commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

463 SERMONS 464
Voilà, en somme ce que nous avons à retenir sur
ce passage.
Et au reste nous sommes aussi admonestez
quelles sont les vrayes peintures pour nous amener
à Dieu. Les Papistes disent qu'il nous faut avoir
des remembrances pour estre enseignez, et que les
images sont les livres des idiots lesquels ne sont
point capables de plus haute doctrine : mais S. Paul
a-il- ici parlé pour trois ou quatre? C'est en
commun, et sans exception à tous Ohrestiens, à
grans et à petis qu'il dit que quand l'Evangile est
presche, voilà Iosus Christ qui est peint au vif, et
que nous le devons contempler, non point de nos
yeux corporels, mais des yeux spirituels de la foy.
Puis qu'ainsi est, donc apprenons que pour bien
cognoistre ce qui est nécessaire à nostre salut, que
nous n'avons point besoin d'images ne de marmousets
et qu'il ne nous faut point une piece de
bois, une pierre, ou ie ne sçay quel menu fatras
pour dire, voilà une remembrance de Dieu (car il
n'y a en tout cela que vanité et mensonge), mais
que la parole de Dieu nous soit preschee, et que
nous taschions et mettions peine de la nous rendre
si familière, que là nous contemplions Dieu en son
image vive, c'est à sçavoir en la personne de nostre
Seigneur Iesus Christ son Fils unique : comme
aussi S. Paul en parle en la seconde des Corinthiens
4. a 3, là où il proteste que la doctrine qu'il a
portée n'a point eu de voile sinon pour les incrédules,
ceux qui périssent, et que le diable possède,
et qui ont les yeux crevez. Et ne se faut point
esbahir s'ils ne voyent goutte en pleine clarté:
mais cependant la doctrine nous est si patente,
que nous pouvons facilement cognoistre la volonté
de Dieu, car il nous la declare assez familièrement
toutesfois et quantes que l'Evangile nous est presche,
tellement qu'il ne nous faut plus faire de longs
discours ne de grand circuits: il ne nous faut plus
dire, Qui est-ce qui montera pardessus les nues?
qui est-ce qui passera la mer? qui est-ce qui descendra
iusques aux abysmes? Avons nous la parole
de Dieu, voire sa parole purement annoncée? Voilà
Iesus Christ qui est comme au milieu de nous, et
qui se présente comme s'il estoit pendu en la croix,
et qu'il nous rendist tesmoignage de ce qu'il a fait,
quand il a spuffert pour nous reconcilier à Dieu
son Père. Il nous propose donc là comme un gage
assuré et infallible, contentons nous de cela: car il
n'y a nulle excuse après que nous aurons bien
plaidé: tousiours nostre cause sera perdue si nous
n'avons un repos tel en nos consciences, que nous
ayons du tout acquiescé à la parole de Dieu,
laquelle (comme i'ay dit) nous approche tellement
de Dieu, que c'est la vraye union que nous avons
avec luy en la personne de nostre Seigneur Iesus
Christ.
Et de faict, nous voyons comme Dieu condescent
à nostre rudesse et infirmité. Car parle - il
d'un langage si haut et si obscur que nous n'y entendions
rien? mais au contraire il s'abbaisse: et
puis il ne se contente point encores d'avoir parlé,
mais il adiouste les Sacremens avec la parole, qui
sont les vrayes peintures que nous devons avoir,
comme quand nous voyons l'eau au Baptesme, c'est
une peinture qui nous monstre que nous sommes
pleins de pollution et de macule iusques à ce que
nous soyons lavez, et de qui? Il faut que nous
cerchions nostre lavement en haut. Et puis il nous
est monstre qu'il nous faut estre renouveliez par
l'Esprit de Dieu. Voilà donc une bonne peinture.
Et pourquoy? d'autant qu'elle porte la marque de
Dieu, et qu'elle est coniointe avec sa parole. Autant
en est-il de la Cène, quand nous voyons un
morceau de pain et une goutte de vin, et bien,
voilà des creatures dont nous avons accoustumé de
tirer nourriture et substance pour nos corps: mais
cela nous conduit à la vie celeste de nos âmes: et
cognoissons que nous n'avons vie qu'en nostre Seigneur
Iesus Christ. Voilà pourquoy le vin est adiouste
pour monstrer qu'il a une telle vertu en soy
qu'il ne nous y faut point cercher une partie de
ce qui nous défaut, mais il nous sert de bruvage,
et de viande, et de tout. Voilà (di-ie) de bonnes
images que Dieu nous propose: et maintenant si
nous voltigeons encores en l'air, et que nous frétillons
en nos appetis, pour dire, le voudroye bien
avoir plus, c'est desdaigner la grace qui nous est
offerte. D'autant plus donc nous faut-il bien observer
ce passage, quand sainct Paul condamne ici
en la vertu et au nom de Dieu, voire qu'il foudroyé
en la vertu du sainct Esprit contre tous ceux qui
ont esté fidèlement enseignez en l'Evangile, et puis
après s'en destournent et s'en desbauchent.
Or là dessus il adiouste qu'il voudroit bien
qu'on cogneust comment c'est qu'on reçoit le sainot
Esprit. Car s'ils avoyent receu l'Esprit par les
oeuvres de la Loy, S. Paul leur accorderoit qu'il
y auroit là quelque iustice: mais d'autant qu'ils
l'ont receu par l'Evangile, il faut conclurre qu|ils
se doivent bien arrester au tesmoignage que Dieu
leur a donné tout visible. Or pour bien comprendre
ce qu'il a voulu dire ici, notons que l'Esprit
de Dieu est donné en commun à tous fidèles, entant
qu'ils sont régénérez, et faits nouvelles crea-
• tures. Il y a puis après les graces spirituelles que
Dieu distribue selon la mesure et portion que bon
luy semble: toutesfois elles reviennent au salut
commun de l'Eglise. Si nous sommes Chreßtiens
(comme nous le verrons ci après) il faut bien que
nous ayons l'Esprit de Dieu: car il est appelé
l'arre et la signature de cest heritage qui nous est
promis et que nous attendons. Voilà donc l'Esprit