commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
483 SERMONS 484<br />
GALATES. Chap. Ill v. 7^-9.<br />
Si nous estions tels que nous voulons qu'on<br />
nous repute, c'est à sçavoir Chrestiens, nous devrions<br />
estre stylez à ce langage, que c'est d'estre<br />
iustifiez par foy: mais <strong>il</strong> s'en trouvera bien peu de<br />
ceux qui se vantent d'avoir profité en l'Evang<strong>il</strong>e<br />
qui sçachcnt que c'est de la iustice dont l'Escriture<br />
nous parle tant. Quoy qu'<strong>il</strong> en soit, si faut-<strong>il</strong> que cest<br />
article nous soit cognu, ou bien nous ne pouvons<br />
avoir nulle asseurance de salut: nous ne pouvons<br />
avoir refuge à Dieu en toutes nos nécessitez, pour<br />
le requérir franchement. Et vo<strong>il</strong>à pourquoy sa<strong>in</strong>ct<br />
Paul <strong>in</strong>siste tant sur ce propos. Dimanche passé<br />
nous veismes qu'Abraham a esté réputé iuste, d'autant<br />
qu'<strong>il</strong> avoit creu à Dieu, et dismes que par cela<br />
<strong>il</strong> nous est monstre que nul ne peut apporter aucune<br />
dignité de soy pour estre agréables à Dieu:<br />
mais qu'<strong>il</strong> nous la faut recevoir de luy. Car ce<br />
mot de croire regarde à la promesse, pour ce que<br />
Dieu s'estoit libéralement offert à son serviteur<br />
Abraham, vo<strong>il</strong>à qui a esté cause que Abraham a<br />
esté réputé iuste : c'est pour ce qu'<strong>il</strong> a accepté la<br />
grace qui luy estoit purement donnée, sçachant<br />
bien que de soy <strong>il</strong> n'avoit que toute <strong>in</strong>iquité et malediction.<br />
Or là dessus sa<strong>in</strong>ct Paul conclud que ceux qui<br />
sont de la foy, sont enfans d'Abraham. Il est certa<strong>in</strong><br />
que Abraham est père de tous fidèles et de<br />
tous, enfans de Dieu, <strong>il</strong> s'ensuit donc qu'<strong>il</strong> nous faut<br />
estre conformez à son exemple, ou la porte de vie<br />
et de salut nous est fermée, nous sommes tous<br />
bannis du Royaume de Dieu. Sa<strong>in</strong>ct Paul nous<br />
monstre ici le moyen: car nous ne sommes po<strong>in</strong>t<br />
descendus d'Abraham selon la chair: nous ne luy<br />
appartenons de rien: si faut-<strong>il</strong> toutesfois que nous<br />
soyons sa lignée: voire, mais le moyen est que nous<br />
soyons participans de la promesse qui luy a esté<br />
donnée, et que nous la recevions comme <strong>il</strong> a fait,<br />
vo<strong>il</strong>à que c'est d'estre de la foy: tellement qu'après<br />
avoir cognu, et estre conva<strong>in</strong>cus que nous ne pouvons<br />
pas mériter aucune grace devant Dieu, et que<br />
nous ne pouvons pas estre approuvez de luy par<br />
nos oeuvres et par nos mérites, que nous reposions<br />
du tout sur sa bonté, et que nous appliquions ceste<br />
promesse à nous, c'est qu'<strong>il</strong> nous <strong>ad</strong>opte pour ses<br />
enfans. Vo<strong>il</strong>à donc le passage de sa<strong>in</strong>ct Paul assez<br />
entendu. Mais <strong>il</strong> <strong>ad</strong>iouste que cela n'a pas esté<br />
seulement pour les Iuifs, plustost que tous en general<br />
y sont compr<strong>in</strong>s: car aussi sans ceste <strong>ad</strong>dition,<br />
la doctr<strong>in</strong>e que nous avons traittee nous seroit <strong>in</strong>ut<strong>il</strong>e.<br />
Dieu avoit choisi Abraham avec son lignage:<br />
nous vo<strong>il</strong>à donc forclos de l'espérance de salut, car<br />
DIXSEPTIEME SERMON.<br />
l'élection emporte que Dieu reiette tous ceux qu'<strong>il</strong><br />
n'eslit po<strong>in</strong>t à soy, <strong>il</strong> a esleu le lignage d'Abraham,<br />
nous vo<strong>il</strong>à donc tous reiettez ce semble: mais <strong>il</strong> y<br />
a double promesse que sa<strong>in</strong>ct Paul recite. L'une<br />
c'est que Dieu devoit estre le protecteur de la lignée<br />
d'Abraham, et qu'<strong>il</strong> la separoit de tout le reste du<br />
monde. La seconde promesse c'est que toutes nations<br />
devoyent estre bénites en Abraham et en sa<br />
semence. Si donc Dieu eust seulement dressé son<br />
Eglise en la fam<strong>il</strong>le d'Abraham, nous serions auiourd'huy<br />
miserables mais pour ce qu'en second lieu<br />
nous sommes conio<strong>in</strong>ts, et que Dieu espand plus au<br />
long sa bonté et miséricorde, laquelle <strong>il</strong> <strong>ad</strong>ressoit à<br />
un certa<strong>in</strong> lignage, vo<strong>il</strong>à comme nous sommes participans<br />
de salut: c'est ce que sa<strong>in</strong>ct Paul traitte<br />
ici, que l'Escriture prévoyant que Dieu ne iustifie<br />
pas seulement les Iuifs, mais veut aussi user de<br />
semblable miséricorde envers les Payens, qui avoyent<br />
esté comme retranchez de sa maison, <strong>il</strong> dit, Toutes<br />
nations de la terre seront bénites en toy. Il n'est<br />
po<strong>in</strong>t donc ici parlé de quelque poignée de gens<br />
ou d'un certa<strong>in</strong> peuple: mais Dieu sans exception,<br />
ouvre la porte à tous ceux qui auparavant avoyent<br />
esté comme désespérez du tout.<br />
Et là dessus aussi sa<strong>in</strong>ct Paul conclud que ceux<br />
qui sont de la foy seront bénits avec Abraham le fidèle,<br />
comme s'<strong>il</strong> disoit, quand Dieu a iustifie Abraham,<br />
<strong>il</strong> n'a po<strong>in</strong>t eu esgard ni à la circoncision, ni<br />
à tout ce qu'<strong>il</strong> avoit pour acquérir grace selon l'op<strong>in</strong>ion<br />
des hommes: mais <strong>il</strong> l'a receu en autre qualité,<br />
c'est à sçavoir comme fidèle. Dieu donc s'est<br />
contenté de la seule foy d'Abraham. Et vo<strong>il</strong>à aussi<br />
comment <strong>il</strong> l'a voulu constituer père de toute l'Eglise.<br />
Puis que la seule foy d'Abraham est venue en conte<br />
devant Dieu, concluons que ma<strong>in</strong>tenant <strong>il</strong> nous reçoit<br />
à soy, et à son exemple quand nous aurons<br />
une telle foy que luy, non pas en mesure égale:<br />
mais encores que nous le suivions, et fust-ce de<br />
lo<strong>in</strong>, Dieu nous accepte. Ceste benediction donc<br />
n'est pas pour la lignée charnelle d'Abraham seulement:<br />
mais pour ceux qui estoyent eslongnez de<br />
luy, quand <strong>il</strong> y aura ceste sim<strong>il</strong>itude et conformité<br />
de foy. Or pour faire nostre profit de ceste dootr<strong>in</strong>e,<br />
retenons ce que nous avons touché, qu'estre<br />
de la foy, c'est se reposer du tout en la pure miséricorde<br />
de Dieu. Or sa<strong>in</strong>ct Paul met une comparaison<br />
de choses contraires, et qui ne se peuvent<br />
accorder non plus que le feu et l'eau, estre de la<br />
Loy et estre de la foy. Or ce n'est pas que la<br />
Loy ne procède de Dieu: et si nous la reiettons, à<br />
qui s'<strong>ad</strong>resse un tel mespris? L'authorité de Dieu<br />
n'est-elle pas violée en cela? mais sa<strong>in</strong>ct Paul sous<br />
ces mots de Loy et de foy ne regarde pas simple-