commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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549 SUR L'BPITEE AUX GALATES. 550<br />
iettis à péché, à f<strong>in</strong> que nous ayons recours à sa<br />
miséricorde. Mais ce n'est po<strong>in</strong>t assez que Dieu<br />
en eust a<strong>in</strong>si disposé en son conse<strong>il</strong> estroit. Il faloit<br />
aussi que la sentence fust publiée et cognue:<br />
car iusques à ce que les hommes sentent leur condamnation,<br />
tousiours <strong>il</strong>s voudront cropir en quelque<br />
va<strong>in</strong>e confiance et se glorifier en eux-mesmes:<br />
comme nous le voyons par trop. Il faut donc que<br />
l'Escriture nous ame<strong>in</strong>e a ceste raison là, que chacun<br />
se condamne comme de sa propre bouche, comme<br />
pécheur, et que nous le facions sans fe<strong>in</strong>tise. Et<br />
pourquoy ? c'est qu'en croyant nous obtenions la<br />
promesse: c'est à dire la iustice qui nous est promise<br />
gratuitement.<br />
En ce passage que i'ay n'agueres allégué de<br />
l'onzième des Roma<strong>in</strong>s S. Paul dit, Af<strong>in</strong> de faire<br />
miséricorde à tous, mais <strong>il</strong> se declare ici, que ce<br />
n'est pas que tous en soyent participans en general:<br />
car nous sçavons que la plus grande multitude<br />
périt en son <strong>in</strong>iquité, d'autant qu'elle refuse le remède<br />
qui luy est présenté en l'Evang<strong>il</strong>e. Et pourquoy<br />
donc sa<strong>in</strong>ct Paul parle-<strong>il</strong> de tous? C'est<br />
comme s'<strong>il</strong> disoit qu'<strong>il</strong> n'y a autre moyen, s<strong>in</strong>on<br />
que Dieu par sa pure bonté nous regarde en pitié :<br />
et nous ayant pardonné nos fautes, s'estant reconc<strong>il</strong>ié<br />
à nous, <strong>il</strong> nous accepte pour ses enfans, à f<strong>in</strong><br />
que nous parvenions à l'héritage du royaume des<br />
cieux. Nous voyons donc que sa<strong>in</strong>ct Paul non sans<br />
cause a dit que Dieu veut nous faire miséricorde<br />
à tous: non pas que chacun y soit compr<strong>in</strong>s, mais<br />
à f<strong>in</strong> que toute iustice huma<strong>in</strong>e soit forclose et<br />
mise bas. Au reste nous voyons ici le moyen qui<br />
est exprimé, qu'<strong>il</strong> faut que par foy nous obtenions<br />
la promesse : comme <strong>il</strong> est dit au 3. chap, de sa<strong>in</strong>ct<br />
Iehan. b. 16, que Dieu a tant aimé le monde, qu'<strong>il</strong><br />
n'a po<strong>in</strong>t espargné son F<strong>il</strong>s unique, à f<strong>in</strong> que quiconques<br />
croira en luy ne périsse po<strong>in</strong>t, mais obtienne<br />
la vie éternelle. Voulons-nous donc entrer<br />
en ce thresor qui nous est ici desployé? Il faut<br />
que la foy nous soit comme une clef pour nous y<br />
donner ouverture: car Dieu nous appelle, mais ce<br />
n'est po<strong>in</strong>t assez que nous ayons esté appelez: <strong>il</strong><br />
nous faut respondre comme <strong>il</strong> est dit, Vous estes<br />
mon peuple, Voire Seigneur, tu e6 nostre Dieu.<br />
Quand <strong>il</strong> dit, Vous estes mes enfans, nous venons<br />
donc à toy comme à nostre père. Or <strong>il</strong> est vray<br />
que nous ne pouvons pas a<strong>in</strong>si respondre de nostre<br />
mouvement propre, <strong>il</strong> faut qu'<strong>il</strong> nous soit donné<br />
par le sa<strong>in</strong>ct Esprit: mais <strong>il</strong> n'est pas ici question<br />
si la foy procède des hommes, Sa<strong>in</strong>ct Paul se contente<br />
et declare que pour estre absous devant Dieu<br />
et pour estre retirez de cest abysme de malediction<br />
auquel nous sommes tous plongez, qu'<strong>il</strong> ne faut<br />
rien porter de nostre costé, comme si nous prétendions<br />
d'obliger Dieu et qu'<strong>il</strong> nous falust imag<strong>in</strong>er<br />
aucun mérite, mais que nous venions demander sa<br />
grace qui nous est libéralement offerte, sans qu'elle<br />
nous soit deuë: et que nostre fiance s'arreste là,<br />
que nous ne pouvons espérer salut s<strong>in</strong>on d'autant<br />
que Dieu se monstre pitoyable envers nous. Nous<br />
avons desia déclaré pourquoy ceci est nécessaire.<br />
Il est vray que les hommes se voudroyent tousiours<br />
vestir de quelques va<strong>in</strong>es présomptions: comme nous<br />
voyons qu'Adam encores que son péché le redargue,<br />
qu'<strong>il</strong> soit espouvanté de la maiesté de Dieu, ne<br />
laisse pas de cercher des fue<strong>il</strong>les pour se couvrir.<br />
A<strong>in</strong>si donc en sommes nous : mais c'est un abus de<br />
cuider venir comme parois blanchies devant Dieu<br />
pour estre acceptez de luy, car <strong>il</strong> regarde l'<strong>in</strong>tégrité<br />
du coeur, laquelle ne se trouvera en nul homme:<br />
car cependant qu'<strong>il</strong> nous laisse tels que nous<br />
sommes, nous ne valons rien, voire quelque beau<br />
lustre qu'<strong>il</strong> y ait en nous. Et puis nous a-<strong>il</strong> reformez<br />
? nous a-<strong>il</strong> donné bonne affection de chem<strong>in</strong>er<br />
en sa cra<strong>in</strong>te, comme <strong>il</strong> faut que tous fidèles l'ayent?<br />
Ce n'est pas pourtant à dire qu'<strong>il</strong> y ait une affection<br />
ple<strong>in</strong>e et entière: <strong>il</strong> s'en faut beaucoup. Et au<br />
reste nous tenons cela de sa pure grace.<br />
A<strong>in</strong>si nous n'avons de quoy nous glorifier,<br />
quoy qu'<strong>il</strong> en soit, pour estre en repos: nous ne<br />
pouvons pas nous fonder sur nos mérites. Vray<br />
est que les fidèles doivent cercher de s'<strong>ad</strong>onner à<br />
Dieu: car nous ne pouvons pas estre membres de<br />
nostre Seigneur Iesus Christ, s<strong>in</strong>on que nous soyons<br />
sanctifiez par son sa<strong>in</strong>ct Esprit, comme nous verrons<br />
en temps et en lieu. Et nostre Seigneur Iesus<br />
Christ ne peut pas estre divisé, ne mis par pieces,<br />
comme <strong>il</strong> est <strong>in</strong>f<strong>in</strong>i, d'autant que nos péchez nous<br />
sont pardonnez par sa mort et passion, qu'<strong>il</strong>s ont<br />
esté lavez et purgez par son sang : que ce lavementlà<br />
nous a esté donné pour nous reformer à l'image<br />
de Dieu son Père: tellement qu'en luy <strong>il</strong> nous faut<br />
estre nouvelles creatures. Mais quoy qu'<strong>il</strong> en soit,<br />
cela n'est pas pour nous faire assez hardis, que<br />
nous venions devant Dieu comme si nous estions<br />
dignes d'estre receus, comme si nous luy portions<br />
de quoy pour l'obliger. Car si nous présumons de<br />
luy alléguer ceci ne cela: premièrement tout ce<br />
que nous avons procède de luy : et d'autre costé<br />
nous sommes conva<strong>in</strong>cus d'une centa<strong>in</strong>e de fautes,<br />
quand nous - nous appliquerons à quelque bonne<br />
oeuvre, que nous cuiderons avoir faite, ceste bonne<br />
oeuvre-là encores sera entachée de quelque macule,<br />
tellement que si elle est exam<strong>in</strong>ee à la rigueur,<br />
elle sera tousiours suiette à condamnation. Il faut<br />
donc que nous ayons la bouche close: tellement<br />
que pour avoir Dieu favorable et propice nous<br />
n'avons que la seule foy, qu'<strong>il</strong> nous faut apporter:<br />
voire seule foy. Ce n'est pas qu'un chacun se<br />
lasche la bride à mal faire (comme nous avons<br />
desia exposé par cidevant), ce n'est pas que nous<br />
soyons vuides de l'Esprit de Dieu, que nous soyons<br />
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