commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

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grand iusques au plus petit, sans exception aucune.
Si nous sommes tous condamnez, mesmes par le
tesmoignage de la Loy, que voulons nous plus?
Ne faut-il pas que nous soyons trop aveuglez en
nos hypocrisies, de vouloir ainsi obliger Dieu à
nous, encores que nous soyons desboutez de toute
iustice: et qu'il nous ait déclaré que nous ne nous
pouvons trouver devant sa face, que nous ne soyons
du tout abysmez? Or sainct Paul n'allègue
point ici nul passage pour monstrer que l'Escriture
a tout enclos sous péché: mais il prend cela comme
un point tout résolu, et lequel ne doit plus estre
en dispute entre les fidèles. Et qu'ainsi soit dès
la creation du monde nous voyons qu'en Adam
nous sommes tous corrompus. Le péché n'a pas
esté seulement pour la condamnation d'un seul
homme, mais de toute sa race : et en ceste cheuttelà
nous sommes tous tresbuchez. Et là dessus il
est dit, que toutes pensées qui procèdent de nous
sont autant de rebellions à l'encontre de Dieu:
qu'il n'y a que malice. Qu'est-ce donc que l'esprit
humain? une boutique de toute iniquité. Or quand
Dieu a prononcé cela en un mot, qu'est-ce que nous
gagnerons nous attribuant ceci et cela? Car tous
nos subterfuges ne feront qu'augmenter le mal,
pour ce que par ce moyen nous despitons Dieu, et
enflammons tant plus son ire, car de quoy ont
servi tous les sacrifices, sinon pour monstrer à
veue d'oeil que cependant que les hommes demeurent
en eux, qu'ils sont tous maudits? Et encores
que les sacrifices n'y fussent point, l'expérience le
monstre. Qu'un chacun entre en soy, qu'il regarde
quel il est, et qu'il se mire en ceste perfection qui
est requise de nous en l'Escriture saincte, et là il
trouvera bien qu'il ne luy reste sinon de embrasser
les promesses que Dieu nous donne de sa miséricorde,
quand il dit que les iniquitez seront effacées,
et que c'est par sa seule amour que nous pouvons
venir à luy. Et en cela ne montre-il pas encores
le péché: et surtout quand il nous propose Iesus
Christ pour nostre iustice? mais encores quand on
voudra avoir plus ample declaration et certaine,
qu'on adiouste ce qui est au 3. chap, des Rom.
b. 19, où il met ce qui est ici touché en brief, et
alors on verra encores mieux comme l'Escriture a
tout enclos sous péché. Car sainct Paul prend les
tesmoignages qui sont pour descouvrir la nature
des hommes, iusques à ce que Dieu les ait reformez
et changez. Comme quand il dit que Dieu a
regardé ici bas veoir s'il y trouveroit nulle intégrité,
et que tous ont esté corrompus, voire et
pourris en leur malice, et que nul ne cerche Dieu.
Or il est certain qu'il n'est point là parlé de
deux ou de trois, mais en general de tous ceux
ausquels Dieu n'a point besongné pour les gouverner
par son sainct Esprit. C'est donc autant
comme si David nous monstroit en peinture qui
nous sommes de naissance et d'héritage. Apres il
adiouste ee qui est au Pseaume cinquième, et par
tous les autres: et puis il allègue bien aussi Isaie:
ce qui est pour monstrer qu'il a bien falu que Dieu
voulant racheter les hommes, se soit servi de son
bras, il dit, Qu'est-ce que les hommes y eussent
fait? car ils ne font que courir et se précipiter du
tout à malediction et transgression. Ils ne font
que fourvoyer, ils aiment les cautelles, les tromperies,
faussetez et mensonges: bref, quand Dieu eust
attendu que les hommes luy eussent aidé pour les
ramener à salut, ils fussent plustost cent mille fois
péris. Sainct Paul donc ameine toutes ces choses.
Or maintenant flattons nous tant que bon nous
semblera, si est-ce que ce que Dieu a prononcé de
nous est irrevocable, et toutesfois et quantes que
nous lisons ces passages, oyans l'exposition de sainct
Paul au chapitre que i'ay allégué, nous avons à
baisser la teste et recevoir la honte que nous méritons
: à sçavoir que estans despouillez de toute
gloire, nous cerchions en Dieu ce qui nous défaut.
Voilà donc comme l'Escriture a tout enclos sous
péché. En l'onzième chapitre des Romains, d. 32
il dit que Dieu a tout enclos sous péché à fin de
faire miséricorde à tous.
Or là il monte encores un degré plus haut:
car il ne parle point de ce qui nous est déclaré en
la Loy et aux Prophètes, mais il parle du iugement
secret de Dieu quand il a voulu que nous
fussions tous comme abysmez en perdition, à fin
qu'il n'y ait salut sinon de sa pure bonté. Si donc
on demande comment Dieu a permis que les hommes
soyent tombez en une condition si miserable,
c'est à cause que Dieu veut que nous tenions tout
de sa seule miséricorde. Il est vray que cela semblera
estrange à beaucoup de fantastiques qui voudroyent
astreindre Dieu à leur mesure, et sont si
téméraires .que quand les iugemens de Dieu outrepassent
leur raison charnelle, que tantost ils le
condamnent comme s'il estoit malin et cruel. Mais
tant y a que sainct Paul veut que nous acquiescions
à ce mot: c'est à sçavoir que Dieu a tout
enclos sous péché, c'est à dire qu'il pouvoit bien
nous créer en plus grande fermeté et perfection
qu'il n'a fait. Il nous pouvoit aussi preserver comme
ses Anges. Il nous pouvoit donner en la personne
d'Adam une perseverence telle, que sans mourir
nous fussions entrez en l'héritage du ciel. Il ne
l'a pas voulu, mesmes il pouvoit faire seulement
qu'Adam trebuschast, seulement pour se ruiner en
sa personne. Si on demande pourquoy le mal s'est
espandu plus loin, n'est-ce pas pour ce que Dieu
l'a ainsi voulu? Il nous faut donc ici tenir comme
bridez et captifs, et recevoir la doctrine telle que
sainct Paul l'a prononcée, Que Dieu nous a assu^