commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

585 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 586
mention ci-dessus, c'est à sçavoir que la Loy n'exercera
plus ceste authorité et rigueur sur nous de
dire, Quiconques ne l'accomplira, il sera maudit.
Car cependant que ceste menace-là dure et a sa
vigueur, il faut que nous soyons comme gens transis,
et qu'il y ait comme une torture qui nous deschire
par pieces. Brief, nous ne pouvons avoir nul repos,
sinon que ceste sentence là soit abolie, c'est à sçavoir
que ceux qui n'auront point accompli tout le
contenu de la Loy seront maudits: mais au contraire
que nous ayons tesmoignage que Dieu a pitié
de nous, qu'il nous supporte en nos infirmitez,
comme un père ses enfans, et qu'il ne regarde pas
s'il y a des vices en nous: mais qu'il les cache
et les ensevelit, tellement que nostre service
luy est agréable encores qu'il y ait beaucoup à
redire.
Voilà donc comme nous ne sommes plus suiets
à la Loy. Non pas que nous n'ayons une reigle,
non pas que les commandemens ne doivent tousiours
nous estre preschez, à fin que nous sçachions
ce que Dieu ordonne, et que nous soyons tenus
en ceste bride-là: mais que nous ne perdions point
courage si nous tombons, si nous clochons, ou si
nous faisons quelque faux pas, si nous ne pouvons
pas nous acquitter du tout, et en telle perfection
comme il seroit requis: que toutesfois pour cela
nous ne soyons point du tout abatus, sçachans bien
que Dieu nous tiendra tousiours la main, et qu'il
ne veut point entrer en conte avec nous pour examiner
nostre vie à la rigueur: et puis que les ceremonies
qui ont esté devant la venue de nostre
Seigneur Iesus Christ ne sont plus en usage, comme
les Peres anciens y ont esté conduits comme en
leur enfance. Car quand les bestes brutes estoyent
offertes en sacrifice, chacun contemploit là sa mort,
comme si Pabysme d'enfer eust esté ouvert pour
engloutir tout le monde. Auiourd'huy nous sçavons
que le Fils de Dieu estant sacrifié et ayant espandu
son sang pour nous, a par ce moyen acquis une
redemption perpétuelle, tellement que nous venons
la teste levée devant Dieu, ne doutans pas que
nous n'obtenions vie par la mort de celuy qui n'y
estoit point suiet, mais de son bon gré s'y est
Bubmis comme nostre pleige, à fin que nous fussions
acquittez et absous par le mérite de sa mort et
passion.
Voilà donc comme auiourd'huy la Loy nous
est abolie, et que nous en sommes délivrez, voire
pour obtenir l'adoption. Or sainct Paul parlant
ainsi, n'entend pas que les saincts Patriarches, les
Rois et les Prophètes, et les fidèles qui ont vescu
sous l'ancien Testament, n'ayent aussi esté enfans
de Dieu, qu'ils n'ayent cognu par iby qui les avoit
adoptez: mais ceste adoption-là n'estoit pas encores
ainsi révélée comme elle est auiourd'huy : car (comme
nous avons veu) la Loy estoit comme un tuteur
pour gouverner les petis enfans. Or nous sommes
venus en aage d'homme, d'autant que le Fils de
Dieu est apparu, et à sa venue il nous a apporté
toute perfection. Puis qu'ainsi est donc maintenant
nous ioui8sons de ceste adoption laquelle les Peres
ont gousté comme devant, car le temps n'estoit
pas encores venu. Non pas que Dieu n'ait besongné
en eux en telle mesure de son Esprit, comme bon
luy a semblé. Mais il n'est pas question ici des
personnes (comme nous avons dit), il est question
du regime que Dieu a tenu: car il y avoit les
ombrages et figures de ce temps là, tellement que
c'estoit comme un lieu de servitude: mais maintenant
que nostre Seigneur Iesus Christ nous appelle
à soy, et que le voile du temple est rompu, il
nous a préparé un Sanctuaire, non point basti par
la main des hommes: mais qui est au ciel, et
auquel nous pouvons entrer avec toute confiance,
puis que desia il nous y a precede. Voilà donc
comme nous sommes pleinement receus en ceste
adoption, d'autant que la Loy n'a plus telle vigueur
sur nous, comme elle a eu du temps des ombres et
figures.
Or sainct Paul pour confermer ce propos,
adiouste, que Dieu monstre qu'il nous tient pour ses enfans,
d'autant que l'Esprit de son Fus est en nous,
criant, Père. Quand il parle du sainct Esprit pour
la circonstance, il l'appelle l'esprit de nostre Seigneur
Iesus Christ: car à quel titre pouvons-nous
estre enfans de Dieu, sinon d'autant que nous
sommes membres du Fils unique, auquel ce droict
et cest honneur et dignité appartient de nature?
Car quand nostre Seigneur Iesus Christ est appelé
Fils unique de Dieu, non seulement les hommes,
mais les Anges de paradis sont exclus d'une telle
dignité: elle n'appartient donc qu'à Iesus Christ
seul: mais d'autant que nous sommes associez avec
luy, et qu'il ne veut point estre séparé de nous;
mais se declare estre nostre chef, et que nous avons
union avec luy telle que les membres d'un corps
ont avec la teste: pour ceste cause il dit qu'il nous
faut avoir l'Esprit de nostre Seigneur Iesus Christ,
autrement nous ne pourrions pas avoir adresse
familière à nostre Dieu pour l'invoquer comme
nostre Père: et ce seroit une présomption trop
grande quand nous usurperions cest honneur-là.
Car si quelque belistre se vouloit faire fils d'un
riche homme, on s'en mocqueroit, il seroit reietté
avec toute ignominie. Et qu'est-ce donc de nous
poures vers de terre, voire qui sommes pleins d'infection
et de puantise, que nous venions nous
accoupler avec les Anges de paradis, pour dire que
Dieu est nostre Père? Et mesmes les Anges ne
peuvent pas s'attribuer une telle noblesse, sinon