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441 SUR L'EPITRE A.UX GALATES. 442 d'un franc courage, encores que nostre conscience nous redargue, et que nous sçachions qu'il y a beaucoup de peohez en nous. Et pourquoy? car nous ne sommes pas fondez sur nos mérites, mais en la pure miséricorde de Dieu: et par là nous sommes enseignez que Dieu reçoit nos oeuvres, combien qu'il y ait beaucoup à redire, que nous luy sommes agréables encores qu'il y ait beaucoup de vices et de macules en nous. Et voilà pourquoy il dit par son prophète qu'il accepte le service que nous luy rendons, comme un père acceptera le service que luy fait son enfant. Voilà un enfant qui voudra obéir à son père: quand son père luy dira, Pay ceci, le père acceptera cela, combien que l'enfant ne sçache qu'il fait: mesmes que quelquefois il gastera une chose, et toùtesfois le père se contentera d'avoir perdu ce qu'il a perdu, voyant l'affection de son enfant, et qu'il a désir de le servir. Si on prend un homme à loage, on voudra qu'il face sa tasche. Et pourquoy? car il attend son salaire: et aussi on ne veut pas qu'il gaste la besongne qu'on luy aura mise entre mains : et mesmes si elle n'est pas bien faite, on ne s'en contentera pas. Or nostre Seigneur parlant de la grace de l'Evangile, dit qu'il recevra nos services, tout ainsi qu'un père reçoit l'obéissance de son enfant: encores que tout ce qu'il fera ne vaille rien: c'est à dire qu'il n'aura point égard à la perfection qui y sera, car elle ne s'y trouvera nulle : mais il nous supporte par sa bonté. Il se monstre si humain et liberal envers nous que ce que nous ferons, il l'a pour agréable, encores qu'il n'en soit pas digne et qu'il ne le mérite pas. Voilà donc comme nous pouvons avoir un franc courage de servir à Dieu : c'est quand nous sommes asseurez que toutes nos oeuvres sont bénites de luy pource que ce qui y est de macule est nettoyé par le sang de nostre Seigneur Iesus Christ. En somme, d'autant que Dieu se monstre pitoyable envers nous et qu'il use d'une miséricorde inestimable, cognoisson8 que ce n'est point à fin qu'un chacun s'esgaye, qu'il se lasche la bride sur le col, et que nous facions des chevaux eschappez: nenni. Mais tout au contraire c'est à fin que ce glaive de la parole de Dieu nous transperce iusques au coeur, à fin de faire un examen tel que nous soyons vrayement humiliez pour demander pardon à Dieu. Non pas que nous ayons ces scrupules qu'ont les Papistes, qui nous empeschent et retardent de venir à Dieu, pour dire, Et poure creature, que fais-tu? Et que sçais-tu si Dieu t'aime ou non? Que nous n'ayons point cela: mais que nous soyons tous résolus que Dieu nous regarde en pitié, et qu'il accepte nos oeuvres, non pas pour mérites ou dignité qu'il y trouve: mais d'autant que nous sommes conioints à nostre Seigneur Iesus Christ. Nous voyons donques maintenant ce que sainct Paul a voulu dire. Nous voyons aussi que ceste doctrine n'a pas esté pour ce temps là seulement: mais qu'auiourd'huy elle nous est autant utile et nécessaire que iamais, d'autant que les ennemis de Dieu combatent contre l'Evangile et qu'ils desgorgent leurs blasphemes, il faut que nous ayons de quoy leur résister, et non seulement à eux, mais aussi à Satan : lequel de tout temps a eu ceste astuce de faire accroire aux hommes qu'ils pouvoyent vivre en eux mesmes, et par leurs mérites: mais cela n'est sinon pour nous endormir en la mort. Et pourtant cognoissons qu'il vaut beaucoup mieux que nous mourions à la Loy que d'y vivre: c'est à dire que nous cognoissions que si Dieu entroit en conte avec nous, que nous serions tous perdus et damnez: et qu'estans ainsi confus, nous souffrions d'estre crucifiez avec nostre Seigneur Iesus Christ : et quand nous aurons cognu qu'il nous a reconciliez à Dieu son Père, par le sacrifice qu'il a offert, qu'aussi nous souffrions d'estre gouvernez par son sainct Esprit, et qu'il nous renouvelle en telle sorte que vrayement nous vivions à Dieu, estans morts en nous mesmes, pour quitter toute présomption de iustice, et aussi pour batailler contre toutes les cupiditez de nostre chair, et pour nous retirer de oe monde. Or nous DOUS prosternerons devant la maiesté de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes, le priant qu'il nous les face sentir, et que ce soit pour nous retirer des ordures ausquelles nous sommes plongez, et nous conioindre à nostre Seigneur Iesus Christ, en telle sorte qu'il nous attire à Dieu son Père, et que de plus en plus il nous en face approcher, iusques à ce que nous y soyons conioints pleinement. Ainsi nous dirons tous, Dieu tout puissant, Père celeste etc.

443 SERMONS 444 GALATES. Chap. II, T. 20, 21. Nous avons veu ce matin à quelle condition nous sommes offerts en sacrifice à Dieu, quand nostre Seigneur Iesus Christ nous unit à son corps: ce n'est pas pour demeurer en la mort, en laquelle desia nous sommes plongez de nature, mais plustost pour nous faire participans de la vie celeste. Or l'Apostre ayant ainsi parlé, magnifie la grace de Dieu disant, Que ce n'est plus luy qui vit, mais Iesus Christ: autant comme s'il disoit que de nature nous n'avons que malediction en nous. Et ainsi toutice que Dieu nous eslargit de bien, qu'il nous le faut cognoistre et confesser venir de luy, et luy en faire hommage : car la foy apporte tousiours ceste humilité-là que l'homme s'anéantit à fin d'attribuer toute louange à Dieu. Or cependant on trouveroit estrange qu'un homme fidèle se glorifie que Iesus Christ vit en luy, et toutesfois il est mortel. Cependant que nous conversons ici bas, nous Bommes subiets à, beaucoup d'infirmitéz : il semble donc que ce propos soit comme une speculation vaine, que Iesus Christ vive en nous, mais sainct Paul nous ramené à la foy, et dit combien que nostre vie soit corruptible en apparence, et que nous soyons suiets à toutes afflictions de ce monde, tant y a que la foy nous vivifie: tellement que nostre Seigneur Iesus Christ ne laisse pas de nous faire participans de sa vie celeste, et de faict, nous la possédons, puis qu'il ne faut plus amener en avant la condition des fidèles selon qu'on en peut iuger par le sens naturel : mais il nous faut monter plus haut. Car la vie que nostre Seigneur Iesus Christ nous communique est un thresor qui nous est caché, et que nous ne comprenons point sinon par foy, laquelle surmonte tout le monde. Or il nous faut espérer les choses que nous ne voyons point et qui sont cachées, et voilà en quoy Dieu sera honoré, quand nous priserons tellement sa parole et ses promesses, que tout ce que nous verrons au monde ne nous pourra retenir que tousiours nous ne le cerchions, que nous ne tendions à luy et que tout nos sens n'y aspirent. . Or donc en premier lieu, nous avons à recueillir de ce passage que iamais un homme n'a bien profité en l'Evangile, iusques à ce qu'il attribue tout son bien à nostre Seigneur Iesus Christ. Car en nous reservant tant peu que ce soit, desia nous sommes ingrats à Dieu, et sa grace ne peut estre obscurcie par nous que nous n'en soyons desnuez, comme aussi nous en sommes dignes: et en cela void on que tous ceux qui se confient en leurs propres mérites sont tousiours pleins d'orgueil et comme en­ QUATORZIEME SERMON. nemis mortels de la gloire de Dieu. Il est vray qu'ils n'en feront point profession de bouche: mais tant y a que les hypocrites qui pensent estre reputez iustes par leur dignité propre, se revestent des plumes de Dieu: et aussi l'humilité est une vertu principale entre toutes les autres: car qu'estce de tous leurs mérites? Au contraire, quand les fidèles s'humilient, ce n'est pas pour acquérir grace devant Dieu, comme s'ils en estoyent dignes: mais c'est pour confesser à la vérité qu'ils n'ont rien dont ils se puissent vanter, et qu'il faut qu'ils reçoivent tout de la pure libéralité de Dieu. Or c'est pour le moins que nous luy rendions une telle confession, quand il s'est monstre si humain envers nous, et qu'il n'a rien espargné, que nous confessions combien nous sommes tenus à luy. C'est donc ce qui nous est ici monstre par sainct Paul: mais le second article doit estre bien poisé, quand il dit, que nous vivons en la chair, mais c'est par la foy de nostre Seigneur Iesus Christ. Ce mot de vivre en chair, en ce passage signifie autant comme d'estre en ce pèlerinage terrien et passer par ceste vie caduque. Car au 8. chap, des Romains c. 13 quand il parle de vivre en la chair, il entend d'estre adonné à ces cupiditez mauvaises, comme ceux qui n'ont nulle crainte de Dieu, ils se donnent toute licence. Ceux donc qui suyvent leur train comme bestes brutes, ceux là vivent en la chair: mais en ce lieu sainct Paul fait comparaison de ceste vie extérieure à la vie celeste, laquelle nous possédons par foy. Car comment distinguera on entre les fidèles et les incrédules? ils boivent et mangent l'un comme l'autre. Il est vray que les uns boivent et mangent en sobriété : mais on verra des incrédules assez temperans, qui ne seront point adonnez à yvrongnerie ni à excès. Or quoy qu'il en soit, de prime face on iugeroit que ceste vie est commune à tous. Mais encores les fidèles trainent souvent les ailes et ne font que languir en ce monde, et puis la mort est commune et égale à tous: il n'y a donc nulle diversité si on s'amuse à ce qui apparoist: bref on dira que c'est peine perdue que de croire en Iesus Christ. Car nous ne recevons point ici le salaire de nostre foy: et si Dieu nous appelle plus loin, si est-ce que nous avons une vie commune et semblable, puis qu'il nous faut tous venir à la mort. Comment donc est-ce que Iesus Christ vit en nous? car cela est caché. Or Bainct Paul nous rameine à la foy. Maintenant il reste de Bçavoir quelle est la nature de la foy, c'est de contempler les choses incompréhensibles à nostre sens: c'est de quitter ce monde et de cercher le royaume de Dieu: c'est de nous

443 SERMONS 444<br />

GALATES. Chap. II, T. 20, 21.<br />

Nous avons veu ce mat<strong>in</strong> à quelle condition<br />

nous sommes offerts en sacrifice à Dieu, quand<br />

nostre Seigneur Iesus Christ nous unit à son corps:<br />

ce n'est pas pour demeurer en la mort, en laquelle<br />

desia nous sommes plongez de nature, mais plustost<br />

pour nous faire participans de la vie celeste. Or<br />

l'Apostre ayant a<strong>in</strong>si parlé, magnifie la grace de<br />

Dieu disant, Que ce n'est plus luy qui vit, mais<br />

Iesus Christ: autant comme s'<strong>il</strong> disoit que de nature<br />

nous n'avons que malediction en nous. Et a<strong>in</strong>si<br />

toutice que Dieu nous eslargit de bien, qu'<strong>il</strong> nous<br />

le faut cognoistre et confesser venir de luy, et luy<br />

en faire hommage : car la foy apporte tousiours<br />

ceste hum<strong>il</strong>ité-là que l'homme s'anéantit à f<strong>in</strong><br />

d'attribuer toute louange à Dieu. Or cependant on<br />

trouveroit estrange qu'un homme fidèle se glorifie<br />

que Iesus Christ vit en luy, et toutesfois <strong>il</strong> est<br />

mortel. Cependant que nous conversons ici bas,<br />

nous Bommes subiets à, beaucoup d'<strong>in</strong>firmitéz : <strong>il</strong><br />

semble donc que ce propos soit comme une speculation<br />

va<strong>in</strong>e, que Iesus Christ vive en nous, mais<br />

sa<strong>in</strong>ct Paul nous ramené à la foy, et dit combien<br />

que nostre vie soit corruptible en apparence, et que<br />

nous soyons suiets à toutes afflictions de ce monde,<br />

tant y a que la foy nous vivifie: tellement que<br />

nostre Seigneur Iesus Christ ne laisse pas de nous<br />

faire participans de sa vie celeste, et de faict, nous<br />

la possédons, puis qu'<strong>il</strong> ne faut plus amener en<br />

avant la condition des fidèles selon qu'on en peut<br />

iuger par le sens naturel : mais <strong>il</strong> nous faut monter<br />

plus haut. Car la vie que nostre Seigneur Iesus<br />

Christ nous communique est un thresor qui nous<br />

est caché, et que nous ne comprenons po<strong>in</strong>t s<strong>in</strong>on<br />

par foy, laquelle surmonte tout le monde. Or <strong>il</strong><br />

nous faut espérer les choses que nous ne voyons<br />

po<strong>in</strong>t et qui sont cachées, et vo<strong>il</strong>à en quoy Dieu<br />

sera honoré, quand nous priserons tellement sa<br />

parole et ses promesses, que tout ce que nous<br />

verrons au monde ne nous pourra retenir que<br />

tousiours nous ne le cerchions, que nous ne tendions<br />

à luy et que tout nos sens n'y aspirent. .<br />

Or donc en premier lieu, nous avons à recue<strong>il</strong>lir<br />

de ce passage que iamais un homme n'a bien profité<br />

en l'Evang<strong>il</strong>e, iusques à ce qu'<strong>il</strong> attribue tout son<br />

bien à nostre Seigneur Iesus Christ. Car en nous<br />

reservant tant peu que ce soit, desia nous sommes<br />

<strong>in</strong>grats à Dieu, et sa grace ne peut estre obscurcie<br />

par nous que nous n'en soyons desnuez, comme<br />

aussi nous en sommes dignes: et en cela void on<br />

que tous ceux qui se confient en leurs propres mérites<br />

sont tousiours ple<strong>in</strong>s d'orgue<strong>il</strong> et comme en­<br />

QUATORZIEME SERMON.<br />

nemis mortels de la gloire de Dieu. Il est vray<br />

qu'<strong>il</strong>s n'en feront po<strong>in</strong>t profession de bouche: mais<br />

tant y a que les hypocrites qui pensent estre reputez<br />

iustes par leur dignité propre, se revestent<br />

des plumes de Dieu: et aussi l'hum<strong>il</strong>ité est une<br />

vertu pr<strong>in</strong>cipale entre toutes les autres: car qu'estce<br />

de tous leurs mérites? Au contraire, quand les<br />

fidèles s'hum<strong>il</strong>ient, ce n'est pas pour acquérir grace<br />

devant Dieu, comme s'<strong>il</strong>s en estoyent dignes: mais<br />

c'est pour confesser à la vérité qu'<strong>il</strong>s n'ont rien<br />

dont <strong>il</strong>s se puissent vanter, et qu'<strong>il</strong> faut qu'<strong>il</strong>s reçoivent<br />

tout de la pure libéralité de Dieu. Or<br />

c'est pour le mo<strong>in</strong>s que nous luy rendions une<br />

telle confession, quand <strong>il</strong> s'est monstre si huma<strong>in</strong><br />

envers nous, et qu'<strong>il</strong> n'a rien espargné, que nous<br />

confessions combien nous sommes tenus à luy.<br />

C'est donc ce qui nous est ici monstre par<br />

sa<strong>in</strong>ct Paul: mais le second article doit estre bien<br />

poisé, quand <strong>il</strong> dit, que nous vivons en la chair, mais<br />

c'est par la foy de nostre Seigneur Iesus Christ. Ce<br />

mot de vivre en chair, en ce passage signifie autant<br />

comme d'estre en ce pèler<strong>in</strong>age terrien et passer<br />

par ceste vie c<strong>ad</strong>uque. Car au 8. chap, des Roma<strong>in</strong>s<br />

c. 13 quand <strong>il</strong> parle de vivre en la chair, <strong>il</strong> entend<br />

d'estre <strong>ad</strong>onné à ces cupiditez mauvaises, comme<br />

ceux qui n'ont nulle cra<strong>in</strong>te de Dieu, <strong>il</strong>s se donnent<br />

toute licence. Ceux donc qui suyvent leur tra<strong>in</strong><br />

comme bestes brutes, ceux là vivent en la chair:<br />

mais en ce lieu sa<strong>in</strong>ct Paul fait comparaison de<br />

ceste vie extérieure à la vie celeste, laquelle nous<br />

possédons par foy. Car comment dist<strong>in</strong>guera on<br />

entre les fidèles et les <strong>in</strong>crédules? <strong>il</strong>s boivent et<br />

mangent l'un comme l'autre. Il est vray que les<br />

uns boivent et mangent en sobriété : mais on verra<br />

des <strong>in</strong>crédules assez temperans, qui ne seront po<strong>in</strong>t<br />

<strong>ad</strong>onnez à yvrongnerie ni à excès. Or quoy qu'<strong>il</strong><br />

en soit, de prime face on iugeroit que ceste vie est<br />

commune à tous. Mais encores les fidèles tra<strong>in</strong>ent<br />

souvent les a<strong>il</strong>es et ne font que languir en ce<br />

monde, et puis la mort est commune et égale à<br />

tous: <strong>il</strong> n'y a donc nulle diversité si on s'amuse à<br />

ce qui apparoist: bref on dira que c'est pe<strong>in</strong>e<br />

perdue que de croire en Iesus Christ. Car nous ne<br />

recevons po<strong>in</strong>t ici le salaire de nostre foy: et si<br />

Dieu nous appelle plus lo<strong>in</strong>, si est-ce que nous<br />

avons une vie commune et semblable, puis qu'<strong>il</strong><br />

nous faut tous venir à la mort. Comment donc<br />

est-ce que Iesus Christ vit en nous? car cela est<br />

caché. Or Ba<strong>in</strong>ct Paul nous rame<strong>in</strong>e à la foy.<br />

Ma<strong>in</strong>tenant <strong>il</strong> reste de Bçavoir quelle est la nature<br />

de la foy, c'est de contempler les choses <strong>in</strong>compréhensibles<br />

à nostre sens: c'est de quitter ce monde<br />

et de cercher le royaume de Dieu: c'est de nous

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