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465 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 466
de Dieu qui doit habiter en nous si nous sommes
ses enfans. Mais il y a aussi les graces, comme
anciennement il y avoit le don des langues, le don
de prophétie, le don de guerison et autres semblables.
Et auiourd'huy encores Dieu monstre bien
qu'il n'a pas du tout délaissé son Eglise. Car
combien que les dons visibles ne régnent pas comme
alors, si est-ce toutesfois qu'encores nous pouvons
voir que Dieu desploye aucunement ses vertus au
milieu de nous. Au reste sainct Paul parle ici à
tous. Et pourtant nous prendrons ce mot d'esprit
(comme c'est aussi le sens commun et ordinaire)
pour co renouvellement que Dieu fait en ses enfans,
comme il est dit au 3. chap, de sainct lean
a. 6. D'autant que nous sommes nais de chair, il
n'y a en nous que toute corruption, nous tendons
à la terre. Il est vray que les hommes se glorifient
en leur sagesse: et puis il leur semble qu'ils
ont franc arbitre et volonté, pour choisir le bien
et le mal, mais ce ne sont que songes: car il est
certain que cependant que nous sommes délaissez
en nostre nature, nous tendons du tout à mal,
comme l'Escriture aussi nous condamne, quand elle
dit qu'il n'y a pensée qui se forge en l'esprit humain,
a. 5. que ce ne soit autant de malice, et
puis que toutes nos affections sont ennemies à Dieu
et rebelles. Ne nous abusons plus donc en vaines
flatteries, mais cognoissons que nous sommes du
tout pervers en Adam, et qu'il n'y a en nous que
péché. Or Dieu provoit à ce mal-là, quand il nous
touche au vif par son S. Esprit, qu'il nous purge
tellement nos coeurs, que nous desirons de luy
obéir: et combien qu'il n'y ait pas telle perfection
comme elle seroit requise, si est-ce toutesfois que
si nous combatons contre nous mesmes et tendons
au bien, voilà un signe que Dieu habite en nous, et
qu'il nous gouverne pour estre de son troupeau,
et pour nous retenir comme ses enfans: c'est à
sçavoir quand son Esprit nous est comme une bride
pour nous tenir en son obéissance: car nous ne
pouvons pas estre reputez Ohrestiens, sans avoir ce
tesmoignage-là, c'est que Dieu nous ratifie qu'il
nous est père, et que son Esprit nous en est comme
la signature, ainsi que desia nous avons amené le
te8moignage de sainct Paul: c'est à sçavoir du
premier des Ephesiens c. 14,
Or maintenant il dit que les Galatiens avoyent
receu VEsprit de Dieu par la predication de VEvangile.
Puis qu'ainsi est donc, il faloit conclurre que
les oeuvres de la Loy ne les pouvoyent pas iustifier.
Et pourquoy ? car il nous faut tousiours revenir
à ce principe que nous avons traitté, c'est
qu'en l'Evangile nous sommes despouillez de ce que
nous cuidons avoir de bien et de vertu, et que Dieu
nous fait une telle honte qu'il nous faut venir à
luy comme estans confus. Car combien qu'en la
Calvini opera. Vol. L.
Loy Dieu nous propose nostre malediction, si estce
que nous ne l'appercevons pas ainsi qu'en l'Evangile.
Et nous voyons comme les hypocrites se
flattent tousiours, et cuident venir à bout de ce
qui leur est commandé: mais en l'Evangile il y a
deux choses : car Dieu declare qu'il n'y a que poureté
en nous, et qu'il nous faut venir mendier sa
grace avec toute confession de humilité, que _nous
sommes defaillans, et que nous n'avons pas une
seule goutte de vertu digne de louange. Puis
qu'ainsi est donc, non sans cause sainct Paul declare
ici que ceux qui reçoivent l'Esprit de Dieu
par la predication de l'Evangile doivent estre vuides
de toute confiance de leurs mérites et cognoistre
qu'ils tiennent de la pure miséricorde de Dieu
et gratuite tout leur salut. Et pourquoy? ce sont
là choses incompatibles comme l'eaue et le feu, que
nous soyons iustifiez par l'Evangile, et que nous
soyons iustifiez par la Loy. Et comment donc,
l'Evangile est-il contraire à la Loy? nenni (comme
desia il a esté déclaré), car Dieu est autheur de
l'un et de l'autre, et il n'y a point de repugnance
en luy: mais il est question ici de la cause de
nostre salut. Dieu a donné sa Loy aux hommes
pour leur monstrer le moyen de bien vivre: et cependant
il les a voulu amener à telle condamnation
comme s'il leur faisoit un procès criminel, et
qu'il leur mist la hart au col: car à la vérité en
la Loy nous n'appercevons sinon les enfers qui
nous sont ouvers, que Dieu a desia sa vengeance apprestee
à l'encontre de nous, et qu'il est armé
comme nostre ennemi. Voilà ce que nous propose
la Loy.
Or maintenant l'Evangile nous est donné pour
remède, à fin qu'estans ainsi en desespoir nous
ayons nostre refuge à la grace qui nous est offerte
en nostre Seigneur Iesus Christ: et que nous cognoissions
qu'il n'y a autre voye sinon la remission
de nos péchez, par laquelle Dieu abolit toutes nos
offenses, et les efface, tellement qu'elles ne viennent
plus en conte devant luy. Voilà donc en quoy conT
siste nostre Justice, c'est qu'il ne nous impute plus
le mal qui est en nous: et quand nous voyons une
telle intention de Dieu et son conseil, tant en la
Loy qu'en l'Evangile, nous sçavons qu'il n'y a
nulle repugnance. Et cependant toutesfois si nous
ne sommes iustifiez par l'Evangile, comment pourrons-nous
acquérir salut par la Loy? Il est vray
que la Loy est un preparatif pour nous amener à
l'Evangile: car cependant que les hommes sont enflez
d'orgueil, la grace de Dieu n'a point d'entrée
en eux. Si un vaisseau estoit plein de vent, quelque
liqueur qu'on tasche d'y mettre, il n'y entrera
rien, d'autant que le vent empesche et repousse ce
qu'on veut mettre dedans: et nous le pouvons
considérer mesmes au corps humain: car il nous
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