commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

583 SERMONS 584
GALATES. Chap, IV, v. 4-7.
Nous avons desia exposé pourquoy sainot Paul
parle ici de la plenitude du temps, c'est à sçavoir
pour abatre la curiosité des hommes qui s'enquierent
volontiers outre mesure des secrets de Dieu, et
mesmes prennent l'audace de replicquer a l'encontre,
quand Dieu ne se gouverne pas à leur
fantasie. Afin donc que les fidèles se contentent
de l'ordre que Dieu a tenu quand il. a envoyé
nostre Seigneur Iesus Christ, il dit que la saison
n'estoit pas encores auparavant: car cela ne depend
sinon de la bonne volonté de Dieu, et de son conseil
immuable, auquel il nous faut tous assuiettir.
Or sainct Paul dit que nostre Seigneur Iesus a esté
fait de femme et assuietti à la Loy, pour en acquiter
ceux qui y estoyent suiets. En premier lieu il dit
qu'il a vestu nostre nature, car autrement il ne
pouvoit rendre à Dieu obéissance en nostre nom,
a fin que nous fussions affranchis. Mais d'autant
qu'il a esté conceu d'une façon miraculeuse, voilà
pourquoy sainct Paul dit qu'il a esté fait de femme
ou engendré. Il est vray qu'il a esté de la semence
de David: mais desia nous avons déclaré qu'il y a
eu la vertu secrete du sainct Esprit en sa conception.
Quoy qu'il en soit, à fin que nostre Seigneur
Iesus Christ peust en nostre personne rendre
obéissance à Dieu, voilà pourquoy il a prins nostre
nature.
Or ceste suiettion dont il est ici parlé, n'a pas
esté de contrainte: mais de volonté. Car nous sçavons
que le Fils de Dieu a toute maistrise et empire
souverain: il faut mesmes que les Anges et
toutes principautez ployent le genouil devant luy
pour luy faire hommage. Comment donc pourroitil
estre suiet à la Loy, veu que c'est une servitude?
Mais cela ne derogue nullement à la maiesté du
Fils de Dieu, quand de son bon gré il s'est abaissé
à nous. Il n'y a point donc de contradiction, comme
il en est parlé au second chapitre des Philippiens
b. 6, qu'il se pouvoit bien faire egal à Dieu sans
tort ni rapine: mais qu'il s'est anéanti de soymesme.
Ainsi d'autant que cela procède de sa pure
bonté et gratuite, tousiours il est demeuré en son
estât, combien que devant les hommes il ait eu la
forme et la figure d'un serf, comme sainct Paul en
fait aussi là mention. Quoy qu'il en soit, notons
que celuy qui estoit maistre du ciel et de la terre,
a receu en sa personne ceste suiettion à fin que
nous en fussions affranchis: car nous voyons comme
nostre Seigneur Iesus a esté circonci, et quand il
est venu en aage d'homme, il a observé songneusement
tout ce qui estoit de la Loy de Moyse, non
VINGTCINQUIEME SERMON.
pas qu'il y fust tenu: mais cela a esté pour abolir
la servitude et rompre le lien duquel nous estions
comme estraints et enserrez. Ainsi toutesfois et
quantes que l'Evangile nous parle de la liberté (de
laquelle aussi sainct Paul traitte en ce passage),
revenons à nostre Seigneur Iesus Christ, cognoissans
que ce n'a pas esté en vain qu'il s'est ainsi assuietti.
Or il n'y a rien en luy qui ne contienne l'accomplissement
de nostre salut. Il faut donc conclurre
que maintenant nous ne sommes plus suiets à ceste
servitude de la Loy, car autrement cela tourneroit
comme en opprobre à nostre Seigneur Iesus Christ:
car que seroit-ce si estant ainsi assuietti pour nous,
cependant nous l'avions en mespris? Il faudroit
plustost que le ciel et la terre changeassent de nature,
que de dire que le Fils de Dieu soit descendu
ici bas, qu'il se seroit anéanti en telle sorte, et cependant
que nous estimons cela comme un ieu ou
une chose frivole. Et où sera-ce aller?
Ainsi donc apprenons que maintenant nous
pouvons servir en liberté à nostre Dieu, et n'estans
plus tenus sous le ioug tant estroit qui estoit pour
les Peres anciens, nous pouvons venir droit à luy,
d'autant que Iesus Christ est apparu, qui nous en
a acquittez. Or nous avons desia exposé ci-dessus
comment nous sommes délivrez de la Loy. Ce
n'est pas qu'il n'y ait tousiours reigle pour former
nostre vie à ce que Dieu nous gouverne et qu'il
ait toute authorité sur nous. Car que seroit-ce
si nous estions pires que les incrédules et Payons?
Or est-il ainsi que ceux-là ont ceste Loy ici engravee
en leurs coeurs, comme dit sainct Paul?
Celuy qui iamais n'aura esté à l'eschole, qui n'a
eu nulle instruction, qui n'aura rien ouy ni leu, si
est-ce qu'encores discernera-il entre le bien et
le mal. NQn pas qu'il y ait une science accomplie:
mais quoy qu'il en soit, Dieu, pour oster toute excuse
d'ignorance, a voulu que les hommes eussent
ce tesmoignage imprimé en leur coeur, que les
larrecins, les paillardises, les violences, les fraudes,
les periures, les yvrongneries et choses semblables,
sont des vices à condamner. Apres il a voulu
qu'on cognu8t que de blasphemer son nom, c'est
une chose detestable. Les Payons cognoissent cela,
sans qu'on les ait enseignez. Si maintenant donc
nous estions sans reigle sous ombre que nostre
Seigneur Iesus Christ domine pardessus nous, et
qu'il nous a mis en liberté, que seroit-ce? Il y
auroit plus grande confusion en l'Eglise, qu'il n'y
a pas où Satan a fait un meslinge et a mis tout
desordre, tellement qu'il n'y a nulle bride. Mais
quand il est dit que nous ne sommes plus suiets à
la.Loy, c'est en ceste qualité dont il a esté fait