commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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487 SERMONS 488<br />
pas qu'un homme face beaucoup quand <strong>il</strong> se tient<br />
aux promesses de Dieu, et qu'<strong>il</strong> s'y repose. On<br />
dira, et bien, celuy là est un poure pécheur, <strong>il</strong><br />
cognoit qu'<strong>il</strong> a beso<strong>in</strong> de fait d'estre secouru par<br />
la bonté de Dieu, et vo<strong>il</strong>à pourquoy <strong>il</strong> s'y arreste.<br />
Mais un homme qui a belle apparence de vie, et<br />
qui sera magnifié par tout, celuy-là sera réputé<br />
beaucoup plus iuste. Comme pour exemple, si un<br />
homme est liberal, et qu'<strong>il</strong> eslargisse beaucoup de<br />
ses biens, et qu'aussi <strong>il</strong> se montre liberal en toutes<br />
autres parties de sa vie, celuy-là sera estimé plus<br />
excellent que l'homme fidèle. Et puis <strong>il</strong>s allèguent<br />
aussi bien ce que dit sa<strong>in</strong>ct Paul en l'autre passage<br />
que la charité est pardessus la foy et l'espérance.<br />
Ôuy bien: mais <strong>il</strong> n'est pas ici question de sçavoir<br />
quelle est la plus grande vertu, ou la plus haute,<br />
ou la plus noble. Quand nous disons que nous<br />
sommes Justifiez par foy, ce n'est pas qu'<strong>il</strong> y ait<br />
aucune dignité ni mérite en nostre foy, pour dire<br />
que Dieu soit obligé à nous et qu'<strong>il</strong> nous reçoive:<br />
mais c'est d'autant qu'après qu'<strong>il</strong> s'est monstre pitoyable,<br />
et qu'<strong>il</strong> nous a promis d'estre nostre sauveur,<br />
que par foy nous venons à luy, estans deaia<br />
despou<strong>il</strong>lez de toute confiance de nos vertus, sçachans<br />
bien que si Dieu nous regarde tels que nous<br />
sommes, <strong>il</strong> faut qu'<strong>il</strong> nous maudisse et qu'<strong>il</strong> nous<br />
déteste. Quand donc la foy n'apporte rien du costé<br />
de l'homme, mais qu'elle reçoit tout de la pure bonté<br />
et gratuite de Dieu, <strong>il</strong> n'est pas question ici de<br />
sçavoir quelle est nostre dignité. A<strong>in</strong>si nous voyons<br />
comme non seulement la foy nous aide à acquérir<br />
salut, mais qu'elle nous apporte toute perfection.<br />
Or sa<strong>in</strong>ct Paul après avoir dit que les Payons<br />
sont bénits en Abraham, <strong>il</strong> <strong>ad</strong>iouste que c'est avec<br />
Abraham le fidèle: comme s'<strong>il</strong> disoit qu'<strong>il</strong> n'y a<br />
autre regard pour nous faire trouver acceptables<br />
devant Dieu: s<strong>in</strong>on la pure foy: qu'<strong>il</strong> ne faut<br />
po<strong>in</strong>t ici cercher aide d'a<strong>il</strong>leurs: car voici encores<br />
un erreur trop lourd duquel les Papistes sont enveloppez.<br />
Car encores qu'<strong>il</strong>s ne sçachent que c'est<br />
de foy, ni d'estre iustifiez, si est-ce qu'<strong>il</strong>s sont contra<strong>in</strong>ts<br />
de dire que la foy aide à salut: mais <strong>il</strong>s<br />
<strong>ad</strong>iou8tent que c'est en partie, et que la charité y<br />
besongne, et toutes autres vertus : et qu'<strong>il</strong> faut bien<br />
que les hommes desservent envers Dieu d'estre<br />
approuvez de luy: et que sans obéissance, sans<br />
sa<strong>in</strong>cteté de vie ce n'est rien. Or <strong>il</strong> est vray que<br />
la foy est <strong>in</strong>separable de la cra<strong>in</strong>te de Dieu: mais<br />
<strong>il</strong> n'est pas question ici de sçavoir autre chose,<br />
s<strong>in</strong>on comme Dieu nous avoue pour ses enfans.<br />
Or s'<strong>il</strong> a regard à nos oeuvres, mal-heur sur nous.<br />
Il faut donc qu'<strong>il</strong> destourne sa face do toute consideration<br />
de nos personnes, et qu'<strong>il</strong> nous reçoive<br />
seulement en nostre Seigneur Iesus Christ: ou<br />
"bien quand <strong>il</strong> aura égard à nous, qu'<strong>il</strong> ne trouve<br />
que nos misères pour estre esmeu et <strong>in</strong>duit à I<br />
miséricorde. Vo<strong>il</strong>à donc double regard que Dieu<br />
aura en nous iustifiant, l'un c'est qu'<strong>il</strong> contemple<br />
nos misères: car voyant que nous sommes a<strong>in</strong>si<br />
abysm ez en toute confusion, <strong>il</strong> est esmeu à pitié.<br />
Et puis pour n'e8tre plus ennemi et partie <strong>ad</strong>verse<br />
de nous qui sommes pécheurs, <strong>il</strong> faut qu'<strong>il</strong> regarde<br />
en nostre Seigneur Iesus Christ et à sa iustice, à<br />
f<strong>in</strong> qu'elle anéantisse toutes nos fautes.<br />
Ma<strong>in</strong>tenant voici sa<strong>in</strong>ot Paul qui dit que nous<br />
ne pouvons estre bénits qu'avec Abraham le fidèle:<br />
comme s'<strong>il</strong> disoit qu'Abraham, quelque sa<strong>in</strong>ct personnage<br />
qu'<strong>il</strong> fust, n'a rien apporté du sien quand<br />
<strong>il</strong> a obtenu iustice devant Dieu. La foy (comme<br />
desia nous avons dit) despou<strong>il</strong>le l'homme entièrement<br />
de ce qu'<strong>il</strong> cuide avoir de dignité. Puis<br />
qu'Abraham n'a eu que la foy, <strong>il</strong> s'ensuit qu'<strong>il</strong> a<br />
renoncé à toutes ses oeuvres, comme aussi elles<br />
estoyent de nulle valeur. Puis qu'a<strong>in</strong>si est donc,<br />
apprenons de ne po<strong>in</strong>t faire un mesl<strong>in</strong>ge qui<br />
n'apporte que corruption devant Dieu: mais contentons<br />
nous que si Dieu nous cognoit fidèles, que<br />
nous serons approuvez devant luy. Si on demande,<br />
les vertus d'Abraham n'ont-elles eu nulle grace<br />
devant Dieu ? La response à cela est aisée, Qu'Abraham<br />
de sa nature n'avoit que toute <strong>in</strong>iquité. Il<br />
oust esté homme perdu, si Dieu ne l'eust retiré<br />
de l'abysme où <strong>il</strong> estoit plongé, comme aussi <strong>il</strong><br />
le monstre au dernier chap, de Iosué a. 2. Regardez<br />
(dit-<strong>il</strong> aux Iuifs) dont i'ay pr<strong>in</strong>s vostre père<br />
Abraham. Ses pères n'ont-<strong>il</strong>s pas servi aux idoles?<br />
le les donc tiré du profond d'enfer. A<strong>in</strong>si Abraham<br />
n'avoit de quoy se glorifier: car <strong>il</strong> ne pouvoit<br />
faire aucun bien, s<strong>in</strong>on que Dieu l'eust prévenu<br />
par sa grace. Or ma<strong>in</strong>tenant après que Dieu a<br />
donné à Abraham de si grandes vertus et si<br />
excellentes, qu'<strong>il</strong> est comme un patron de toute<br />
sa<strong>in</strong>cteté, si est-ce toutesfois que ces vertus là ne<br />
pouvoyent pas le iustifier: car <strong>il</strong> y avoit tousiours<br />
à redire, quoy qu'<strong>il</strong> en soit? Quand un homme<br />
s'efforcera le plus qu'<strong>il</strong> sera possible d'obéir à Dieu,<br />
si est-ce qu'<strong>il</strong> ira tousiours en clochant. Or <strong>il</strong><br />
ne sçauroit avoir si peu à redire à nos oeuvres,<br />
ne si petite tache que ce ne soit pour les sou<strong>il</strong>ler<br />
devant Dieu, et pour les rendre abom<strong>in</strong>ables.<br />
Vo<strong>il</strong>à comme toutes les vertus d'Abraham, si elles<br />
eussent esté exam<strong>in</strong>ees à la rigueur, ne pouvoyent<br />
luy apporter que condamnation. Autant en est-<strong>il</strong><br />
de David et de tous autres. Et puis quand <strong>il</strong> est<br />
question que Dieu nous aime, et qu'<strong>il</strong> nous avoué<br />
pour ses enfans, <strong>il</strong> ne faut pas que ce soit pour<br />
deux ou pour trois actes: mais pour une obéissance<br />
telle et si parfaite que nous ne défa<strong>il</strong>lions en rien<br />
qui soit. Or est <strong>il</strong> a<strong>in</strong>si qu'Abraham, encores qu'<strong>il</strong><br />
eust eu quelque perfection en une partie de sa vie,<br />
si ne pouvoit-<strong>il</strong> pas estre iustifié: car <strong>il</strong> estoit<br />
tousiours homme, c'est à dire pécheur: et Dieu