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497 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 49« que nous aurons gardé sa Loy, que c'est pour nous plonger beaucoup plus profond en Pabysme auquel desia nous estions auparavant. Que reste-il donc? Il faut venir au remède que l'Apostre nous met ici en avant par la bouche d'Abacuc, c'est que le iuste vivra de foy. Renonçons donc à la promesse de la Loy, d'autant que elle nous est inutile, et acceptons la bonté gratuite de nostre Dieu, lequel nous tend les bras pour nous recevoir, moyennant que nous soyons desnuez de toute outrecuidance. Voilà en somme ce qui nous est ici proposé par sainct Paul. Or c'est un argument qu'on appelle des choses contraires: comme si on disoit que le feu eschauffe: et s'il y avoit un opiniastre qui debatist au contraire, on luy diroit, Regarde si c'est la glace ou la gelée qui eschauffe: ne voit-on^ pas qu'il faut bien que ce sont deux choses diverses, répugnantes et incompatibles? Apres si on disputoit, à sçavoir si la chaleur du soleil est propre pour ceste vie: et s'il n'y avoit un soleil au monde, que seroit-ce? nous serions tous estouffez en la puantise de l'air: et toute ceste corruption-là se purge par la clarté du soleil. Tout ainsi donc qu'en l'ordre de nature on mettra en avant les choses contraires, l'Apostre dit que nous ne pouvons pas estre iustifiez par la Loy et par la grace de Dieu: c'est à dire que si nous sommes approuvez de luy, il faut que nous luy soyons agréables par sa pure libéralité, d'autant qu'il nous aime en nostre Seigneur Iesus Christ, et non pas pour dignité qui soit en nos personnes. Mais pour mieux comprendre ceste doctrine, notons bien ce qui nous est ici dit, c'est à sçavoir que la iustice de la Loy, c'est d'observer ce que Dieu commande. Par cela nous sommes admonestez que la doctrine de la Loy seroit bien suffisante pour nous sauver quand Dieu nous a déclaré, Voilà comme vous devez vivre: voilà comme vous devez reigler vostre vie: et qu'il a recité ces dix paroles qui sont contenues en la Loy. Voilà une reigle infaillible. Il ne faut point cercher d'autre perfection de iustice: et voilà pourquoy nous combatons tant contre les Papistes de ce qu'ils cuident faire tant de service à Dieu, qu'ils ont controuvé à leur fantasie : car il demande obéissance. Notons bien donc que toute perfection de saincteté est contenue en la Loy: ouy quant à la doctrine: car il n'est point licite d'y rien adiouster : et les hommes travaillent en vain quand ils apportent ie ne sçay quelles devotions qu'ils ont imaginées. Mais ce n'est pas le tout que la doctrine de la Loy soit suffisante pour nous monstrer quelle est la iustice, il faut venir à ce poinct, Pouvonsnous faire ce que Dieu a ordonné? Or nous avons monstre ce matin qu'il s'en faut beaucoup: ainsi la promesse de la Loy nous est inutile, et les I Calvini opera. Vol. L. Papistes se sont abusez lourdement en cela: car ils retiennent tousiours ceste fantasie que Dieu n'a rien commandé sinon ce que nous pouvons accomplir. Or nous voyons bien l'opposite par sainct Paul. Ils allèguent pour confermer leur erreur, que Dieu donc s'est mocqué des hommes, quand il a dit, Qui fera ces choses, vivra en icelles. Mais la resolution de ceste difficulté est bien facile: car si Dieu ne bailloit nul remède aux hommes, il est certain qu'ils demeureroyent là confus, quand il dit, Qui fera ces choses, vivra en ioelles: c'est à dire que nul ne vivra. Il semble bien (comme i'ay dit) de prime face, que nous ayons tout gagné quand Dieu a déclaré qu'en observant sa Loy nous luy serons agréables, et que la couronne de gloire est apprestee, et ne nous peut faillir: mais tout conté et rabatu, si faut-il venir à ceste condition-ci, c'est que nul ne pourra obtenir vie, cependant qu'il la voudra gagner. Et pourquoy? Car nul n'observe la Loy. Il n'est point dit seulement, Qui fera une partie de ces choses, vivra: mais qui fera ce qui y est contenu. Quelle est donc la iustice de la Loy? C'est une observation entière à laquelle il ne défaille rien. Or elle ne se trouvera point entre les hommes: il s'ensuit donc que nous sommes tous frustrez et exclus de ceste promesse qui nous estoit donnée en la Loy. Or il n'est pas dit que Dieu se mocque de nous quand il nous veut tenir conveincus, d'autant que les hommes se déçoivent en leur arrogance, se glorifians tousiours en leurs propres mérites. Il faut bien qu'il les tienne conveincus; et s'il n'y avoit point de Loy, et de telle promesse que ceste-ci, que seroit-ce? Nous sçavons que les Payons ont tousiours voulu estre agréables à Dieu par leurs vertus propres. Il est vray cependant qu'ils ont cognu qu'il y avoit des fautes. Et voilà pourquoy ils ont retenu l'usage des sacrifices. Il est vray qu'ils n'ont pas entendu la fin: mais quand les Payens ont sacrifié, c'estoit en confessant qu'ils estoyent redevables à Dieu, et qu'ils avoyent besoin d'estre acceptez de luy. Comme les Papistes auiourd'huy en leurs services, ils amassent beaucoup de menus fatras pour s'appointer avec Dieu. Voilà donc comme les Payens de tout temps ont tenu ce qu'auiourd'huy les Papistes observent. Mais quoy qu'il en soit, si est-ce qu'ils ont pensé desservir envers Dieu pour estre sauvez de luy. Or voici Dieu qui declare que si nous cuidons qu'il nous doive rien, c'est un abus, mais par sa pure libéralité il nous promet qu'en observant sa Loy nous serons reputez iustes devant luy. Or l'observons nous maintenant? il s'en faut beaucoup: tellement que voyans ce qu'il s'en faut, nous y serons confus. Voilà donc pourquoy Dieu non sans cause a donné ceste promesse, combien qu'elle soit inutile, 32

499 SERMONS 500 et qu'elle ne nous apporte de soy aucun profit. Car elle regarde à corriger l'orgueil duquel nous sommes tellement infectez, que nous en crevons, et faut qu'il se purge par un remède violent : et quel est ce remede-là? Voici Dieu qui nous propose, Or sus, vous murmurez si ie ne vous traitte à vostre appétit: mais ie vous declare que non seulement en ce monde et en ceste vie caduque, i'espandray de mes graces et de mes benefices sur vous: mais encores ie vous reserve l'héritage immortel, moyennant que vous me serviez : servez moy, et venons à bon conte : et alors soyez certains que ie vous remunereray et en ceste vie et en l'autre. Quand Dieu parle ainsi, ce n'est sinon à fin que les hommes ayent la bouche close, et qu'ils confessent que si Dieu les punit, et qu'il leur envoyé beaucoup d'afflictions et de misères, que c'est à bon droit, tellement que tous ceux qui auront bien examiné leur vie, confesseront, voire sans feintise, helas, si nous ne sommes pas dignes de manger du pain pour estre soustenus en ceste vie caduque sur la terre: comment pourrions-nous acquérir par nos mérites l'héritage de paradis, la gloire qui n'appartient qu'à Dieu seul? Comment pourrons-nous parvenir là par nostre vertu? "Voilà donc comme le caquet des hommes est du tout rabbatu, quand Dieu leur donne ceste promesse si ample et si liberale que ceste-ci. Or nous avons à noter cependant que ceste promesse est gratuite de soy: mais toutesfois si sommes nous frustrez de tout ce qu'elle contient, iusques à ce que nous y ayons renoncé. Ceci seroit obscur, s'il n'estoit déclaré plus au long. Les Payens, comme desia nous avons dit, ont bien cuidé estre rémunérez de Dieu quand ils vivoyent d'une façon honeste et irrépréhensible devant les hommes. Or c'a esté une folie, voire une rage du tout: car qu'est-ce que Dieu nous peut devoir, comme il nous est remonstré au 17. de sainct Luc? Quand les hommes feront mieux que les Anges de paradis, peuvent-ils obliger Dieu par cela? nenni, car ils sont desia siens de nature: comme nostre Seigneur Iesus aussi ameine ceste comparaison d'un serviteur: non pas de tels serviteurs qu'on a auiourd'huy, mais de ceux qui estoyent esclaves, de ce temps-là. Quand un serviteur se fust cent fois tué pour son maistre, il estoit à luy à vivre et à mourir. Nostre Seigneur Iesus donc met en avant, Or çà vous n'estes que poures creatures mortelles, si quelqu'un de vous a un esclave: il le tiendra là comme un asne ou un boeuf: et s'il a travaillé tout au long du iour avec grand peine et labeur, quand le soir il retournera en la maison, le maistre ne le fera point seoir à table: car le serviteur s'est acquitté de son devoir, et n'a rien fait à quoy il ne fust tenu. Or maintenant, Dieu sera-il de moindre condition ou pire que ne seront pas les hommes mortels? Quand vous estes du tout siens, si chacun s'efforce de cheminer en son obéissance, si est-ce qu'encores ne vous peut-il rien devoir. Ainsi comme i'ay desia déclaré, quand Dieu dit en sa Loy, Qui fera ces choses, il vivra en icelles, et qui l'a esmeu d'une telle libéralité de nous promettre la vie éternelle? Ce n'est pas qu'il nous deust rien. Tuons nous cent mille fois pour le servir, si est-ce que cela ne le pourra pas obliger à nous rendre aucun salaire: mais de superabondant, il vient et dit, Combien que ie ne vous doive rien, et aussi que vous ne me puissiez rien apporter qui mérite aucun salaire (car vous m'estes obligez en tout et par tout), si est-ce que ie vous veux recompenser de vostre peine. Or sus donc mettez vous en vostre devoir, faites ce que ie vous commande, et vous ne serez point frustrez de vostre salaire. Voilà donc en somme ce que nous avons à retenir, comme encores ci après il faudra derechef en parler. Or les Papistes confesseront bien cela en partie, non pas encores communément: car la pluspart, i'entens de ceux qui auiourd'huy sont les vrais supposts du Pape, ne sçavent rien de ces principes, mais si est-ce qu'aucuns accorderont, quand Dieu a promis en sa Loy salaire de vie à ceux qui l'auront servi, que c'est pour monstrer que les oeuvres ne sont pas de telle valeur qu'elles méritent la vie éternelle, sinon à cause de la promesse: mais présupposé que Dieu s'est obligé comme il a fait, ils cuident que nous méritons donc, et pourquoy? Car c'est en vain que Dieu auroit prononcé ce mot, Qui fera ces choses, il vivra en icelles. Or ils ne regardent point, les poures bestes, ce que i'ay desia déclaré, c'est à sçavoir que Dieu n'a point dit cela, à fin que les hommes puissent acquérir salut par leurs mérites: mais c'a este plustost à fin de les tenir conveincus et les amener à vraye humilité, laquelle ils fuyent tousiours par folle outrecuidance et ambition. Nous voyons donc maintenant en somme l'intention de sainct Paul: c'est que si nous prétendons d'estre iustifiez par la Loy et en nos oeuvres, qu'il ne faut rien laisser derrière ne mettre en oubli: car il est dit, Qui fera toutes ces choses, vivra en icelles. Or maintenant qui sera si habile homme qui se puisse vanter de s'estre acquitté envers Dieu? Il n'y a que les hypocrites qui soyent enyvrez en une présomption diabolique, ou bien des gens profanes qui se mocquent de Dieu, et qui iamais n'ont esté solicitez à repentance, et qui ont eu tousiours leurs consciences endormies, ou plusto8t ensorcelées: il n'y a que ceux-là qui se trompent et qui cuident bien mériter. Or puis qu'ainsi est que la iustice de la Loy nous est close, et que nous en sommes du tout déboutez, il nous faut venir à l'autre iustice, c'est que Dieu nous accepte gratuitement par sa pure bonté, et qu'aulieu de re-

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et qu'elle ne nous apporte de soy aucun profit. Car<br />

elle regarde à corriger l'orgue<strong>il</strong> duquel nous sommes<br />

tellement <strong>in</strong>fectez, que nous en crevons, et faut qu'<strong>il</strong><br />

se purge par un remède violent : et quel est ce remede-là?<br />

Voici Dieu qui nous propose, Or sus,<br />

vous murmurez si ie ne vous traitte à vostre appétit:<br />

mais ie vous declare que non seulement en ce<br />

monde et en ceste vie c<strong>ad</strong>uque, i'espandray de mes<br />

graces et de mes benefices sur vous: mais encores<br />

ie vous reserve l'héritage immortel, moyennant que<br />

vous me serviez : servez moy, et venons à bon conte :<br />

et alors soyez certa<strong>in</strong>s que ie vous remunereray et<br />

en ceste vie et en l'autre. Quand Dieu parle a<strong>in</strong>si,<br />

ce n'est s<strong>in</strong>on à f<strong>in</strong> que les hommes ayent la bouche<br />

close, et qu'<strong>il</strong>s confessent que si Dieu les punit, et<br />

qu'<strong>il</strong> leur envoyé beaucoup d'afflictions et de misères,<br />

que c'est à bon droit, tellement que tous ceux<br />

qui auront bien exam<strong>in</strong>é leur vie, confesseront, voire<br />

sans fe<strong>in</strong>tise, helas, si nous ne sommes pas dignes<br />

de manger du pa<strong>in</strong> pour estre soustenus en ceste<br />

vie c<strong>ad</strong>uque sur la terre: comment pourrions-nous<br />

acquérir par nos mérites l'héritage de par<strong>ad</strong>is, la<br />

gloire qui n'appartient qu'à Dieu seul? Comment<br />

pourrons-nous parvenir là par nostre vertu? "Vo<strong>il</strong>à<br />

donc comme le caquet des hommes est du tout<br />

rabbatu, quand Dieu leur donne ceste promesse si<br />

ample et si liberale que ceste-ci. Or nous avons<br />

à noter cependant que ceste promesse est gratuite<br />

de soy: mais toutesfois si sommes nous frustrez de<br />

tout ce qu'elle contient, iusques à ce que nous y<br />

ayons renoncé. Ceci seroit obscur, s'<strong>il</strong> n'estoit déclaré<br />

plus au long. Les Payens, comme desia nous<br />

avons dit, ont bien cuidé estre rémunérez de Dieu<br />

quand <strong>il</strong>s vivoyent d'une façon honeste et irrépréhensible<br />

devant les hommes. Or c'a esté une folie,<br />

voire une rage du tout: car qu'est-ce que Dieu<br />

nous peut devoir, comme <strong>il</strong> nous est remonstré au<br />

17. de sa<strong>in</strong>ct Luc? Quand les hommes feront<br />

mieux que les Anges de par<strong>ad</strong>is, peuvent-<strong>il</strong>s obliger<br />

Dieu par cela? nenni, car <strong>il</strong>s sont desia siens de<br />

nature: comme nostre Seigneur Iesus aussi ame<strong>in</strong>e<br />

ceste comparaison d'un serviteur: non pas de tels<br />

serviteurs qu'on a auiourd'huy, mais de ceux qui<br />

estoyent esclaves, de ce temps-là. Quand un serviteur<br />

se fust cent fois tué pour son maistre, <strong>il</strong><br />

estoit à luy à vivre et à mourir. Nostre Seigneur<br />

Iesus donc met en avant, Or çà vous n'estes que<br />

poures creatures mortelles, si quelqu'un de vous a<br />

un esclave: <strong>il</strong> le tiendra là comme un asne ou un<br />

boeuf: et s'<strong>il</strong> a trava<strong>il</strong>lé tout au long du iour avec<br />

grand pe<strong>in</strong>e et labeur, quand le soir <strong>il</strong> retournera<br />

en la maison, le maistre ne le fera po<strong>in</strong>t seoir à<br />

table: car le serviteur s'est acquitté de son devoir,<br />

et n'a rien fait à quoy <strong>il</strong> ne fust tenu. Or ma<strong>in</strong>tenant,<br />

Dieu sera-<strong>il</strong> de mo<strong>in</strong>dre condition ou pire<br />

que ne seront pas les hommes mortels? Quand<br />

vous estes du tout siens, si chacun s'efforce de chem<strong>in</strong>er<br />

en son obéissance, si est-ce qu'encores ne<br />

vous peut-<strong>il</strong> rien devoir. A<strong>in</strong>si comme i'ay desia<br />

déclaré, quand Dieu dit en sa Loy, Qui fera ces<br />

choses, <strong>il</strong> vivra en icelles, et qui l'a esmeu d'une<br />

telle libéralité de nous promettre la vie éternelle?<br />

Ce n'est pas qu'<strong>il</strong> nous deust rien. Tuons nous<br />

cent m<strong>il</strong>le fois pour le servir, si est-ce que cela ne<br />

le pourra pas obliger à nous rendre aucun salaire:<br />

mais de superabondant, <strong>il</strong> vient et dit, Combien<br />

que ie ne vous doive rien, et aussi que vous ne<br />

me puissiez rien apporter qui mérite aucun salaire<br />

(car vous m'estes obligez en tout et par tout), si<br />

est-ce que ie vous veux recompenser de vostre<br />

pe<strong>in</strong>e. Or sus donc mettez vous en vostre devoir,<br />

faites ce que ie vous commande, et vous ne serez<br />

po<strong>in</strong>t frustrez de vostre salaire. Vo<strong>il</strong>à donc en<br />

somme ce que nous avons à retenir, comme encores<br />

ci après <strong>il</strong> faudra derechef en parler.<br />

Or les Papistes confesseront bien cela en partie,<br />

non pas encores communément: car la pluspart,<br />

i'entens de ceux qui auiourd'huy sont les vrais supposts<br />

du Pape, ne sçavent rien de ces pr<strong>in</strong>cipes,<br />

mais si est-ce qu'aucuns accorderont, quand Dieu<br />

a promis en sa Loy salaire de vie à ceux qui l'auront<br />

servi, que c'est pour monstrer que les oeuvres<br />

ne sont pas de telle valeur qu'elles méritent la vie<br />

éternelle, s<strong>in</strong>on à cause de la promesse: mais présupposé<br />

que Dieu s'est obligé comme <strong>il</strong> a fait, <strong>il</strong>s<br />

cuident que nous méritons donc, et pourquoy? Car<br />

c'est en va<strong>in</strong> que Dieu auroit prononcé ce mot, Qui<br />

fera ces choses, <strong>il</strong> vivra en icelles. Or <strong>il</strong>s ne regardent<br />

po<strong>in</strong>t, les poures bestes, ce que i'ay desia<br />

déclaré, c'est à sçavoir que Dieu n'a po<strong>in</strong>t dit cela,<br />

à f<strong>in</strong> que les hommes puissent acquérir salut par<br />

leurs mérites: mais c'a este plustost à f<strong>in</strong> de les<br />

tenir conve<strong>in</strong>cus et les amener à vraye hum<strong>il</strong>ité,<br />

laquelle <strong>il</strong>s fuyent tousiours par folle outrecuidance<br />

et ambition. Nous voyons donc ma<strong>in</strong>tenant en<br />

somme l'<strong>in</strong>tention de sa<strong>in</strong>ct Paul: c'est que si nous<br />

prétendons d'estre iustifiez par la Loy et en nos<br />

oeuvres, qu'<strong>il</strong> ne faut rien laisser derrière ne mettre<br />

en oubli: car <strong>il</strong> est dit, Qui fera toutes ces choses,<br />

vivra en icelles. Or ma<strong>in</strong>tenant qui sera si hab<strong>il</strong>e<br />

homme qui se puisse vanter de s'estre acquitté envers<br />

Dieu? Il n'y a que les hypocrites qui soyent<br />

enyvrez en une présomption diabolique, ou bien des<br />

gens profanes qui se mocquent de Dieu, et qui iamais<br />

n'ont esté solicitez à repentance, et qui ont<br />

eu tousiours leurs consciences endormies, ou plusto8t<br />

ensorcelées: <strong>il</strong> n'y a que ceux-là qui se trompent<br />

et qui cuident bien mériter. Or puis qu'a<strong>in</strong>si<br />

est que la iustice de la Loy nous est close, et que<br />

nous en sommes du tout déboutez, <strong>il</strong> nous faut<br />

venir à l'autre iustice, c'est que Dieu nous accepte<br />

gratuitement par sa pure bonté, et qu'aulieu de re-

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