commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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589 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 590<br />
d'autant qu'<strong>il</strong>s n'ont po<strong>in</strong>t discretion pour 'se<br />
gouverner, <strong>il</strong>s ne sçavent po<strong>in</strong>t comme leur père<br />
s'appo<strong>in</strong>tera avec eux. A<strong>in</strong>si en a-<strong>il</strong> esté du<br />
temps de la Loy, <strong>il</strong> y a bien en quelque cra<strong>in</strong>te,<br />
voire tellement que ceux qui estoyent enfans de<br />
Dieu estoyent encores sous ce lien estroit, duquel<br />
<strong>il</strong> a esté parlé. Or sa<strong>in</strong>ct Paul dit que nous ne<br />
sommes plus comme en la montagne de S<strong>in</strong>ai, là<br />
où Dieu foudroyoit, là où les esclairs voloyent, là<br />
où on oyoit la trompete, là où l'air retentissoit<br />
en sorte que tous estoyent espouvantez, en sorte<br />
qu'<strong>il</strong>s n'osoyent po<strong>in</strong>t approcher de Dieu: comme<br />
<strong>il</strong> est dit, Que Dieu ne parle po<strong>in</strong>t à nous, autrement<br />
nous vo<strong>il</strong>à tous morts et perdus. Nous ne<br />
sommes pas donc ma<strong>in</strong>tenant en cest effroy, dit<br />
sa<strong>in</strong>ct Paul : mais Dieu nous a donné ple<strong>in</strong>e<br />
liberté, d'autant que nostre Seigneur Iesus Christ<br />
nous est apparu: et nous sçavons qu'<strong>il</strong> est entré<br />
au ciel, à f<strong>in</strong> que ma<strong>in</strong>tenant le throne celeste n'ait<br />
po<strong>in</strong>t une maiesté espouvantable qui nous face<br />
reculer: mais que nous trouvions là grace et<br />
faveur, tellement que nous puissions parler tout<br />
privément avec nostre Dieu. Vo<strong>il</strong>à donc en somme<br />
qu'emporte ici ce mot de Crier.<br />
Or <strong>il</strong> est vray que souvent les fidèles ne<br />
sentiront pas en eux une affection si franche et<br />
liberale: mais plustost nous serons angoissez,<br />
qu'en ouvrant la bouche nous aurons des remords,<br />
et entrerons en doute, si Dieu nous veut exaucer<br />
ou non, la tristesse nous pressera en telle sorte<br />
qu'à grand pe<strong>in</strong>e pourrons - nous sçavoir par où<br />
nous ordonnerons nos prières, ni par quel bout.<br />
Vo<strong>il</strong>à donc qui pourroit sembler contraire à ce que<br />
dit ici sa<strong>in</strong>ct Paul, et à ce passage que nous venons<br />
d'alléguer: car <strong>il</strong> s'ensuivra que nous serons<br />
retranchez du reng des fidèles, quand nous douterons<br />
en nous mesmes si nous pouvons prier Dieu, et<br />
que nous aurons des doutes (comme i'ay dit), que<br />
nous serons là enserrez en nos affections. Si cela<br />
est, où sera-ce aller? Où est ceste fiance de laquelle<br />
parle ici sa<strong>in</strong>ct Paul? Or <strong>il</strong> oste quant et<br />
quant ceste difficulté-là, disant que l'Esprit de<br />
Dieu supplée à nos défauts et <strong>in</strong>firmitez: car <strong>il</strong> y<br />
a des gemissemens <strong>in</strong>énarrables, lesquels Dieu<br />
exauce, encores qu'<strong>il</strong>s ne soyent pas entendus des<br />
hommes.<br />
En premier lieu donc notons qu,e si nous avons<br />
profité en l'Evang<strong>il</strong>e, nous devons avoir cela tout<br />
résolu, que Dieu nous tient pour ses enfans, et<br />
qu'<strong>il</strong> nous convie tout doucement à soy et que<br />
nous y pouvons hardiment venir: comme aussi <strong>il</strong><br />
en est parlé au 3. chap, des Ephesiens, c. 12. quand<br />
<strong>il</strong> est dit, que par la foy que nous avons en Iesus<br />
Christ, nous concevons quant et quant ceste fiance<br />
et ceste hardiesse pour nous <strong>ad</strong>resser à Dieu.<br />
Sans fiance donc et sans hardiesse <strong>il</strong> appert que<br />
nous n'avons po<strong>in</strong>t de foy: mais cependant pour<br />
ce que nostre foy n'est iamais parfaite, et qu'elle<br />
soustient des combats desquels elle est comme<br />
abatue en apparence, nous sommes là quelques fois<br />
si estourdis (d'autant que nos misères et nos<br />
afflictions nous pressent) qu'<strong>il</strong> nous semble que<br />
Dieu est eslongné de nous, et que nous ne pouvons<br />
dresser quasi un mot de requeste pour prier Dieu.<br />
Et pourtant recourons à ce qui est dit par sa<strong>in</strong>ct<br />
Paul, c'est que l'Esprit supplée à nos <strong>in</strong>firmitez.<br />
Et a<strong>in</strong>si combatons, et ne cessons de prier nostre<br />
Dieu: et si nous sommes comme muets, ou que<br />
nous beguayons, que nous ne puissions pas prononcer<br />
une clausule bien à po<strong>in</strong>t: mais que nous<br />
soyons enveloppez de beaucoup d'empeschemens :<br />
et bien, quoy qu'<strong>il</strong> en soit, que l'Esprit de Dieu<br />
tousiours nous pousse et que nous retenions ce<br />
pr<strong>in</strong>cipe là que Dieu neantmo<strong>in</strong>s est nostre Père<br />
et que nous avons nostre refuge à luy: et si ce<br />
n'est si franchement comme <strong>il</strong> seroit requis, et que<br />
nous soyons là appesantis en nos fascheries, quoy<br />
qu'<strong>il</strong> en soit, marchons tousiours, et que nos défauts<br />
ne nous ferment po<strong>in</strong>t la porte, que nous ne<br />
persistions à requérir nostre Dieu, sçachans qu'en<br />
la f<strong>in</strong> <strong>il</strong> aura pitié de nous.<br />
Vo<strong>il</strong>à donc ce que nous avons à retenir quand<br />
<strong>il</strong> est ici parlé de l'Esprit de fiance, par lequel<br />
nous pouvons crier, estans asseurez de nostre <strong>ad</strong>option.<br />
Ne pensons po<strong>in</strong>t que cela puisse estre<br />
ple<strong>in</strong>ement en nous, car nous ne sommes pas despou<strong>il</strong>lez<br />
de beaucoup de vices. Et puis <strong>il</strong> y a<br />
l'<strong>in</strong>crédulité: que si elle n'a pas sa rac<strong>in</strong>e en nous,<br />
elle aura tousiours beaucoup de f<strong>il</strong>ets pour nous<br />
retenir, en sorte qu'<strong>il</strong> nous faudra bata<strong>il</strong>ler à rencontre.<br />
Mais cependant, si faut-<strong>il</strong> avoir cela tout<br />
résolu, que Dieu est nostre Père: et puis que selon<br />
nostre mesure et petitesse nous tendions tousiours<br />
au but qui nous est ici proposé. Et c'est l'un des<br />
plus grans combats que nous ayons auiourd'huy<br />
avec les Papistes : car <strong>il</strong>s disent que nous ne<br />
pouvons pas estre certifiez si Dieu nous aime, et<br />
que cela doit demeurer en suspend, si nous sommes<br />
aimez ou hais de luy. Or par ce moyen <strong>il</strong>s<br />
deroguent ple<strong>in</strong>ement à la vraye forme et façon<br />
de prier: car nous sçavons ce que dit l'Escriture,<br />
que nous ne pouvons prier sans foy: et qu'un tel<br />
homme (dit sa<strong>in</strong>ct laques) ne pense po<strong>in</strong>t estre<br />
iamais exaucé, c'est à sçavoir, quand <strong>il</strong> viendra<br />
comme un roseau branlant à tous vents et agité<br />
de costé et d'autre: car <strong>il</strong> faut que nous soyons<br />
résolus que Dieu est fidèle en ses promesses, et<br />
que nous ne serons po<strong>in</strong>t frustrez en venant à luy,<br />
d'autant qu'<strong>il</strong> nous y convie. Il faut que nous<br />
ayons cela en toutes prières et oraisons, ou ce<br />
n'est rien du tout. Et puis quelle chrestienté y<br />
aura-<strong>il</strong> en nous, si noue n'avons l'Esprit de Dieu,