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545 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 546
GALATES. Chap. Ill v. 21-25.
Nous avons vuidé ce matin cest article, que
la Loy n'a pas esté donnée en vain, combien qu'elle
ne puisse apporter iustice pour nous rendre agréables
à Dieu. Secondement il a esté monstre, quand
Dieu a donné sa Loy, que ce n'estoit pas à fin que
nous cerchions là nostre iustice et nostre salut,
comme si sa grace n'y suffisoit et qu'elle fust infirme:
mais il y a un autre regard et tout divers:
c'est à sçavoir qu'il faloit que les hommes se cognussent
pécheurs iusques à estre confus on euxmesmes:
car sans cela ils ne pouvoyent estre touchez
à bon escient, pour avoir leur refuge à nostre
Seigneur Iesus Christ, comme aussi nous le voyons
par trop. Or maintenant sainct Paul esmeut une
autre question: à sçavoir si la Loy est après les
promesses, car de faict, quand on dit que la Loy
nous promet salut, et nous le promet à ceste condition
que nous le méritions, et que la promesse
de l'Evangile nous declare que nous serons agréables
à Dieu sans aucun mérite, qu'en cela on pourroit
iuger qu'il y a contrariété: comme si un homme
me presentoit une maison en bien payant, et qu'il
me declarast le prix, et qu'un autre me dit, Non
c'est pour rien qu'elle sera tienne. Il y a en cela
grande repugnance. Or il semble que Dieu se
contredise en telle façon, quand il dit en la Loy,
Servez moy et accomplissez ce que i'ordonne, et
vostre salaire ne vous peut faillir. En l'Evangile
il use d'un autre langage, et dit, le ne demande
rien de vostre costé, car vous estes si miserables
aussi, que vous ne me pouvez rien apporter: mais
sans aucun mérite ie vous reçoy purement et par
ma libéralité gratuite en mon royaume: l'héritage
vous est assigné, voire pour ce que mon bon plaisir
y est. Là dessus sainct Paul declare combien
que Dieu parle d'un autre style et façon en sa Loy
qu'en l'Evangile, neantmoins quand nous aurons
bien considéré le but auquel il tend, qu'il n'y a en
cela nulle repugnance. Pourquoy? nous avons déclaré
ce matin, quand Dieu promet salaire à nos
oeuvres, ce n'est pas pour nous frustrer: mais à
fin que nous ayons la bouche close, et que nous
ne puissions murmurer contre luy, ainsi que nous
voyons le monde estre tousiours prest à plaider
avec une audace diabolique, quand Dieu ne le
traitte pas à son gré et appétit. Dieu donc nous
coupe broche à toutes querimonies, quand il declare
que nous ne serons point frustrez de nostre salaire
l'ayant bien servi. Au reste qu'un chacun s'examine,
et on trouvera que ce n'est point par ce bout
là qu'il nous faut obtenir salut: car il n'y a celuy
CàMni opera. Vol. L.
VINGTDEUXIEME SERMON.
qui ne soit à condamner par sa vie, moyennant
qu'il se iuge sans se flatter. Or Dieu a-il parlé
ainsi? alors il nous offre le remède en l'Evangile,
et nous dit, Puis qu'ainsi est que nous sommes
damnez, et qu'il ne faut plus espérer d'acquérir
salut par nos propres oeuvres, qu'il nous le présente
par sa pure bonté, d'autant qu'il luy plaist
ainsi.
Et pour ceste cause sainct Paul respond, si la
Loy eust esté donnée pour iustifier, ie confesseroye
assez que la iustice nous y seroit donnée. Mais regardons
si Dieu a regardé à cela? il est certain
que non. Il nous ramené donc au conseil de Dieu,
comme s'il disoit que les hypocrites qui sont tellement
enflez d'outrecuidance, qu'il leur semble
qu'ils se peuvent iustifier, et acquérir paradis, qu'ils
sont mauvais expositeurs de la Loy de Dieu, et
mesmes qu'ils la falsifient. Car il faut tousiours
regarder l'intention de celuy qui parle. Or Dieu
n'a point voulu amuser les hommes à quelque
fiance ou opinion de leurs mérites : car nous n'y
sommes que par trop adonnez de nature. Nous
voyons que cest erreur a esté commun par tout le
monde et de tout temps. Il ne faut point donc
que nous allions à l'eschole pour nous persuader
que nous sommes habiles gens, et que par nos vertus
nous pouvons obliger Dieu envers nous: mais
au contraire Dieu nous a donné sa Loy, à fin que
nous en fussions navrez comme d'un glaive, et que
la playe fust si mortelle que nous soyons contraints
d'avoir nostre refuge à luy. Puis qu'ainsi
est donc que Dieu nous a voulu occire par la Loy,
elle n'est pas donnée pour nous iustifier. Et ainsi
ceux qui cerchent là leur vie et salut s'abusent
d'eux-mesmes, et ne faut pas qu'ils allèguent, Voire et
comment? Dieu me l'avoit promis. Voire mais
il faut qu'ils regardent à quelle fin c'est. Maintenant
nous voyons comme ceste question est solue
par sainct Paul, qu'il n'y a point de contrariété
entre la Loy et l'Evangile, combien que de prime
face Dieu change de style.
Or il adiouste puis après, Que VEscriture a enclos
tout sous péché, à fin que nous obtenions la promesse
par la foy de nostre Seigneur Iesus Christ.
Quand il dit que l'Escriture a tout enclos sous
péché, il monstre que les hommes sont par trop
stupides quand ils pensent que Dieu en leur proposant
ceste condition, Qui fera ces choses, il vivra
en icelles, leur vueille assigner comme un salaire
qui leur soit deu. Or qu'on lise toute la Loy, qu'on
cerche le contenu et la substance, qu'on regarde
bien toute l'Escriture saincte, et on trouvera qu'elle
accuse et condamne les hommes depuis le plus
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