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485 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 486 ment à la doctrine, il regarde à la fiance que les hommes peuvent concevoir de leur salut. Car la iustice de la foy a bien son tesmoignage de la Loy et des Prophètes, comme sainct Paul en parle au troisième chap, des Romains c. 21, ce n'est pas une choee diverse : mais la diversité est en ce que ceux qui se cognoissent mal et qui sont aveuglez en hypocrisie cuident avoir acquis grace devant Dieu en observant la Loy, ce qui est impossible. Ceux là donc sont de la Loy, qui se tiennent à la Loy, comme s'ils pouvoyent deservir envers Dieu l'héritage de la vie celeste. A l'opposite ceux qui sont defaillans d'eux mesmes, voire qui sont du tout anéantis, cognoissans qu'ils n'ont pas une seule goutte de salut, ceux là sont de la foy. Et pourquoy? ils renoncent à eux-mesmes et cerchent leur iustice ailleurs: ils viennent comme poures mendians se presenter à Dieu, à fin qu'il les remplisse au lieu qu'ils estoyent du tout vuides: voilà donc pour un item, c'est à sçavoir qu'en vertu de la foy, il nous faut estre despouillez de toute fiance et de toute présomption de mérites, et avoir tout nostre refuge à la pure bonté de Dieu. Or il est vray que nous ne pouvons pas venir droit à Dieu sans aucun moyen: il faut que nostre Seigneur Iesus Christ nous y donne accès: mais sous ce mot de foy tout cela est comprins. Car la foy n'est pas quelque imagination que les hommes se forgent: c'est une certitude que nous concevons de la bonté de Dieu quand il approche de nous et nous declare familièrement l'amour qu'il nous porte. Il faut donc que la promesse aille devant, ou il n'y auroit nulle suitte de foy. Bref quiconques n'a esté enseigné en l'Evangile, celui-là ne peut avoir nulle foy: car il faut que Dieu nous ait déclaré qu'il nous aime, ou nous ne pouvons pas nous appuyer sur sa bonté: nous ne pouvons pas l'invoquer comme nostre Père. Regardons maintenant quelle est ceste promesse: Dieu ne dit pas simplement qu'il aura pitié de nous: mais il nous declare qu'eucores que nous soyons poures pécheurs, qu'il ne laissera pas de nous accepter, pour ce qu'il ensevelit toutes nos fautes, ouy par le moyen de nostre Seigneur Iesus Christ: car il faut que ce sacrifice vienne en avant partout où il est parlé de la remission des péchez. Iamais pardon ne se pourra faire devant Dieu, sinon qu'il y ait effusion de sang pour satisfaire. Ainsi donc le fondement de ceste promesse où Dieu dit qu'il nous sera propice, c'est d'autant que nostre Seigneur Iesus Christ a espandu son sang pour nous.laver de nos macules, et qu'il a offert pleine satisfaction pour appaiser l'ire de Dieu son Père. Voilà donc comment estans de la foy nous avons nostre regard fiché en Iesus Christ, nostre appuy et nostre repos est du tout en sa mort et passion qui est le moyen de nous reconcilier à Dieu. Or notons aussi que d'estre bénit et d'estre iustifié, c'est tout un, comme sainct Paul le declare ici. A grand peine de ceux qui s'appellent Chrestiens en trouvera-on un de trente l'un qui sçachent définir ce mot de iustifier. Et c'est une grand'honte à nous, quand iournellement nous avons les aureilles battues de l'Evangile, et que cependant le principal article de nostre foy nous soit incognu. Estre donc iustifié ce n'est pas avoir quelque iustice en soy, mais c'est que Dieu nous repute comme iustes, encores que nous ne le soyons pas. Et voilà pourquoy i'ay dit que nous avons ici une bonne declaration de ceste doctrine, quand sainct Paul met le mot de bénir au lieu de ce qu'il avoit dit auparavant estre iustifié, comme au 4. chap, des Romains a. 5 il dit que la iustice de foy, c'est que nos péchez nous soyent pardonnez. Quand, donc Dieu nous est propice et amiable, et qu'il nous reçoit comme ses enfans, alors il est dit que nous sommes iustifiez devant luy. Et pourquoy iustifiez? c'est pour ce qu'il ne peut aimer les pécheurs iusques à ce qu'il leur ait pardonné leurs fautes et qu'il les ait abolies. Nous sçavons que Dieu estant inste ne se peut pas accorder avec le péché: il faut que tousiours il l'ait en detestation. Puis que ainsi est donc, quand nous luy voulons estre agréables, il faut bien que nous soyons purgez auparavant de nos offenses: car cependant qu'elles viennent en conte, il faut que Dieu nous déteste et nous maudise: mais à l'opposite, quand il nous reçoit à merci, alors il abolit toutes nos fautes. Et voilà comme nous commençons d'estre bénits de luy. Sommes nous donc bénits de Dieu, c'est à dire aimez? nous voilà quant et quant iustifiez: c'est à dire, au lieu qu'il n'y a en nous que péché, Dieu nous fait participans de la iustice de nostre Seigneur Iesus Christ, toute l'obéissance qu'il a rendue nous est avouée. Comme si ie dois une somme d'argent, et qu'un autre paye pour moy, combien que ie ne desbourse rien, si est-ce que me voilà quitte, le n'avoye de quoy payer, mais i'ay trouvé qui m'a délivré. Ainsi en est-il de nous, qu'estans destituez de iustice, nous avons Iesus Christ pour plege, qui a satisfait pour nous envers Dieu son Père. Et voilà comme, nos péchez sont effacez du tout, qu'ils ne viennent point ni en memoire ni en conte devant Dieu, et alors nous sommes iustifiez, ou nous sommes bénits: c'est à dire nous sommes tenus comme enfans de Dieu, au lieu qu'auparavant il faloit qu'il nous tint comme maudits et exécrables. Or en cela aussi voyons nous quelle sottise c'est aux Papistes, quand ils ne se peuvent persuader que nous soyons iustifiez par foy, pour ce que la foy n'est pas une vertu si excellente, ce leur semble, comme sont d'autres. Car on n'appercevra, 31*

487 SERMONS 488 pas qu'un homme face beaucoup quand il se tient aux promesses de Dieu, et qu'il s'y repose. On dira, et bien, celuy là est un poure pécheur, il cognoit qu'il a besoin de fait d'estre secouru par la bonté de Dieu, et voilà pourquoy il s'y arreste. Mais un homme qui a belle apparence de vie, et qui sera magnifié par tout, celuy-là sera réputé beaucoup plus iuste. Comme pour exemple, si un homme est liberal, et qu'il eslargisse beaucoup de ses biens, et qu'aussi il se montre liberal en toutes autres parties de sa vie, celuy-là sera estimé plus excellent que l'homme fidèle. Et puis ils allèguent aussi bien ce que dit sainct Paul en l'autre passage que la charité est pardessus la foy et l'espérance. Ôuy bien: mais il n'est pas ici question de sçavoir quelle est la plus grande vertu, ou la plus haute, ou la plus noble. Quand nous disons que nous sommes Justifiez par foy, ce n'est pas qu'il y ait aucune dignité ni mérite en nostre foy, pour dire que Dieu soit obligé à nous et qu'il nous reçoive: mais c'est d'autant qu'après qu'il s'est monstre pitoyable, et qu'il nous a promis d'estre nostre sauveur, que par foy nous venons à luy, estans deaia despouillez de toute confiance de nos vertus, sçachans bien que si Dieu nous regarde tels que nous sommes, il faut qu'il nous maudisse et qu'il nous déteste. Quand donc la foy n'apporte rien du costé de l'homme, mais qu'elle reçoit tout de la pure bonté et gratuite de Dieu, il n'est pas question ici de sçavoir quelle est nostre dignité. Ainsi nous voyons comme non seulement la foy nous aide à acquérir salut, mais qu'elle nous apporte toute perfection. Or sainct Paul après avoir dit que les Payons sont bénits en Abraham, il adiouste que c'est avec Abraham le fidèle: comme s'il disoit qu'il n'y a autre regard pour nous faire trouver acceptables devant Dieu: sinon la pure foy: qu'il ne faut point ici cercher aide d'ailleurs: car voici encores un erreur trop lourd duquel les Papistes sont enveloppez. Car encores qu'ils ne sçachent que c'est de foy, ni d'estre iustifiez, si est-ce qu'ils sont contraints de dire que la foy aide à salut: mais ils adiou8tent que c'est en partie, et que la charité y besongne, et toutes autres vertus : et qu'il faut bien que les hommes desservent envers Dieu d'estre approuvez de luy: et que sans obéissance, sans saincteté de vie ce n'est rien. Or il est vray que la foy est inseparable de la crainte de Dieu: mais il n'est pas question ici de sçavoir autre chose, sinon comme Dieu nous avoue pour ses enfans. Or s'il a regard à nos oeuvres, mal-heur sur nous. Il faut donc qu'il destourne sa face do toute consideration de nos personnes, et qu'il nous reçoive seulement en nostre Seigneur Iesus Christ: ou "bien quand il aura égard à nous, qu'il ne trouve que nos misères pour estre esmeu et induit à I miséricorde. Voilà donc double regard que Dieu aura en nous iustifiant, l'un c'est qu'il contemple nos misères: car voyant que nous sommes ainsi abysm ez en toute confusion, il est esmeu à pitié. Et puis pour n'e8tre plus ennemi et partie adverse de nous qui sommes pécheurs, il faut qu'il regarde en nostre Seigneur Iesus Christ et à sa iustice, à fin qu'elle anéantisse toutes nos fautes. Maintenant voici sainot Paul qui dit que nous ne pouvons estre bénits qu'avec Abraham le fidèle: comme s'il disoit qu'Abraham, quelque sainct personnage qu'il fust, n'a rien apporté du sien quand il a obtenu iustice devant Dieu. La foy (comme desia nous avons dit) despouille l'homme entièrement de ce qu'il cuide avoir de dignité. Puis qu'Abraham n'a eu que la foy, il s'ensuit qu'il a renoncé à toutes ses oeuvres, comme aussi elles estoyent de nulle valeur. Puis qu'ainsi est donc, apprenons de ne point faire un meslinge qui n'apporte que corruption devant Dieu: mais contentons nous que si Dieu nous cognoit fidèles, que nous serons approuvez devant luy. Si on demande, les vertus d'Abraham n'ont-elles eu nulle grace devant Dieu ? La response à cela est aisée, Qu'Abraham de sa nature n'avoit que toute iniquité. Il oust esté homme perdu, si Dieu ne l'eust retiré de l'abysme où il estoit plongé, comme aussi il le monstre au dernier chap, de Iosué a. 2. Regardez (dit-il aux Iuifs) dont i'ay prins vostre père Abraham. Ses pères n'ont-ils pas servi aux idoles? le les donc tiré du profond d'enfer. Ainsi Abraham n'avoit de quoy se glorifier: car il ne pouvoit faire aucun bien, sinon que Dieu l'eust prévenu par sa grace. Or maintenant après que Dieu a donné à Abraham de si grandes vertus et si excellentes, qu'il est comme un patron de toute saincteté, si est-ce toutesfois que ces vertus là ne pouvoyent pas le iustifier: car il y avoit tousiours à redire, quoy qu'il en soit? Quand un homme s'efforcera le plus qu'il sera possible d'obéir à Dieu, si est-ce qu'il ira tousiours en clochant. Or il ne sçauroit avoir si peu à redire à nos oeuvres, ne si petite tache que ce ne soit pour les souiller devant Dieu, et pour les rendre abominables. Voilà comme toutes les vertus d'Abraham, si elles eussent esté examinees à la rigueur, ne pouvoyent luy apporter que condamnation. Autant en est-il de David et de tous autres. Et puis quand il est question que Dieu nous aime, et qu'il nous avoué pour ses enfans, il ne faut pas que ce soit pour deux ou pour trois actes: mais pour une obéissance telle et si parfaite que nous ne défaillions en rien qui soit. Or est il ainsi qu'Abraham, encores qu'il eust eu quelque perfection en une partie de sa vie, si ne pouvoit-il pas estre iustifié: car il estoit tousiours homme, c'est à dire pécheur: et Dieu

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ment à la doctr<strong>in</strong>e, <strong>il</strong> regarde à la fiance que les<br />

hommes peuvent concevoir de leur salut. Car la<br />

iustice de la foy a bien son tesmoignage de la Loy<br />

et des Prophètes, comme sa<strong>in</strong>ct Paul en parle au<br />

troisième chap, des Roma<strong>in</strong>s c. 21, ce n'est pas une<br />

choee diverse : mais la diversité est en ce que ceux<br />

qui se cognoissent mal et qui sont aveuglez en hypocrisie<br />

cuident avoir acquis grace devant Dieu en<br />

observant la Loy, ce qui est impossible. Ceux là<br />

donc sont de la Loy, qui se tiennent à la Loy,<br />

comme s'<strong>il</strong>s pouvoyent deservir envers Dieu l'héritage<br />

de la vie celeste. A l'opposite ceux qui sont<br />

defa<strong>il</strong>lans d'eux mesmes, voire qui sont du tout<br />

anéantis, cognoissans qu'<strong>il</strong>s n'ont pas une seule<br />

goutte de salut, ceux là sont de la foy. Et pourquoy?<br />

<strong>il</strong>s renoncent à eux-mesmes et cerchent leur<br />

iustice a<strong>il</strong>leurs: <strong>il</strong>s viennent comme poures mendians<br />

se presenter à Dieu, à f<strong>in</strong> qu'<strong>il</strong> les remplisse<br />

au lieu qu'<strong>il</strong>s estoyent du tout vuides: vo<strong>il</strong>à donc<br />

pour un item, c'est à sçavoir qu'en vertu de la foy,<br />

<strong>il</strong> nous faut estre despou<strong>il</strong>lez de toute fiance et de<br />

toute présomption de mérites, et avoir tout nostre<br />

refuge à la pure bonté de Dieu.<br />

Or <strong>il</strong> est vray que nous ne pouvons pas venir droit<br />

à Dieu sans aucun moyen: <strong>il</strong> faut que nostre Seigneur<br />

Iesus Christ nous y donne accès: mais sous ce mot de<br />

foy tout cela est compr<strong>in</strong>s. Car la foy n'est pas<br />

quelque imag<strong>in</strong>ation que les hommes se forgent:<br />

c'est une certitude que nous concevons de la bonté<br />

de Dieu quand <strong>il</strong> approche de nous et nous declare<br />

fam<strong>il</strong>ièrement l'amour qu'<strong>il</strong> nous porte. Il faut donc<br />

que la promesse a<strong>il</strong>le devant, ou <strong>il</strong> n'y auroit nulle<br />

suitte de foy. Bref quiconques n'a esté enseigné<br />

en l'Evang<strong>il</strong>e, celui-là ne peut avoir nulle foy: car<br />

<strong>il</strong> faut que Dieu nous ait déclaré qu'<strong>il</strong> nous aime,<br />

ou nous ne pouvons pas nous appuyer sur sa bonté:<br />

nous ne pouvons pas l'<strong>in</strong>voquer comme nostre Père.<br />

Regardons ma<strong>in</strong>tenant quelle est ceste promesse:<br />

Dieu ne dit pas simplement qu'<strong>il</strong> aura pitié de<br />

nous: mais <strong>il</strong> nous declare qu'eucores que nous<br />

soyons poures pécheurs, qu'<strong>il</strong> ne laissera pas de<br />

nous accepter, pour ce qu'<strong>il</strong> ensevelit toutes nos<br />

fautes, ouy par le moyen de nostre Seigneur Iesus<br />

Christ: car <strong>il</strong> faut que ce sacrifice vienne en avant<br />

partout où <strong>il</strong> est parlé de la remission des péchez.<br />

Iamais pardon ne se pourra faire devant Dieu,<br />

s<strong>in</strong>on qu'<strong>il</strong> y ait effusion de sang pour satisfaire.<br />

A<strong>in</strong>si donc le fondement de ceste promesse où Dieu<br />

dit qu'<strong>il</strong> nous sera propice, c'est d'autant que nostre<br />

Seigneur Iesus Christ a espandu son sang pour<br />

nous.laver de nos macules, et qu'<strong>il</strong> a offert ple<strong>in</strong>e<br />

satisfaction pour appaiser l'ire de Dieu son Père.<br />

Vo<strong>il</strong>à donc comment estans de la foy nous avons<br />

nostre regard fiché en Iesus Christ, nostre appuy<br />

et nostre repos est du tout en sa mort et passion<br />

qui est le moyen de nous reconc<strong>il</strong>ier à Dieu. Or<br />

notons aussi que d'estre bénit et d'estre iustifié, c'est<br />

tout un, comme sa<strong>in</strong>ct Paul le declare ici. A grand<br />

pe<strong>in</strong>e de ceux qui s'appellent Chrestiens en trouvera-on<br />

un de trente l'un qui sçachent déf<strong>in</strong>ir ce<br />

mot de iustifier. Et c'est une grand'honte à nous,<br />

quand iournellement nous avons les aure<strong>il</strong>les battues<br />

de l'Evang<strong>il</strong>e, et que cependant le pr<strong>in</strong>cipal article<br />

de nostre foy nous soit <strong>in</strong>cognu. Estre donc iustifié<br />

ce n'est pas avoir quelque iustice en soy, mais<br />

c'est que Dieu nous repute comme iustes, encores<br />

que nous ne le soyons pas.<br />

Et vo<strong>il</strong>à pourquoy i'ay dit que nous avons ici<br />

une bonne declaration de ceste doctr<strong>in</strong>e, quand<br />

sa<strong>in</strong>ct Paul met le mot de bénir au lieu de ce qu'<strong>il</strong><br />

avoit dit auparavant estre iustifié, comme au 4. chap,<br />

des Roma<strong>in</strong>s a. 5 <strong>il</strong> dit que la iustice de foy, c'est<br />

que nos péchez nous soyent pardonnez. Quand,<br />

donc Dieu nous est propice et amiable, et qu'<strong>il</strong><br />

nous reçoit comme ses enfans, alors <strong>il</strong> est dit que<br />

nous sommes iustifiez devant luy. Et pourquoy<br />

iustifiez? c'est pour ce qu'<strong>il</strong> ne peut aimer les pécheurs<br />

iusques à ce qu'<strong>il</strong> leur ait pardonné leurs<br />

fautes et qu'<strong>il</strong> les ait abolies. Nous sçavons que<br />

Dieu estant <strong>in</strong>ste ne se peut pas accorder avec le<br />

péché: <strong>il</strong> faut que tousiours <strong>il</strong> l'ait en detestation.<br />

Puis que a<strong>in</strong>si est donc, quand nous luy voulons<br />

estre agréables, <strong>il</strong> faut bien que nous soyons purgez<br />

auparavant de nos offenses: car cependant<br />

qu'elles viennent en conte, <strong>il</strong> faut que Dieu nous<br />

déteste et nous maudise: mais à l'opposite, quand<br />

<strong>il</strong> nous reçoit à merci, alors <strong>il</strong> abolit toutes nos<br />

fautes. Et vo<strong>il</strong>à comme nous commençons d'estre<br />

bénits de luy. Sommes nous donc bénits de Dieu,<br />

c'est à dire aimez? nous vo<strong>il</strong>à quant et quant iustifiez:<br />

c'est à dire, au lieu qu'<strong>il</strong> n'y a en nous que<br />

péché, Dieu nous fait participans de la iustice de<br />

nostre Seigneur Iesus Christ, toute l'obéissance<br />

qu'<strong>il</strong> a rendue nous est avouée. Comme si ie dois<br />

une somme d'argent, et qu'un autre paye pour moy,<br />

combien que ie ne desbourse rien, si est-ce que me<br />

vo<strong>il</strong>à quitte, le n'avoye de quoy payer, mais i'ay<br />

trouvé qui m'a délivré. A<strong>in</strong>si en est-<strong>il</strong> de nous,<br />

qu'estans destituez de iustice, nous avons Iesus<br />

Christ pour plege, qui a satisfait pour nous envers<br />

Dieu son Père. Et vo<strong>il</strong>à comme, nos péchez sont<br />

effacez du tout, qu'<strong>il</strong>s ne viennent po<strong>in</strong>t ni en<br />

memoire ni en conte devant Dieu, et alors nous<br />

sommes iustifiez, ou nous sommes bénits: c'est à<br />

dire nous sommes tenus comme enfans de Dieu,<br />

au lieu qu'auparavant <strong>il</strong> faloit qu'<strong>il</strong> nous t<strong>in</strong>t comme<br />

maudits et exécrables.<br />

Or en cela aussi voyons nous quelle sottise<br />

c'est aux Papistes, quand <strong>il</strong>s ne se peuvent persu<strong>ad</strong>er<br />

que nous soyons iustifiez par foy, pour ce<br />

que la foy n'est pas une vertu si excellente, ce leur<br />

semble, comme sont d'autres. Car on n'appercevra,<br />

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