commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

533 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 534
offerte. Il faut que nous oublions tout ce que les
hommes ont accoustumé de s'attribuer: que cela
soit mis sous le pié,. que nous venions desnuez de
toutes nos vertus, que nous venions du tout vuides
et affamez: et que nous cerchions en Dieu ce qui
nous défaut: et que nous ne doutions point qu'il
n'ait assez en soy pour nous subvenir, et qu'il n'ait
mis aussi en nostre Seigneur Iesus Christ tout ce
que nous pouvons souhaiter, et tout ce qu'il cognoit
nous estre propre et utile. Voilà donc comme
nous pourrons iouir de l'héritage qui. nous a esté
promis de tout temps, et lequel encores auiourd'huy
Dieu nous offre par la doctrine de l'Evangile.
VINGTUNIE
GALATES. Chap. Ill v. 19—20.
Nous avons veu par ci devant que la Loy n'a
pas esté donnée devant que desia Dieu eust déclaré
sa bonté en la lignée d'Abraham, voire une
bonté gratuite, à fin que les Iuifs n'eussent autre
appuy de leur salut, sinon en ce qui leur estoit dit,
que Dieu leur seroit pitoyable et pour leur faire
merci, qu'il leur envoyeroit le Rédempteur, par lequel
ils obtiendroyent la remission de leurs péchez.
De là sainct Paul a conclu qu'il ne faut point que
la Loy qui est survenue après la promesse, abolisse
ce que Dieu avoit desia ordonné et conclu:
mais cependant si sembleroit-il que la Loy eust
esté adioustee pour aider à la promesse: comme si
elle eust esté infirme de soy: car voilà aussi comme
l'Apostre argue en l'Epistre aux Hebrieux, pour
ce qu'il est dit par leremie que Dieu donnera une
Loy nouvelle, c'est à sçavoir l'Evangile, l'Apostre
dit, qu'il faloit donc que la Loy ancienne, qui avoit
esté donnée par Moyse, fust debile et qu'elle n'eust
point en soy perfection à laquelle on se peust
arrester. Il sembleroit bien de prime face qu'on
en pourroit autant dire au rebours, que d'autant
que la Loy a esté donnée après la promesse, que
c'estoit pour quelque accomplissement, d'autant que
la promesse ne pouvoit point suffire sinon qu'elle
empruntast sa perfection d'ailleurs: autrement il
sembleroit que la Loy fust superflue. Or que Dieu
eust donné une doctrine inutile, cela seroit contre
toute raison. Il faut donc que nous sçachions quel
est l'usage de la Loy, et à quelle fin elle a esté
donnée: ou bien on pourra tousiours tenir que ceste
promesse n'estoit point suffisante, mais qu'elle ne
pouvoit sauver qu'en partie. |
Or nous nous prosternerons devant la maiesté
de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,
le priant que de plus en plus il nous les face sentir,
et que ce soit pour cheminer tellement en sa
crainte, que nous ne demandions sinon de nous dédier
du tout à luy, et selon qu'il void que nous
sommes tant enveloppez de faiblesses et de corruptions,
qu'il nous en purge de plus en plus par son
sainct Esprit, nous supportant iusques à la fin.
Que non seulement il nous face ceste grace, mais
aussi à tous peuples et nations de la terre etc.
ME SERMON.
Là dessus sainct Paul declare que Dieu a eu
bien autre fin et intention en donnant sa Loy, que
ne pensent ceux qui y cerchent leur iustice et le
moyen d'acquérir salut: car c'a esté (dit-il) pour
les transgressions: non pas (comme on dit en proverbe)
qu'il eust falu une bride, d'autant que le
monde estoit malin et pervers: car nous sçavons
qu'on fait les loix et les statuts entre les hommes,
selon les vices qui ont besoin d'estre chastiez. Si
tous estoyent Anges, et qu'il n'y eust que redire,
et que chacun se gouvernast de son bon gré, en
telle sorte qu'il ne luy falust point nulle adresse,
les loix n'auroyent plus nul usage. Qui est cause
donc que nous avons besoin de police et de beaucoup
de statuts? La malice des hommes, d'autant
qu'ils ne cessent de se desborder à mal, il faut que
le remède y soit adiousté: comme s'il y avoit santé,
la médecine n'auroit point son cours, mais l'intempérance
des hommes causera les maladies: et puis
il faut que les remèdes y soyent adioustez. Voilà
donc un tesmoignage certain que les hommes tendent
du tout à mal, et qu'ils sont pervers de leur
nature, quand ils ont besoin d'estre bridez et comme
forcez. Mais sainct Paul n'a pas ainsi entendu ce
qu'il dit: il passe plus outre. C'est à sçavoir que
Dieu a voulu descouvrir l'iniquité des hommes par
le moyen de la Loy. Et ceste raison est ici peremptoire,
pour monstrer que nous ne pouvons acquérir
iustice: car le froid et le chaut ne viendront
point d'une mesme source. Si une fontaine est
douce, il n'y faut point cercher d'amertume: mais
à l'opposite, quand une fontaine sera amere ou
salée, il faut cercher en une autre source l'eau
douce: ainsi en"est-il de la Loy. Pourquoy a-elle
esté donnée? Afin que les hommes soyent con-
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