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553 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 554
ceremonies et figures, maintenant nous avons le
corps et la substance, comme sainct Paul en parle
au 2. chap, des Colossiens c. 17, car Dieu ne nous
dit plus que nous venions offrir ou un veau, ou
un mouton, ou un boeuf pour effacer nos péchez
et macules: mais il nous declare qu'il nous faut
estre arrousez du sang de nostre Seigneur Iesus
Christ, voire en la vertu du sainct Esprit: qu'en
nostre Seigneur Iesus Christ nous trouverons tout
ce qui est requis à nostre salut.
Voilà donc la foy qui regne maintenant, c'est
à dire elle a sa pleine revelation, au lieu que les
Peres anciens n'en ont eu sinon un petit goust,
selon leur mesure. Or pour ceste cause sainct Paul
dit qu'ils ont esté comme gardez ou enclos, tellement
qu'il accompare la Loy à une servitude:
comme à la vérité aussi elle a esté: et il déclarera
puis après quelle est ceste servitude. Ce n'est
pas qu'en la fin les Peres n'ayent obtenu la vie
éternelle, laquelle nous espérons, et que nous ne
soyons couronnez tous ensemble au dernier iour:
mais pour un temps il a falu que Dieu les gouvernast
comme des petis enfans, et voilà aussi pourquoy
il adiouste ceste similitude de pedagogue, et
encores derechef il mettra la troisième de tuteurs
et curateurs: mais pour ce que cela sera traitté en
son lieu, que maintenant il nous suffise quand
sainct Paul accompare la Loy à une servitude:
c'est pour monstrer que Dieu nous a fait une grace
plus excellente qu'à ceux qui sont trespassez devant
la venue de nostre Seigneur Iesus Christ, pour ce
que maintenant il nous traitte d'une façon plus
liberale. Et la seconde similitude exprime encores
mieux cela, que les Iuifs ont esté comme des enfans,
maintenant nous sommes parvenus en aage d'homme,
car ce mot de pedagogue signifie un magister d'enfans.
Il dit donc que la Loy a fait cest office
qu'elle a esté comme un magister pour l'enfance
du peuple anoien. Or de là on pouvoit conclurre
que les fidèles, qui ont espéré en Iesus Christ devant
qu'il fust manifesté au monde, n'ont pas laissé
d'estre enfans de Dieu. S'ils estoyent enfans, ils
estoyent héritiers donc. En cela voyons nous qu'il
ne les faut pas faire semblables à des bestes brutes,
ainsi que des fantastiques estiment que les Iuifs se
sont contentez d'avoir ceste terre grasse qui leur
estoit promise, et y estre bien nourris et soûlez:
voilà un blaspheme par trop execrable. Or Iesus
Christ n'est pas pour remplir et saouler nos
ventres: il est pour nous amener à la vie celeste.
Et il est dit qu'Abraham a veu son iour: voilà
donc comme il a arresté sa conscience, et nous
voyons comme David regarde tousiours plus haut
qu'au monde, et Iacob en sa mort proteste qu'il
espérera au salut de Dieu: combien qu'il iette le
dernier souspir, et qu'il n'ait plus nulle attente au
monde. Les Peres donc n'ont pas esté petis enfans
en telle sorte qu'il ne les ait marquez de son
sainct Esprit, et qu'il ne les ait appelez à l'héritage
de la vie immortelle: mais la diversité est seulement
en la mesure de foy. Et comment cela?
c'est pour ce que la Loy qu'ils ont eue estoit encores
enveloppée aux figures et ombrages, et maintenant
Iesus Christ nous meine droit au ciel.
Or quand i'ay dit qu'ils ont esté inférieurs à
la mesure de foy, ce n'est pas qu'Abraham, David
et leurs semblables ayent eu une foy plus debile
que nous: car quand nous aurons bien cerché par
tout le monde, il ne faut point présumer qu'auiourd'huy
on trouve une seule creature qui ait la
centième partie de la foy d'Abraham ou de David.
Et en cela voit-on l'excellence de leur foy, que
n'ayans point les promesses telles que nous avons,
mais bien obscures, neantmoins ont surmonté toutes
tentations qui nous pourroyent cent mille fois
accabler. Si quelqu'un de nous avoit à soustenir
les combats d'Abraham et de David, que deviendroit-il?
car Abraham a esté pourmené tout le
temps de sa vie en pays estrange, là où on luy a
refusé l'eau à boire: combien que luy mesmes ait
cave les puits. Il est exposé à tant de dangers
que rien plus. Apres Dieu l'a exercé en tant de
combats, qu'il sembloit qu'il le voulust fourrer iusques
au plus profond d'enfer, et neantmoins sa foy
est demeurée victorieuse. Quant est de David, il
a esté longue espace de temps fugitif, estant dechaBSé
de tout le monde, n'ayant retraite sinon
entre les incrédules et ennemis de Dieu, ou bien
parmi les cavernes et entre les bestes sauvages: et
puis en tel opprobre qu'un chacun le maudissoit
comme le plus vilain et le plus detestable qui fust
en tout le monde: et neantmoins il a persisté, il a
tousiours invoqué Dieu et iamais n'a esté incité
à murmures et blasphemes: mais plustost a glorifié
Dieu en telles extremitez d'angoisse. Nous voyons
bien donc que leur foy nous doit faire honte à tous.
Et quand nous aurons bien regardé chacun en sa
conscience, nous trouverons que nous n'avons à
grand peine qu'une petite portion de la foy qu'ils
ont eu: mais la grandeur de leur foy ne se doit
pas ioi estimer selon qu'un chacun aura esté constant
pour pouvoir espérer en Dieu. Quoy donc?
c'est au regard extérieur de la foy. Exemple.
Combien qu'Isaie ait esté excellent, en sorte que
si auiourd'auy nous cerchions un docteur semblable
au monde, qu'on n'en trouvera pas, toutesfois le
moindre qui preschera l'Evangile purement sera
préféré à Isaie, comme il a esté prononcé par la
bouche de nostre Seigneur Iesus Christ. Et pourquoy
cela? car combien qu'Isaie ait esté comme
un Ange parlant d'une façon si authentique, voire
d'une maiesté qui est pour toucher au vif les coeurs