commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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513 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 514<br />
prit est parvenue iusques aux Gent<strong>il</strong>s, comme elle<br />
avoit esté donnée à Abraham. Or en nommant ici<br />
Abraham, <strong>il</strong> declare que la promesse appartenoit<br />
en premier lieu et degré à ceux qui sont descendus<br />
de sa race. Car les Iuifs ont eu l'héritage de<br />
salut comme propre, iusques à ce que Dieu ait<br />
ouvert la porte à tout le monde, et qu'<strong>il</strong> ait publié<br />
son Evang<strong>il</strong>e, à f<strong>in</strong> que tous fussent faits participans<br />
de ceste redemption qui avoit esté acquise<br />
par nostre Seigneur Iesus Christ. Or donc, combien<br />
que ceste promesse appart<strong>in</strong>t aux Iuifs, et<br />
qu'elle leur fust comme speciale, si est-ce qu'en<br />
second lieu elle a esté faite commune à tout le<br />
monde. Et pourquoy? car elle gist en l'esprit et<br />
non pas en ceremonies. Sa<strong>in</strong>ct Paul sous ce mot<br />
d'Esprit a voulu anéantir toute ceste fausse op<strong>in</strong>ion<br />
qu'avoyent les séducteurs qui mesloyent la Loy<br />
avec l'Evang<strong>il</strong>e. Il monstre que ma<strong>in</strong>tenant tout<br />
cela est superflu: c'est à sçavoir les sacrifices, la<br />
Circoncision et tout le reste: non pas qu'en lisant<br />
ce qui est contenu en la Loy, nous n'ayons à<br />
recue<strong>il</strong>lir profit de toutes les ceremonies: mais<br />
l'usage en est aboli. Vo<strong>il</strong>à donc comme la promesse<br />
est auiourd'huy nommée spirituelle, c'est à<br />
dire qu'<strong>il</strong> n'y a plus de nécessité d'avoir ces ombrages<br />
et figures anciennes: mais que simplement<br />
nous sommes appelez et conviez de nostre Dieu :<br />
nous le pouvons reclamer en ple<strong>in</strong>e confiance, et<br />
qu'estans a<strong>in</strong>si <strong>ad</strong>optez de luy, nous soyons appuyez<br />
du tout en nostre Seigneur Iesus Christ, comme<br />
c'est le seul fondement de l'Evang<strong>il</strong>e, et que nous<br />
cerchions en luy tout ce qui nous défaut. Vo<strong>il</strong>à<br />
en somme ce que sa<strong>in</strong>ct Paul a voulu dire en ce<br />
passage.<br />
Or là dessus <strong>il</strong> use d'un autre argument pour<br />
monstrer qu'auiourd'huy nous avons une parfaite<br />
revelation de salut en l'Evang<strong>il</strong>e, et qu'<strong>il</strong> ne nous<br />
faut po<strong>in</strong>t d'autre doctr<strong>in</strong>e que celle-là, et que<br />
nous sommes aussi iustifiez par la miséricorde<br />
gratuite de nostre Dieu. Car la Loy, dit-<strong>il</strong>, a esté<br />
donnée quatre cens et trente ans après la promesse<br />
gratuite de salut. Or une paction encores qu'elle<br />
soit faite entre les hommes, quand elle sera bien<br />
authentique, doit tenir. Il s'ensuit donc que la<br />
Loy n'a pas esté donnée pour retracter ce que Dieu<br />
avoit contracté avec Abraham, voire au nom de<br />
tout son lignage, et f<strong>in</strong>alement de tout le monde.<br />
Il est vray que de prime face on pourroit trouver<br />
ce8t argument de sa<strong>in</strong>ct Paul deb<strong>il</strong>e, car nous sçavons<br />
que les contracts seconds deroguent aux premiers.<br />
Encores que les hommes ayent fait quelque<br />
paction, <strong>il</strong>s pourront se raviser et là dessus <strong>il</strong>s changeront<br />
de volonté, et le premier contract sera comme<br />
enseveli. Autant en est-<strong>il</strong> mesme des loix et des<br />
statuts: car une Loy premiere pourra bien estre<br />
cassée et annullee quand on en fera une seconde,<br />
Calv<strong>in</strong>i opera. Vol. L.<br />
mais S. Paul a présupposé ce qui est en ceste matière<br />
à considérer, c'est à sçavoir qu'un homme<br />
ayant promis, voire et s'estant obligé solennellement<br />
ne se retractera pas, et cela demeurera ferme.<br />
Or ma<strong>in</strong>tenant si deux parties s'accordent à changer<br />
ce qu'<strong>il</strong>s avoyent résolu ensemble, et qu'<strong>il</strong>s ayent<br />
une volonté mutuelle, cela pourra <strong>ad</strong>venir: mais<br />
ceste sim<strong>il</strong>itude ne seroit po<strong>in</strong>t propre, si on prend<br />
les hommes a<strong>in</strong>si changeans de propos par legiereté,<br />
ou bien quand <strong>il</strong>s se ravisent: mais S. Paul<br />
presuppose qu'<strong>il</strong> y ait une paction faite d'un homme,<br />
laquelle tiendra, et qu'on ne dispute po<strong>in</strong>t puis<br />
après pour y contrevenir en quelque manière que<br />
ce soit. Que si l'une des parties derogue à la premiere<br />
paction, vo<strong>il</strong>à une fausseté qui ne sera po<strong>in</strong>t<br />
supportable entre les hommes, d'autant qu'<strong>il</strong> faut<br />
qu'<strong>il</strong> y ait tenue et fermeté sans contr<strong>ad</strong>iction aucune,<br />
en ce qui est a<strong>in</strong>si enregistré solennellement:<br />
Or ma<strong>in</strong>tenant y aura-<strong>il</strong> mo<strong>in</strong>s de constance en<br />
Dieu qu'en ceux qui ne sont que vanité? Il faut<br />
bien donc que l'Evang<strong>il</strong>e demeure seul, puis que<br />
la Loy est survenue depuis la promesse gratuite.<br />
Ceci seroit encores obscur s'<strong>il</strong> n'estoit déclaré<br />
par le menu. Nous avons desia traitté ci dessus<br />
quelle est la comparaison que sa<strong>in</strong>ct Paul faisoit<br />
entre la Loy et l'Evang<strong>il</strong>e. Car quand Dieu promet<br />
salut en sa Loy, c'est moyennant qu'on le<br />
serve et qu'on s'acquitte envers luy. Or cela ne<br />
se fait po<strong>in</strong>t: nous vo<strong>il</strong>à donc forclos de toute espérance<br />
de salut, quant à la Loy, non pas que Dieu<br />
ne soit fidèle de son costé: mais nous ne luy apportons<br />
pas ce qu'<strong>il</strong> demande. C'est comme si un<br />
homme dieoit, le suis prest de vous vendre moyennant<br />
que i'aye argent. Or celuy qui n'apportera<br />
ma<strong>il</strong>le ne denier ne pourra pas se mettre en possession,<br />
car c'est à ceste condition que le payement<br />
marche en premier lieu. A<strong>in</strong>si donc Dieu nous<br />
promet bien l'héritage de salut, quand nous l'aurons<br />
servi: mais cela nous est <strong>in</strong>ut<strong>il</strong>e, d'autant que ce<br />
n'est s<strong>in</strong>on en luy apportant ce qu'<strong>il</strong> demande.<br />
Or nous sommes chargez de toute <strong>in</strong>iquité, nous<br />
n'avons en nous que sou<strong>il</strong>lure et <strong>in</strong>fection, tellement<br />
qu'à bon droict nous luy sommes détestables.<br />
A<strong>in</strong>si nous vo<strong>il</strong>à tous condamnez en la Loy: mais<br />
Dieu nous reçoit par sa bonté gratuite en nostre<br />
Seigneur Iesus Christ, quand <strong>il</strong> nous offre la remission<br />
de nos péchez, et qu'<strong>il</strong> veut que tellement<br />
nous embrassions sa bonté qui nous est offerte, que<br />
noua nous tenions du tout à nostre Seigneur Iesus<br />
Christ, renonçans à nous mesmes.<br />
Or ma<strong>in</strong>tenant, regardons (dit sa<strong>in</strong>ct Paul) lequel<br />
a precede en ancienneté, ou la promesse gratuite<br />
de salut, ou la Loy. Nous sçavons la diversité<br />
qui est entre les deux. Si donc la Loy estoit<br />
plus ancienne, <strong>il</strong> semblerait qu'elle deust tenir, d'autant<br />
que Dieu ne se retracte iamais, <strong>il</strong> n'est po<strong>in</strong>t<br />
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