong>il</strong> dit que nostre espérance ne sera iamais confuse,<br />
d'autant que l'amour de Dieu est espandue en<br />
nos coeurs par le sa<strong>in</strong>ct Esprit qui nous est donné :<br />
car si nous n'avons nulle espérance, <strong>il</strong> est certa<strong>in</strong><br />
que nous sommes bannis du royaume de Dieu, et<br />
ne pouvons pas estre nommez Chrestiens. Et<br />
quelle est ceste espérance? C'est que l'amour de<br />
Dieu soit espandue en nos coeurs (dit sa<strong>in</strong>ct Paul),<br />
c'est à dire que nous soyons ple<strong>in</strong>ement rassasiez<br />
et contens, sçachans que Dieu nous est propice.<br />
Et comment le sçaurons nous? Par l'esprit. Or<br />
<strong>il</strong> met notamment le mot de Espandre, pour signifier<br />
que Dieu ne nous fait po<strong>in</strong>t sentir sa bonté<br />
et l'amour paternelle qu'<strong>il</strong> a envers nous, comme<br />
à lechedoigt (a<strong>in</strong>si qu'on dit) en nous laissant<br />
comme gens affamez et <strong>in</strong>digens: mais <strong>il</strong> la veut<br />
espandre, c'est à dire nous avons une certitude<br />
assez ample qu'<strong>il</strong> nous cognoit et <strong>ad</strong>vouë pour siens<br />
quand <strong>il</strong> a desployé tous les thresors de sa miséricorde<br />
en nostre Seigneur Iesus Christ.<br />
Or <strong>il</strong> faut bien que cela procède de l'Esprit<br />
de Dieu, comme <strong>il</strong> est dit au premier et au second<br />
chapitre de la premiere aux Cor<strong>in</strong>thiens que nous<br />
ne comprendrons iamais de nostre sens naturel<br />
que Dieu nous aime: car cela surmonte toute<br />
vertu huma<strong>in</strong>e. Il faut donc que Dieu nous esleve<br />
pardessus le monde, car cela n'est pas en nostre<br />
capacité d'estre certifiez de nous - mesmes de son<br />
amour. L'esprit donc nous le donne, c'est à dire<br />
nous n'avons po<strong>in</strong>t cela de nature ni d'héritage,<br />
nous ne l'avons po<strong>in</strong>t aussi acquis par nos mérites:<br />
mais Dieu par sa pure bonté nous a voulu certifier<br />
de son amour, à f<strong>in</strong> que nous puissions privement<br />
recourir à luy en toutes nos nécessitez. Or les<br />
Papistes tout au contraire iugent selon leur fantasie,<br />
que nous ne pouvons pas estre certa<strong>in</strong>s de l'amour<br />
de Dieu. Et ces miserables sont si aveuglez, qu'<strong>il</strong>s<br />
disent que c'est une présomption quand nous en<br />
voulons avoir certitude, voire si nous la voulions<br />
avoir de nous - mesmes. Si l'homme se faisoit<br />
accroire à son appétit que Dieu est son Père: et<br />
nous serions des enfans fantastiques pour tout<br />
potage, a<strong>in</strong>si que ces fols qui courent les rues se<br />
font des Rois et des Pr<strong>in</strong>ces. Mais quand nous<br />
avons ce tesmoignage de nostre Dieu, faut-<strong>il</strong> que<br />
nous doutions là dessus? Et est-ce présomption<br />
de faire à Dieu cest honneur qu'<strong>il</strong> soit tenu pour '<br />
fidèle, et que nous soyons appuyez sur sa parole?<br />
Et d'autre costé, quand on vient à le prier, n'est-ce<br />
pas une bonne ouverture qu'<strong>il</strong> nous donne de dire,<br />
Venez à moy? Si nous n'avions nul commandement<br />
de prier Dieu, <strong>il</strong> est vray que ce seroit une<br />
témérité par trop grande de nous presenter devant<br />
luy: mais quand <strong>il</strong> nous appelle, et mesmes qu'<strong>il</strong><br />
n'attend pas que nous le cerchions, mais qu'<strong>il</strong> anticipe,<br />
et qu'<strong>il</strong> nous declare qu'<strong>il</strong> ne demande s<strong>in</strong>on<br />
que nous venions à luy, qu'<strong>il</strong> nous donne ce<br />
mouvement et l'affection de l'<strong>in</strong>voquer: quand donc<br />
nous le tenons pour nostre Dieu: que nous luy<br />
attribuons la louange qu'<strong>il</strong> mérite, que nous cerchions<br />
tout nostre bien en luy: quand (di-ie) <strong>il</strong> nous a<br />
a<strong>in</strong>si prévenus, faut-<strong>il</strong> que nous disputions si nous<br />
le devons suivre ou non? N'est-ce pas un blaspheme<br />
qui est pour anéantir toutes les promesses de<br />
Dieu? Vo<strong>il</strong>à donc ce que nous avons à retenir, quand<br />
<strong>il</strong> est parlé de ce mot de Crier. Or cependant<br />
quoy qu'<strong>il</strong> en soit, s'<strong>il</strong> nous faut gazou<strong>il</strong>ler comme<br />
gens qui ont à demi perdu la parole, et si nous<br />
sommes tant environnez d'afflictions que nous ne<br />
puissions quasi former une syllabe ni mot, ne<br />
laissons pas quoy qu'<strong>il</strong> en soit, de venir à Dieu<br />
ayans ce pr<strong>in</strong>cipe là qu'<strong>il</strong> nous subviendra au<br />
beso<strong>in</strong>, et qu'<strong>il</strong> corrigera les <strong>in</strong>firmitez qui nous<br />
retardent. Bref, quand l'Esprit besongnera en<br />
nous pour nous <strong>in</strong>citer à ces gemissemens dont<br />
nous avons parlé, que nous cerchions Dieu encores<br />
que nous soyons confus en nous-mesmes, ne sçachans<br />
par quel bout commencer: que nous tendions<br />
tousiours à ce but qui nous est ici proposé.<br />
Or notamment sa<strong>in</strong>ct Paul dit que nous crions<br />
Abba, Père, pour signifier que ce n'est pas seulement<br />
entre les Iuifs que Dieu veut estre auiourd'huy<br />
reclamé, et qu'on ait son refuge à luy; mais que<br />
cela est commun à tout le monde, d'autant que<br />
l'Evang<strong>il</strong>e qui est la clef pour nous ouvrir la porte<br />
de Par<strong>ad</strong>is, est publié par tout: que ma<strong>in</strong>tenant<br />
tous iouissent de ce droict qui estoit comme un<br />
priv<strong>il</strong>ege special à la lignée d'Abraham. Vo<strong>il</strong>à<br />
donc comme nous crions Abba, Père. Or le<br />
premier mot, Abba, c'est bien à dire père: mais<br />
sa<strong>in</strong>ct Paul use du langage qui avoit esté retenu<br />
entre les Iuifs, et qui leur estoit plus commun:<br />
car <strong>il</strong> n'y avoit po<strong>in</strong>t alors une purité de la langue<br />
Hebraique depuis la captivité de Babylone: mais<br />
<strong>il</strong> y avoit un mesl<strong>in</strong>ge de la langue Chaldalque<br />
avec l'Hebraique. Tant y a que sa<strong>in</strong>ct Paul veut<br />
ici declarer que sous l'Evang<strong>il</strong>e Dieu devoit estre<br />
<strong>in</strong>voqué à ple<strong>in</strong>e bouche de tous en commun,<br />
d'autant que son <strong>ad</strong>option estoit presentee à toutes<br />
nations, et qu'<strong>il</strong> a rompu la paroy qui estoit pour diviser<br />
les Iuifs d'avec les Payons, tellement que ma<strong>in</strong>tenant<br />
<strong>il</strong> veut que nous soyons égaux et en pare<strong>il</strong>le<br />
condition. Vo<strong>il</strong>à donc comme en toutes langues nous<br />
pouvons <strong>in</strong>voquer Dieu, comme d'une bouche, et ne<br />
faut po<strong>in</strong>t douter que Dieu ne nous reçoive, et que<br />
nous n'ayons la liberté de nous <strong>ad</strong>resser à luy,<br />
puis que nous avons la doctr<strong>in</strong>e de l'Evang<strong>il</strong>e qui<br />
nous y conduit, et qui nous est une <strong>ad</strong>resse <strong>in</strong>fallible.<br />
Or par ce moyen nous voyons qu'un<br />
chacun doit prier Dieu avec <strong>in</strong>telligence. Car si