commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

507 SERMONS 508
vable, et qui cuident apporter quelque vertu devant
Dieu, il est certain qu'ils s'effacent et se raclent
du registre de iustice. Voilà donc comme les Papistes,
cependant qu'ils demeurent en leur erreur,
sont reiettez de Dieu, suyvant la sentence qu'il en
prononce ici par son Prophète.
Et defaict, quand sainct Paul a allégué le passage
de David, Bien-heureux est celuy auquel Dieu
n'a point imputé ses péchez, il monstre bien par
cela, que les plus iustes sont ceux qui se condamnent
plustost en eux-mesmes, et qui sont plus abatus,
voire qui sont du tout abysmez en desespoir
iusques à, ce que Dieu les ait secourus par sa bonté.
Or quand David s'escrie, Bien-heureux est l'homme
auquel Dieu n'impute point ses péchez, il n'estoit
point alors un meschant, un dissolu, un comptemteur
de Dieu, qui iamais n'eust gousté que c'est
d'entrer en sa conscience pour examiner au vif ses
péchez: mais à l'opposite Dieu l'avoit choisi: il
l'avoit oingt par Samuel: il estoit un Prophète excellent:
son royaume estoit figure de nostre Seigneur
Iesus Christ: bref il besongnoit tellement en
luy que c'estoit comme un Ange qui habitoit entre
les hommes. Or tant y a qu'il confesse ses péchez,
et les cognoit, et en les cognoissant il se tormente,
il gémit, il est là comme en une inquietude qui
luy est comme une géhenne et torture de laquelle
il est tormente, iusques à ce que Dieu luy ait fait
la grace de gouster sa bonté, et ne cognoit nulle
félicité, iusques à ce que Dieu l'ait reçu à merci.
Cependant donc que Dieu ne voudra point nous
examiner en nos oeuvres, voilà toute nostre beatitude
: voilà comme nous serons bien-heureux quand
nos iniquitez seront cachées et que Dieu nous sera
propice: non pas regardant ce qui est en nous,
mais destournant sa face de ces poures damnez,
pour ne les point regarder en leurs personnes,
mais pour les accepter par le moyen de son fils
unique : comme nous voyons que David en • parle
en l'autre passage, Seigneur n'entre point en conte
avec ton serviteur: car ie sçay que nul homme
vivant sera iustifié devant toy. Ainsi notons bien
que selon qu'un chacun aura profité en la crainte
de Dieu, aussi quant et quant il sera confus en ses
péchez, non point pour trois ou quatre mois: qu'il
détestera toute sa vie, voyant que l'enfer seroit
tousiours pour l'engloutir du premier coup, si Dieu
ne suppleoit à ses deffauts, et qu'il le retirast comme
du gouffre de mort.
Et voilà pourquoy il est dit que le iuste vivra
de foy, à fin que ce ne soit point une doctrine
pour trois ou quatre mois, ne pour ceux qui n'ont
pas seulement telle perfection de vie comme les
autres: mais c'est pour les plus excellons que Dieu
a ainsi parlé. Et defaict c'est là aussi où il nous
faut rapporter ce mot de Vivre, à fin que nous
n'ayons point une vie pour un temps, ni pour
un iour, ni pour trois mois: mais que nous
ayons une vie continuelle en la bonté gratuite de
Dieu, et que nous la cerchions de iour en iour,
iusques en la fin. Et encores que nostre vie soit
cachée en ce monde, comme sainct Paul en parle,
et que nous ne voyons que mort devant nous, que
nous ne laissions pas de nous reposer en ceste promesse,
c'est que nostre vie est asseuree quand Dieu
l'a prinse en sa garde, et qu'il la veut maintenir,
et qu'il nous en laisse un si bon gage: à sçavoir
nostre Seigneur Iesus Christ qui est mort et ressuscité
pour nous. Et ainsi nous n'aurons plus
besoin de dire, qui montera au ciel, ou qui descendra
aux aby8mes? ou qui passera la mer? la parole
est en nostre bouche et en nostre coeur, quand
nous cognoissons que nostre Seigneur Iesus est
descendu aux enfers: c'est à dire (comme nous
verrons en l'autre sermon au plaisir de Dieu) qu'il
a esté fait malediction pour nous, voilà qui nous
doit contenter : et puis il est monté au ciel où la
porte nous est ouverte, puis qu'il y est entré en
nostre nom. Que donc nous prenions là toute
nostre asseurance, et que nous souffrions qu'en ce
monde nous soyons comme poures trespassez attendans
la revelation de la vie qui nous est promise:
comme il n'y a nul doute qu'en son temps Dieu
ne nous la révèle et manifeste, et qu'il ne nous la
declare, en telle sorte que nous en iouirons pleinement,
comme il nous est annoncé par son sainct
Evangile.
Or nous nous prosternerons devant la maiesté
de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,
le priant qu'il nous les face sentir de plus en plus,
et que nous en soyons tellement touchez, que ce
soit pour estre abbatus devant luy pleinement, et
pour souspirer et gémir sous le fardeau de nos infirmitoz
et de nos vices, desquels nous sommes environnez,
iusques à ce qu'il nous ait pleinement
purgez. Le priant aussi que durant ceste vie mortelle,
il nous supporte iusques à ce qu'il nous ait
délivrez pleinement de la servitude de péché et
des liens de Satan esquels nous sommes encores
detenus, iusques à ce qu'il nous ait pleinement
affranchis. Que non seulement il nous face ceste
grace, mais à tous peuples etc.